SÉDUCTION FATALE (London Fields) de Matthew Cullen (2018)

SÉDUCTION FATALE

Titre original : London Fields
2018 – Etats Unis / Angleterre
Genre : Policier
Durée : 1h58
Réalisation : Matthew Cullen
Musique : Toydrum, Benson Taylor et Adam Barber
Scénario : Roberta Hanley et Martin Amis d’après son roman
Avec Amber Heard, Billy Bob Thornton, Jim Sturgess, Theo James, Jason Isaacs, Cara Delevingne et Johnny Depp

Synopsis : Une voyante, Nicola Six, entame une relation avec trois hommes différents dont un, pense-t-elle en se fiant à ses prémonitions, sera son meurtrier…

Il y a des films, ça ne sent pas bon dés le départ. Et pourtant, j’adore les films noirs, et j’adore les films avec des femmes fatales. London Fields, renommé lors de sa sortie directement en VOD en France en 2019 par Séduction Fatale, est un de ces films. Un film qui sur le papier a tous les atouts pour me plaire, mais qui a une production ultra difficile et se plante en beauté. Le pire étant qu’arrivé au bout de l’aventure, il n’y a pas grand-chose à dire de ce London Fields, et que sa production est finalement bien plus intéressante que le film lui-même. Au départ, London Fields est un roman de Martin Amis, publié en 1989. Dés le début des années 2000, une tentative d’adaptation est lancée, Amis écrivant lui-même l’adaptation, et c’est David Cronenberg qui doit s’y coller. Sauf que finalement, Cronenberg quitte le navire pour renouveler sa carrière avec A History of Violence. Plusieurs réalisateurs se succèdent, mais rien ne bouge, jusqu’à l’arrivée de Matthew Cullen, réalisateur de clips, et le film est tourné en 2013, pour une sortie en 2015. 12 années de gestation, un tournage rapide, et voilà le film prêt pour le festival de Toronto en 2015. Sauf que peu de temps avant la diffusion, le drame survint. Matthew Cullen poursuit les productions en justice. La raison. Le film aurait été remonté, des images ajoutées, et le réalisateur ne veut pas son nom sur un film qu’il ne supporte pas. Mais ça ne s’arrête pas là, puisque Amber Heard, l’actrice principale, poursuit également les productions pour non respect de sa clause de non nudité par contrat. Mais à peine un an après, ce sont les producteurs qui trainent le réalisateur et Amber Heard en justice, clamant que le réalisateur n’a pas respecté les délais, les règles de la guilde, a dépassé le budget de 2 millions, et que Heard et le réalisateur auraient changés le script sans autorisation et n’auraient même pas terminés l’enregistrement des voix of. Les années passent, et une fois ce merdier juridique arrangé, London Fields peut sortir au cinéma en Octobre 2018, 5 ans après son tournage. De l’eau a coulée sous les ponts depuis. Personne n’attend le film, Heard n’est plus en couple avec Johnny Depp qui a un rôle non crédité dans le métrage, et le film est un ratage total. Un flop financier et critique. Un des plus gros flops financiers existants en réalité. Et pour ne pas aider, le film sort dans deux versions, la version des producteurs, et la version du réalisateur. Au total, 613 écrans en Amérique pour le film. Résultat du weekend d’ouverture ? 261 dollars récoltés par écran, pour un total de 168 515 dollars. Le second plus gros échec en weekend d’ouverture… de tous les temps.

Ah ça, je vous avais prévenu que c’était un gros merdier. Et du coup, le film en lui-même ? Le risque avec les premiers métrages de réalisateurs venant du monde du clip, c’est que cela peut à la fois révéler un auteur (David Fincher ?), que démontrer que le monde du clip et du cinéma sont trop différents (Marcus Nispel ?). Et il y a aussi le juste milieu, celui des bonnes intentions mais qui se plantent légèrement, pour un résultat bancal mais attachant. London Fields est malheureusement dans la catégorie des ratages, à tous les niveaux. Mise en scène, casting, scénario, rien ne semble aller. On suit donc un écrivain, qui après 20 ans de blocage, arrive à Londres alors qu’il est malade, en phase terminale. Il rencontre Nicola Six, femme fatale, voyante qui sait que la nuit de son anniversaire, elle va mourir. Ensembles, ils vont devoir découvrir qui est l’assassin, permettant ainsi à notre brave écrivain de reprendre la plume. Un pitch comme ça, c’est du tout bon. Sauf que personne ne semble savoir quoi en faire. Tout avance lentement, peu de choses sont crédibles, et on ne parlera même pas du final et de ses twists, qui n’ont au final absolument aucun sens. Ou alors je me suis endormi sur une des révélations du métrage. Niveau scénario, c’est très décevant, entre des combats de fléchettes peu palpitants, Amber Heard qui drague et se fait tout le monde, et on avance péniblement jusqu’au dénouement. Niveau mise en scène, ce n’est quasiment pas mieux. Enfin si, mais ça ne fonctionne pas. En fait, Matthew Cullen travaille l’image, là on sent clairement son passé de réalisateur de clips. Les plans sont beaux, la photographie agréable à l’œil, mais ça manque de substance, d’âme en quelque sorte. Un film lisse qui finalement ne fait jamais de choix, se contentant de filmer très proprement ce que le scénario lui indique.

Aucun éclair de génie, moment un tant soit peu original, aucune tension créée par la mise en scène. Triste. Bien que joli à l’œil. Mais bon, qu’en est-il des personnages et les acteurs ? Car nous sommes d’accord, dans un film parlant de meurtres, de manipulations, de séduction, les personnages sont importants, et il faut donc de bons acteurs. Et bien fuyez encore une fois, pour la plupart. Billy Bob Thornton semble faire le minimum syndical dans le rôle de l’écrivain passif qui épie parfois tout contre son gré, Jim Sturgess joue un joueur de fléchette alcoolique et violent qui passe son temps à crier et à ouvrir grand la bouche jusqu’à en perdre toute crédibilité, Theo James est… et bien, Theo James, aucun charisme, aucune crédibilité lorsque son personnage doit s’énerver. Et il y a Johnny Depp dans un rôle non crédité, qui lui aussi en fait des tonnes. Oui je sais, je garde le meilleur pour la fin. Et donc il y a Amber Heard dans le rôle titre. Absolument sublime dans tous les plans, parfaitement mise en valeur pour bien nous faire comprendre son rôle de séductrice et passant son temps dans des tenues variées et souvent très courtes et légères, elle iradie l’écran. Dommage que ce qu’on lui demande de jouer n’est pas des plus passionnant, ou crédible. Une femme qui sait qu’elle va mourir, et décide de découvrir l’assassin en séduisant les trois potentiels candidats, et en passant son temps à les énerver et à leur faire des coups de p***, voilà qui est très intelligent non ? Pourquoi elle ne prend pas l’avion pour quitter le pays ? Ça ne servirait à rien qu’elle nous dit. Je ne suis pas si sûr comparé à elle, mais bon, elle semble savoir de quoi elle parle. Au moins, Amber Heard est un plaisir pour les yeux sous tous les angles, déjà ça. Mais comparé à l’ennui du métrage, c’est bien cher payé. Et non, c’est un hasard total si j’ai vu le métrage alors que la polémique entre Amber Heard et Johnny Depp est à son comble en ce moment.

Les plus

De jolis plans
Amber Heard est sublime

Les moins

Pas très intéressant
Peu crédible
Des acteurs qui en font des tonnes
Beau mais vide

En bref : London Fields partait mal, et oui, au final ce n’est pas bon. Acteurs peu concernés ou qui en font des tonnes, scénario qui n’a pas franchement de sens, rythme mollasson. Reste Amber Heard, radieuse à l’écran.

4 réflexions sur « SÉDUCTION FATALE (London Fields) de Matthew Cullen (2018) »

  1. J’adore ces histoires de films maudits ! Je n’en avais pas du tout entendu parler.
    Il faut apprendre à se méfier de(s films avec) Amber Heard. Cette fi’le est un piège.
    Sur ce, je vais me refaire un petit Broken Flowers… 😉

    1. Là j’ai pu me faire plaisir à développer l’histoire maudite, vu qu’ensuite il n’y a plus grand-chose à dire sur le film en question 😉
      C’est vrai que dans sa carrière, je n’ai au final pas aimé grand-chose !
      Broken Flowers, du tout bon ça !

    1. Plus qu’à faire une suite et virer le mot Séduction à ce rythme là. Car même si je me fou un peu de l’affaire, dur de passer à côté, google me propose toujours des liens sur ça vu que la plupart de mes recherches concernent le cinéma.

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