PHASE IV de Saul Bass (1974)

PHASE IV

Titre original : Phase IV
1974 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h24
Réalisation : Saul Bass
Musique : Brian Gascoigne
Scénario : Mayo Simon
Avec Nigel Davenport, Michael Murphy, Lynne Frederick, Alan Gifford et Robert Henderson

Synopsis : Ernest D. Hubbs, scientifique issu d’une grande université, découvre que le cosmos influence certaines espèces de fourmis, en Arizona Celles-ci s’unissent, éliminent leurs prédateurs et construisent des structures inhabituelles. Elles semblent douées d’intelligence et de stratégie. Hubbs s’associe avec son collègue James Lesko pour en faire une étude plus poussée. Ils font évacuer la région, construisent un laboratoire de pointe et commencent à étudier le comportement des fourmis.

Phase IV, comme beaucoup, fut un flop à sa sortie avant de devenir un film culte avec les années. Mais flop oblige, il fut le seul long métrage de Saul Bass, bien connu des cinéphiles pour être un créateur d’affiches, de logos et de génériques. On lui doit une tripotée de génériques marquants. Des exemples ? Il aura travaillé notamment pour Hitchcock sur ses plus grands films (La Mort Aux Trousses, Psychose, Sueurs Froides), pour Stanley Kubrick (Spartacus), Robert Wise (West Side Story), et après une pause durant les années 70 et 80, il aura notamment travaillé pour Martin Scorsese sur Les Affranchis, Les Nerfs à Vif ou encore Casino. Autant dire que dans le milieu, il n’a rien à prouver. En 1974, après trois courts métrages signés dans les années 60, on lui propose l’aventure du long métrage, un film d’attaques animales. Un genre particulier, qui à l’époque, n’avait pas encore la même connotation négative qu’aujourd’hui. Ainsi naitra Phase IV, dans la douleur certes et avec pas mal de changements. Car si Saul Bass a pu tourner comme il le voulait le film, Linda Blair était au départ prévue au casting par le réalisateur et les producteurs, mais la jeune femme coutant trop cher et le budget étant très limitée, c’est l’acteur Nigel Davenport qui conseilla au réalisateur Lynne Frederick, avec qui il avait tourné en 1970 sur Terre Brûlée. La jeune femme, star montante du cinéma d’origine Anglaise, n’en était pas à son premier ni dernier essai dans le cinéma dit de genre, puisqu’elle avait tourné deux ans plus tôt dans Vampire Circus, et tournera dans Les Quatre de l’Apocalypse en 1975 et Schizo en 1976. Tout se déroule bien, mais le studio viendra interférer avec le réalisateur durant la post production, demandant même le tournage d’une nouvelle fin. Au final, le film fit un flop à sa sortie, scellant le futur de Saul Bass comme réalisateur. Alors pourquoi Phase IV est devenu culte ? Pourquoi a-t-il fait un flop à sa sortie ?

On peut facilement imaginer que les attentes du public envers un film d’agressions animales étaient bien différentes du résultat à l’image, Phase IV tenant bien plus du gros film expérimental qui n’a que très peu recours à des effets spéciaux classiques. Et ironiquement, c’est ce qui fait la force du métrage, et ce qui le rend par moment terrifiant. Sur le papier, le concept est simple, des fourmis deviennent intelligentes, se mettent à communiquer entre elles, à devenir meurtrières. Des fourmis, personne n’en a peur. De base. Car après avoir vu Phase IV, je ferais attention où je met les pieds, de peur d’écraser une pauvre fourmi et que sa famille ne vienne me faire la peau pour se venger. Car après quelques images et une voix off venant nous expliquer le concept de l’histoire grosso modo, nous voilà dans le vif du sujet. Saul Bass a fait le choix de filmer de vraies fourmis, et de les filmer avec un vrai regard de metteur en scène. Et on peut le dire, par moment, elles font tout simplement flipper et une ambiance vraiment particulière s’invite dans le métrage. Oui, Phase IV est un métrage d’ambiance, qui prend son temps, et qui en soit, n’a pas beaucoup d’effets spéciaux, les fourmis que l’on voit à l’écran étant de vraies fourmis. Et c’est là toute la magie du métrage. Voir les créatures, communiquant entre elles, parquées sous terre, par milliers, le tout filmé de près, en contre plongée, avec des sons assourdissants, ça fonctionne, ça donne l’effet voulu. Après tout, le film s’ouvre quasiment sur cinq minutes d’images de fourmis, et on est scotchés. La suite se fait, dans les faits seulement, plus classiques, puisque l’on nous présente deux scientifiques qui arrivent en Arizona, installent leur base, et se mettent à faire des tests afin de comprendre ce qu’il se passe, pourquoi un tel comportement, comment les fourmis peuvent-elles être si intelligentes et agir de la sorte.

Saul Bass pourtant ne va pas virer au classique film d’attaques animales, et tenter de rester le plus réaliste possible, au sein de son concept, pour rendre le métrage plausible. Les humains tentent une expérience, qui leur permet d’avancer, au détriment des fourmis, qui répliquent, rendant la situation plus difficile pour les humains, et ainsi de suite. Une espèce de bataille à petite échelle entre trois humains (les deux scientifiques et Lynne Frederick, la jeune fille survivante d’un couple qui n’a pas eu de chance) et une armée de fourmis bien déterminée à être l’espèce dominante, à être celle qui aura le dernier mot. Le film ne plonge jamais dans des explications abusives, ou même sur une avalanche d’explications, préférant miser tout sur son ambiance, et sur la tension montante, au fur et à mesure que la situation se fait désespérée et perdue d’avance pour nos personnages. Le final, bien qu’apparemment beaucoup moins sombre que la fin originale de Bass (que je vais pouvoir découvrir, le film sortant avec la fin originale en Avril chez nous, à vos portefeuille donc !), reste plutôt ambigu, et ne dénote pas franchement avec le reste de l’œuvre, continuant de nous abreuver d’images expérimentales inoubliables. Les années 70 étaient de toute façon des années propices à pas mal d’expérimentations, et Phase IV est clairement le produit de son époque. Encore aujourd’hui, le film en inspire beaucoup, Panos Cosmatos ayant avoué en interview que Phase IV fut une grande inspiration pour son Beyond the Black Rainbow, en terme d’ambiance et de rythme. Pas étonnant que j’adore les deux donc !

Les plus

Une ambiance unique
Les fourmis sont clairement flippantes
Visuellement somptueux et original
Un propos plutôt perturbant

Les moins

Déception pour les amateurs du genre annoncé

En bref : Phase IV est une expérimentation comme les années 70 nous en offraient par dizaines. Hypnotisant et sublime, Saul Bass livre un film unique et assez flippant.

4 réflexions sur « PHASE IV de Saul Bass (1974) »

  1. Film mythique et introuvable ! J’ai une furieuse envie de le voir depuis si longtemps, et là, d’un coup, tu relances mon désir d’entrer dans la Phase IV (alors que nous ne sommes qu’en phase 2 😉).
    J’en ai des fourmis dans les yeux.
    Mais visiblement, avril nous prépare à une bonne nouvelle ?…

    1. Et oui en Avril débarque enfin chez nous ce Phase IV dans deux éditions différentes. Plus aucune excuse donc ! Sauf si d’ici là nous sommes en Phase 4 également haha 😉

        1. Oui toutes ces éditions sont belles, mais coutent 50 euros. Donnie Darko, Body Double et tant d’autres ! À chaque sortie, je me demande si je prend le collector ou l’édition simple.

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