UNIVERSAL SOLDIER de Roland Emmerich (1992)

UNIVERSAL SOLDIER

Titre original : Universal Soldier
1992 – Etats Unis
Genre : Action
Durée : 1h42
Réalisation : Roland Emmerich
Musique : Christopher Franke
Scénario : Richard Rothstein, Christopher Leitch et Dean Devlin

Avec Jean-Claude Van Damme, Dolph Lundgren, Ally Walker, Ed O’Ross, Jerry Orbach, Leon Rippy, Ralph Moeller et Robert Trebor

Synopsis : En 1969, durant la guerre du Viêt Nam, deux soldats américains, Luc Deveraux et Andrew Scott, s’entretuent après que le second a massacré des civils vietnamiens. Près de vingt-cinq ans plus tard, ils deviennent, comme d’autres soldats tués, des UNIversal-SOLdiers : il s’agit de cadavres de soldats ramenés à la vie, qui se montrent considérablement plus forts et résistants que n’importe qui et ne ressentent aucune émotion. Veronica, une journaliste, décide d’enquêter sur ces soldats. Celle-ci étant prise pour une menace, le colonel Perry et les scientifiques du projet ordonnent aux UNI-SOL de l’éliminer, mais l’un d’eux qui s’avère être Deveraux, est resté humain et décide de la défendre. Avec l’aide de Veronica, il entreprend également de connaître son passé ; Scott, quant à lui a perdu la raison, il tue les membres du projet et décide de les traquer avec l’aide des autres soldats universels.

En 1992, lorsque l’on regardait Universal Soldier à sa sortie en salles, ce n’était pas pour voir le nouveau film pyrotechnique de Roland Emmerich, mais bien pour voir le nouveau film avec Jean-Claude Van Damme et Dolph Lundgren. Le premier, malgré un jeu d’acteur dirons nous limité, montait depuis la fin des années 80, avec des films sympathiques comme Bloodsport, Kickboxer ou encore Coups pour Coups (et des films moins bons comme Cyborg). Le second, et bien c’est un peu la même chose, avec Rocky IV, Dark Angel ou encore Dans les Griffes du Dragon Rouge, mais également des ratages comme Les Maîtres de l’Univers. Le premier est habitué à jouer les héros, le second à jouer les méchants ou les anti héros. Universal Soldier, scénario couteux qui trainait dans les cartons sous le nom de Crystal Knights (la classe) depuis des années ne va pas venir changer la donne. Roland Emmerich, à l’époque, n’était pas encore connu. Il n’avait d’ailleurs pas réalisé grand-chose, mais touchait déjà à la science fiction dans son Allemagne natale. Son premier métrage en 1984, c’est Le Prince de l’Arche de Noé, de la science fiction à petit budget, puis il enchaine avec Joey en 1985 (un film plus léger) et Hollywood Chase en 1987, coproduction avec les Etats Unis. Même lorsqu’il se fait un peu remarquer en 1990 en signant Moon 44, il reste dans la science fiction, avec un petit budget, avec une production Allemande (et tourne avec Michael Paré, Brian Thompson et Malcolm McDowell). C’est là qu’il se fait remarquer par Mario Kassar qui l’invite en Amérique pour réaliser un autre film de science fiction. Mais tout ne se passe pas comme prévu, Emmerich quitte le projet avec son scénariste Dean Devlin (qu’il rencontre sur Moon 44, où il l’embaucha comme acteur). Il rebondit vite, puisqu’il est aussitôt embauché pour remplacer Andrew Davis (Sale Temps pour un Flic, Nico et Piège en Haute Mer pour Steven Seagal, Le Fugitif) sur Universal Soldier, qui se tourne à la fin de l’été 1991 pour une présentation au festival de Cannes 1992. Les critiques ne sont pas tendres envers le film, qui récolte malgré tout 36 millions (contre un budget de seulement 23 millions), et deviendra culte avec les années, amenant des suites très différentes de ce film.

Bon, soyons clair dés le départ, comme tout film de Roland Emmerich, Universal Soldier n’est pas un grand film, mais a un fort potentiel sympathie, nostalgie ou non, de par sa générosité, sa violence par moment, son casting bien entendu, mais également par les débuts peu subtils mais encore plutôt humble de Roland Emmerich. Un film qui attire la sympathie même dans ses ratages, comme cette scène d’ouverture de nuit, sous la pluie, dans un village Vietnamien de studio avec cette fameuse végétation projecteur (il faut bien éclairer le plateau hein, après tout la scène fut tournée sur un terrain de golf si j’en crois la légende) où on est dans le ton immédiatement, avec un Van Damme et son accent Belge qui tente de jouer (contrairement à la suite de l’aventure, où il n’aura que deux expressions), et un Lundgren totalement habité et qui pète un câble en tuant tout le monde, même l’armée Américaine, et décide de se faire des colliers avec les oreilles de ses victimes. Un film subtil qui fait dans la dentelle. Forcément, face à un tel dérapage, ça tourne au vinaigre, et les deux hommes s’entre-tuent. Fin, voilà. Ah non, le film reprend de nos jours, enfin en 1992, 19 ans après les événements de la scène d’ouverture. Le gouvernement a lancé, bien entendu illégalement, un projet top secret où ils se servent d’une technologie pour ramener à la vie des soldats décédés à la guerre et les contrôler afin d’accomplir des missions dangereuses. Obéissant, ne ressentant pas la douleur, et surtout pouvant se régénérer à condition qu’ils refroidissent souvent leur corps, voilà donc les fameux Universal Soldier, et forcément, nos deux soldats sont dans le programme. Forcément, ça tourne mal, car que serait un projet top secret et pas très moral Américain si ça fonctionnait parfaitement ? La psychologie et les derniers instants de leur vie reviennent hanter nos deux soldats, et Jean-Claude prend la fuite en sauvant une journaliste en mauvaise position, et on lance les autres soldats, dont le fameux Dolph qui a un compte à régler, à leur poursuite.

À partir de là, le film se transforme en gigantesque course poursuite, avec les moyens de bord (22 millions de budget on rappelle), qui tient plutôt bien la route, entre rythme, moments bien violents (Lundgren pète souvent les plombs), moments assez ridicules (Van Damme à poil dans un motel qui doit recharger ses batteries), mais qui fait sourire et qui a ce pouvoir de divertir avec simplicité, sans tenter d’en faire trop (ce qui sera bien souvent le défaut de Roland Emmerich par la suite). Ici, il se contente de livrer un film d’action rentre-dedans assez simpliste une fois son concept exposé, et pas plus. On peut regretter qu’apparemment, le ton ai été adoucit, à la fois comparé au scénario original (qui était très critique envers l’armée) et comparé au premier montage (la fin alternative présente sur le DVD montre un final tout aussi violent, mais au ton bien plus sombre). Mais il y a clairement quelque chose d’attachant dans le spectacle assez insouciant que nous propose le réalisateur Allemand. Ce n’est pas encore totalement pyrotechnique, ça ne se prend pas totalement au sérieux comme le prouve la scène du Dinner où Van Damme peut se lâcher et faire du Van Damme à coup de coups de pieds retournés dans la face. Et puis il y a Dolph Lundgren qui vole le show et semble s’amuser comme un gamin alors qu’au départ, il en avait marre de jouer les méchants et avait auditionné pour le rôle du héros. Il est over the top, tout le temps, même quand il nous sort un rire de grand méchant, qu’il doit tuer des innocents, ou en pleine course poursuite en lançant des grenades comme un petit enfant. Ce côté over the top, au sein d’un film qui ne se prend pas la tête même si on peut y voir des restes de la critique de l’armée, et bien ça fait plaisir, et ça fait passer le métrage malgré ses nombreux défauts, et son scénario aux emprunts parfois gros (réfléchissez un instant et rappelez-vous que Terminator 2 date d’un an avant).

Les plus

Dolph Lundgren en psychopathe
Plutôt carré et maitrisé comme spectacle
Divertissant et allant à l’essentiel
Des moments étonnement violents

Les moins

Des moments bien kitch
Des emprunts peu subtils

En bref : De la part de Roland Emmerich, Universal Soldier surprend, se faisant plutôt solide dans sa mise en scène, et les acteurs se font plaisir. C’est parfois violent, toujours divertissant, et on pardonne donc quelques égarements qui font sourire.

11 réflexions sur « UNIVERSAL SOLDIER de Roland Emmerich (1992) »

  1. Comme tu dis : Emmerich et grand film, ça ne va pas ensemble ahahah. Franchement, ce réal a atteint les sommets du box-office grâce à… sa propension à gérer des gros budgets et des scènes de catastrophe XXL ? Je garde un bon souvenir de MOON 44 mais je ne l’ai pas revu depuis plusieurs dizaines d’années. UNIVERSAL SOLDIER reste divertissant – même si on est d’accord, ce n’est pas objectivement un bon film. STARGATE pareil, je ne l’ai jamais trouvé génial mais la photo, la clarté des dunes de sable, le casting… Ça se laisse voir comme on dit. INDEPENDANCE DAY, je ne l’ai jamais vu ! Eh oui ! Et je résisterai jusqu’à ma mort ^^. Cette année par contre, j’ai enfin découvert son GODZILLA – je l’avais évité jusqu’à maintenant. Agréablement surpris : attention ce n’est pas vraiment bon, et CE N’EST PAS UN FILM GODZILLA (plus un film catastrophe avec un kaijû et du JURASSIC PARK aux CGI moisis), mais c’est divertissant. THE DAY AFTER TOMORROY, 10.000 BC, je les ai vus… mais complètement oubliés ahahah ! Je ne me souviens de rien. Mauvais signe ? 2012 je l’ai vu au ciné – oui je sais pas ce qui m’a pris. Encore une fois, pas génial mais divertissant. A l’image de la filmo d’Emmerich ?

    Pas vu MIDWAY ni WHITE HOUSE DOWN (comment faire mieux que les Butler :-).

    Pour en revenir à UNIVERSAL SOLDIER, le film dégage donc quand même un petit quelque chose qui le rend sympathique, oui. Mais sans l’aspect nostalgie (je l’avais vu au ciné à l’époque puis dévoré en cassette), est-ce que pourrais encore le revoir aujourd’hui ?

    1. Doux Jesus, tu nous fais toute la rétro Emmerich en un commentaire 😉
      Mon souvenir de MOON 44, c’est un souvenir en VHS du début des années 90, donc dur dur d’émettre un avis objectif et encore moins sûr sur le film. STARGATE je l’avais revu récemment, ça se regarde oui, c’est sympatoche (je n’aimais pas à l’époque).
      INDEPENDENCE DAY, vu au cinéma par contre haha. Plaisir coupable, le film me diverti et me fait rire, mais bon, c’est pas terrible. GODZILLA aussi je l’avais vu au cinéma… J’avais détesté à l’époque. Maintenant, j’ai envie de dire que je serais plutôt de ton avis, mais oui, ce n’est absolument pas un film de la saga. Après, j’ai un peu lâché le réal, je n’ai vu, que très tardivement, THE DAY AFTER TOMORROW, qui dans mes souvenirs est plutôt sympa (y a Jake Gyllenhaal dedans, ça fait au moins un bon point haha). 2012 vu et je préfère oublier, j’avais détesté. C’était trop. Trop de destructions, trop de CGI (qui étaient en plus vraiment pas bons pour le coup), trop long. Passé ça, je n’ai vu que la suite d’INDEPENDENCE DAY, car je m’attendais au moins à rire comme sur le premier, et à avoir de bonnes scènes catastrophes. Mais même pas. Plat, long, pas intéressant, énormément de fonds verts hyper voyants.

      Mais très bonne question sur ce côté nostalgique, je l’avais découvert en VHS à l’époque, et j’ai du le voir un bon paquet de fois. Il est possible que mon avis soit un peu plus méchant sans cette nostalgie. Même si certaines qualités (et défauts) que je lui trouve resteront là quoi qu’il arrive.

  2. Comment, Emmerich peu subtil ? Vraiment je ne comprends pas. 😉
    Bon, j’avoue être bien moins calé sur la filmo du teuton que Oli ou toi ne semblez l’être, mais nobostant la qualité plus que médiocre de ses films, j’avoue cultiver une forme de plaisir coupable à regarder Moon 44, 2012 ou même ID4 (décidément ce bon Roland est un sacré numéro). Je dirais même qu’il me plaît de décrypter dans ses films les nombreux signes d’une homosexualité plus ou moins assumée qui transparaît à travers les personnages. Je n’ai pas vu Universal Soldier, mais le tandem antagoniste formé par Van Damme/Lundgren m’évoque ces pilotes athlétiques de Moon 44 qui tenaient fermement le manche de leurs vaisseaux spatiaux (le film étant rien moins qu’une ressucée SF de Top Gun). Rien que pour ça, il me fait envie.

    1. Plaisir coupable est le terme approprié. (une question je ne comprends pas comme tu fais pour « liker » les commentaires des autres, je n’ai pas cette option chez moi c’est bizarre).

      Chez les gros bourrins, je dois avouer avoir davantage de « respect » pour Bay (je mets des guillemets car en réalité je respecte tout le monde bien évidemment). Emmerich n’a pas THE ROCK ni NO PAIN NO GAIN dans sa filmo.

      1. Tu marques un gros point pour B. Autant il a fait des films que je déteste, mais autant il a aussi des films que j’aime vraiment comme les deux que tu cites, ou encore 13 HOURS qui était solide j’avais trouvé.

      2. C’est vrai que Bay a su s’honorer de quelques titres ayant les grâces des cinéphiles exigeants. Mais j’ai du mal avec le style visuellement irritant de Mickey B, préférant les outrances toujours incroyablement bis de Herr Emmerich.

        Je like car je passe par l’application WordPress. 😉

    2. Il suffit de regarder ces explosions, ou le chien qui saute au ralenti dans ID4 pour voir de la subtilité enfin!!!
      ID4 je comprend le côté plaisir coupable, j’ai le même sentiment envers ce film. Ce n’est pas très bon, mais il m’éclate. 2012 par contre m’avait assez dépité je l’admet, les CGI je les avais trouvé en plus dégueulasses déjà au moment de la sortie…
      Mais du coup, tu aimes ID4, tu n’as pas peur du duo Van Damme/lundgren, ben fonce j’ai envie de te dire. Tu devrais apprécier le délire du métrage. C’est un peu con, violent, peu subtil, mais pris comme une petite série B (ce qu’il est au final), c’est solide.

      1. Je ne manquerai pas l’occaz, t’inquiète. Je verrais bien Midway aussi, histoire de le comparer au Pearl Harbour de Bay.

        Dans 2012, on sauvé aussi les toutous si je me souviens bien, encore un motif très emmeri-chien. 😉
        Van Damme est il aussi l’ami des bêtes dans Universal Soldier?

        1. C’est vrai que d’ailleurs Midway a été plutôt bien accueillit par certains cinéphiles, ce qui est bon signe. Bon, Pearl Harbor je ne sais même pas si je l’ai vu en entier en vrai par contre, mais ce que j’ai vu m’avait suffit.
          Il peut pas s’empêcher de sauver les braves toutou, quel homme !!! Rien de tout ça dans Universal Soldier, faut dire que le genre est malgré tout différent.

            1. Mince, je ne suis pas assez pro sur le sujet, surtout qu’à part les deux gros plaisirs coupables de sa carrière, le reste c’est de très vieux souvenirs, ou alors j’ai quasiment oublié les films (ID2, doux jesus, c’était tellement mauvais que j’ai quasi tout zappé du film). Tu devrais te lancer, y a un truc à creuser haha.

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