LES QUATRE DE L’APOCALYPSE (I Quattro dell’Apocalisse) de Lucio Fulci (1975)

LES QUATRE DE L’APOCALYPSE

Titre original : I Quattro dell’Apocalisse
1975 – Italie
Genre : Western
Durée : 1h45
Réalisation : Lucio Fulci
Musique : Franco Bixio, Fabio Frizzi et Vince Tempera
Scénario : Ennio De Concini et Lucio Fulci d’après Bret Harte
Avec Fabio Testi, Lynne Frederick, Michael J. Pollard, Harry Baird, Adolfo Lastretti et Tomas Milian

Synopsis : Dans une petite ville puritaine devenue le repaire du vice et de la violence, les habitants, avec la complicité du shérif, purgent la cité au cours d’un massacre sans pitié. Seuls un joueur professionnel, une prostituée, un ivrogne et un noir dialoguant avec les morts survivent, mais le pire est peut-être encore devant eux…

Les Quatre de l’Apocalypse de Lucio Fulci, des années que je voulais le voir. Il aura fallut attendre 2020 et la découverte d’une version non censurée en HD pour que cela soit possible. Ironiquement, la découverte du titre ce sera fait peu de temps après une autre grande découverte, celle de Phase IV. Point commun ? L’actrice Lynne Frederick, star montante des années 70 à la vie mouvementée qui malheureusement périt de cause naturelle en 1994, à 39 ans, après avoir quitté le monde du cinéma à la fin des années 70, pour des raisons plus que complexes, mais passons, je ne suis pas là pour parler de sa vie privée. Surtout que oui, la dame, elle en a du talent. Les Quatre de l’Apocalypse donc est la seconde incursion de Lucio Fulci dans le monde du western, et sans doute sa plus connue, même si celle qui divise le plus, pour des raisons plus qu’évidentes. Beaucoup vous diront pour ses scènes de violence, très prononcées et rares dans le genre, qui annoncent clairement la suite de la carrière de Fulci quelques années plus tard. Alors oui, il y a un peu de ça, d’ailleurs le film fut plus que censuré à sa sortie. Lors de sa sortie en France en 1983 (oui, on a eu du retard), le film ne durait que 1h20, contre 1h44 pour sa version Italienne intégrale. En Amérique aussi il fut censuré, ne durant que 1h27. La violence est souvent radicale ici, avec même une scène de torture très visuelle, du cannibalisme, une scène de drogue se finissant par, oui, un viol, et les fusillades ne font pas dans la dentelle, avec des giclées de sang XXL et des impacts de balles sans doute un peu abusés, mais pour le coup, plus réaliste que dans d’autres films. Mais pour moi, ce n’est clairement pas sa grande violence qui fait du métrage un film à part. Mais plutôt, en réalité, tout ce qui l’entoure, tout le reste.

Les Quatre de l’Apocalypse est clairement annonciateur de la suite de la carrière de Lucio Fulci, et un western à part par ses très nombreux choix, dans sa direction artistique mais également dans son écriture. Le scénario, au départ signé Ennio De Concini, n’était pas très apprécié par Fulci, qui prit sur lui, et réécrit le film intégralement sans être crédité. Et cela s’en ressent, tant dans le fond, son western ressemble plus à un voyage, une expérience où la narration importe peu, mais c’est plutôt là où les personnages vont (un voyage en enfer ?) qui importe. Le film n’est en soit pas vraiment narratif, et si on le prend comme un film classique, l’on pourra être déçu par de nombreux aspects, par quelques facilités et j’en passe. Ce n’est clairement pas un western traditionnel, même dans ses grandes lignes, puisque l’on n’aura pas de pistolero ici, ni de hors la loi redoutable qui fait parler la poudre, ni franchement de force de l’ordre. Nous suivons un groupe de 4 personnages, un arnaqueur, enfin, joueur professionnel (dont on brûle cash les cartes en introduction du film avant de le mettre en prison, voilà, tout est dit), une prostituée (la sublime Lynne Frederick), un ivrogne et un noir un peu étrange, et qui paraît souvent un peu attardé, peu importe que l’on ai affaire au doublage français (oui, j’ai tenté le doublage français, avant de partir rapidement dans une autre langue) ou au doublage anglais (un peu plus naturel, mais avec de gros soucis de synchronisation labiale). Survivant à l’assaut plutôt radicale de la ville au début, ils sont envoyés hors de là par le shérif, sans vivres ni rien. Leur but sera donc de traverser une vaste étendue et de survivre pour rejoindre un nouveau lieu civilisé et, ben, refaire leur vie, repartir d’un bon pied. On a dans les faits bien plus affaire là à un road movie se basant avant tout sur les personnages qu’à un western.

L’époque fait plus office de base temporelle, d’époque pour encrer le récit, que du genre à proprement parlé. L’irruption un peu plus tard au sein du groupe de Chaco (énorme et flippant Tomas Milian) vient un peu tout bouleverser, par la radicalité du personnage. Il amènera son lot de scènes morbides, et violentes, parfois visuellement, mais parfois moralement. Un personnage marquant, malgré finalement sa présence assez limitée dans le film, qui se focalise bien sur les 4 principaux de l’aventure, et leur voyage. Plus tardivement dans le film, la traversée de quelques lieux désertiques, qui paraissent parfois hantés, habités par la mort, montre bien la direction assez morbide et les obsessions qui exploseront quelques films plus tard dans la carrière de Fulci. Et le western donc dans tout ça ? Oh, il y en a bien quelques fois. Des bribes. L’ouverture notamment, avec l’arrivée dans cette petite ville, puis avec la règlement de compte violent et expéditif à coup de fusils et de pendaisons, c’est du pur western spaghetti, en plus violent. Et il y a bien, dans un sens, une vengeance, bien qu’arrivant assez tardivement, mais là encore, Fulci ne fait pas comme tout le monde, son personnage principal, joué par Fabio Testi, est loin d’être un pistolero ou un hors la loi classique, et même sa manière de tenir une arme est bien loin des clichés habituels. Oui, il tiendra son arme à deux mains, comme s’il tirait pour la première fois. Ce qui ne retirera rien de sa détermination, c’est à souligner. Et donc, à la violence de ses actes, et au côté amer de toute la dernière partie du métrage (bien qu’imparfait, quelques longueurs pointent le bout de leur nez sur la fin). Les Quatre de l’Apocalypse est clairement un film à part, plus un voyage assez psychédélique qu’un vrai western, et en cela, il est plutôt rafraichissant, mais ne plaira clairement pas à tout le monde.

Les plus

Un western différent
Les acteurs principaux
Chaco, un personnage marquant
La musique
Des moments violents et morbides

Les moins

Quelques petites longueurs
Son côté différent va en déstabiliser plus d’un

En bref : Les Quatre de l’Apocalypse est presque un faux western, en se focalisant sur le voyage de ses quatre personnages principaux. Il fait plus office de voyage spirituel et souvent sombre, tout en contenant les éternels thèmes de la vengeance et de la rédemption.

6 réflexions sur « LES QUATRE DE L’APOCALYPSE (I Quattro dell’Apocalisse) de Lucio Fulci (1975) »

  1. Hehe heureux de voir qu’il t’as plu .
    Découvert il y a 15 ans avec le dvd wild side. (A priori version intégrale vu sa durée)

    Comme tu le dis , on est plus proche du road trip psychédélique que du western classique , le tout avec les obsessions macabres mais poétiques de Fulci.(où bien est ce cette photographie toute cotonneuse particulière à Fulci qui rend un côté onirique au film ?)
    Une ambiance terrible , des acteurs qui font le taf , en tous cas meilleurs que sur les Fulci postérieurs (Tomas Milian une fois de plus bouffe l’écran , avec la Rançon de la peur , un des ses rôles que je préfère) , une réalisation qui colle parfaitement au film et un scénario qui sort des sentiers battus ! (Normal pour un road movie)

    Bref je me range clairement du côté des fans.

    1. J’étais passé à côté du dvd à l’époque, puis j’avais limite oublié le film, puis après je le trouvais toujours trop cher. Justice a enfin été rendue ! Il s’agît bien de la version intégrale, de 1h44.
      Limite, ce n’est pas franchement un western, à une ou deux scènes près. Le carnage dans la ville au début, et la scène finale, même si encore une fois, on est loin de l’image habituelle du pistolero vengeur pour le coup. C’est ça qui rend le film différent, attachant, et finalement prenant, car on ne sait pas franchement à quoi s’attendre. Les acteurs sont énormes, même si le doublage (j’ai testé 20 minutes la VF à cause de Chery, puis je suis passé à la version Anglaise) rend le truc parfois un peu théâtral. Puis bon, Lynne Frederick ! J’ai un faible pour les actrices Anglaises des années 70 je crois (je suis fan de Pamela Franklin, qui joue dans La Maison des Damnés et And Soon the Darkness).

  2. Sur ma liste à voir absolument !
    Ce que tu décris, cette ambiance cauchemardesque me renvoie aux images du récent « Never grow old » avec un impitoyable John Cusack.

    1. Celui là je te le recommande chaudement, même si c’est très éloigné de tous les archétypes du western classique. C’est à part, un peu comme Bone Tomahawk qui dévie vers le film d’horreur.
      Ah, je le connaissais pas ce Never Grow Old, mais savoir John Cusack dans un bon film (acteur que j’adore mais à la carrière….discutable), ça me donne envie de me pencher dessus !

        1. Ooooh encore mieux, merci j’essaye de me faire ça très prochainement, profiter que je suis toujours à fond dans l’ambiance western !
          Malheureusement les westerns de nos jours, ça n’a plus la cote… Ça passe souvent inaperçu même sauf si sortie cinéma avec de grands noms.

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