LE BAISER DU VAMPIRE (The Kiss of the Vampire) de Don Sharp (1963)

LE BAISER DU VAMPIRE

Titre original : The Kiss of the Vampire
1963 – Angleterre
Genre : Fantastique
Durée : 1h28
Réalisation : Don Sharp
Musique : James Bernard
Scénario : Anthony Hinds
Avec Clifford Evans, Edward de Souza, Noel Willman, Jennifer Daniel, Barry Warren, Brian Oulton et Noel Howlett

Synopsis : Lors de leur voyage de noce, un jeune couple perdu dans un petit village d’Europe centrale accepte l’invitation du mystérieux docteur Ravna dans son château. Ils vont découvrir, lors d’un mémorable bal masqué, que la lugubre demeure abrite une secte vampirique.

Si la Hammer se sera fait une spécialité avec les films sur Dracula, on le sait tous, mais certains soucis débarquent assez vite au sein de la maison de production. Après le succès du Cauchemar de Dracula en 1958, Christopher Lee refuse de revenir, et la Hammer attendra deux ans avant de lancer une suite, nommée Les Maîtresses de Dracula. Christopher Lee n’est pas là, Dracula non plus d’ailleurs, mais Terence Fisher reste à la mise en scène, tout comme Peter Cushing dans le rôle culte du docteur Van Helsing. Puis la saga Dracula est en stand bye jusqu’au retour de Lee en 1966 pour Dracula Prince des Ténèbres. La Hammer n’a pas pour autant délaissée les films de vampires, puisqu’en 1963, ils lancent sur les écrans un bien étrange métrage nommé Le Baiser du Vampire. Métrage qui fut un temps prévu pour être le troisième film sur Dracula, avant que le scénario, signé Anthony Hinds (scénariste et producteur bien familier de la Hammer) ne change tout cela. Dracula n’est jamais cité, jamais présent, et le vampirisme est ici vu comme une maladie sociale. Le film se détache d’ailleurs encore plus de la saga des Dracula, puisque Terence Fisher n’est pas derrière la caméra, mais Don Sharp, et Peter Cushing n’est pas présent au casting non plus. Seul James Bernard reste présent à la musique. Nous voici donc ici devant un film de vampires différent, sous forme de secte, avec un peu de magie noire ce coup-ci, mais toujours des châteaux gothiques, un petit village d’Europe de l’Est et des dents longues.

Et pendant de longues minutes, j’ai voulu y croire, très fort. Il faut dire que la scène d’ouverture, avec un enterrement, puis l’entrée en scène du professeur Zimmer (Clifford Evans) en vieil homme sage qui sait tout et nous balance sa pelle à travers le cercueil, faisant crier la soit disant morte met dans le bain. Une scène excellente, qui plante le décor, nous offre une merveilleuse ambiance, nous fait croire que ce petit film avec une équipe différente va nous faire oublier les pointures de la maison de production. Seulement passé cette ouverture, on se rend compte que nos doutes étaient en réalité fondés. Non pas que Le Baiser du Vampire soit intégralement mauvais, mais il se fait bancal, et rate parfois ce qu’il entreprend. Trois grandes scènes sont présentes, mais souvent entourées de beaucoup de vide en réalité. Ce qui est d’autant plus dommage que les changements effectués dans le fond de l’intrigue ne sont pas inintéressants. Pas de comte Dracula, mais juste un vampire docteur. Pas un vampire solitaire vivant dans son château donc, mais un vampire contrôlant les autres, qui se réunissent comme une espèce de secte, cherchant à augmenter leur nombre. Vampires habillés tout en blanc, faisant des bals masqués pour amener leurs nouvelles proies, en voilà de bonnes idées. D’ailleurs c’est simple, passé la scène d’ouverture, les autres grandes scènes du métrage seront une scène où un vampire hypnotise sa proie en jouant du piano, et la scène du fameux bal masqué.

Mais en dehors de ces scènes, Le Baiser du Vampire affiche un rythme totalement mou, qui ne sera pas aidé par des personnages un peu vides, et quelques éléments qui font clairement un peu fauchés. Car là où les films de Dracula se déroulent souvent dans un château gothique et des petites villes que l’on voit, ici, c’est une autre histoire. Le village se résume, en dehors de la scène d’ouverture, à juste trois personnages. Lorsque nos héros, enfin Gerald et sa femme Marianne débarquent, le film affichera un rythme extrêmement lent jusqu’à la fameuse scène du bal, débarquant tout de même quasiment une heure après l’ouverture du film. Entre temps, pas mal de blabla, de trajets entre le château et la maison d’hôte du village. Certes comme toujours la Hammer nous gratifie de très beaux décors et d’une très jolie photographie, mais ça ne suffit pas. Le plus décevant, tout en étant paradoxalement le plus intéressant, ce sera bien sa dernière demi-heure. Voulant viser sans doute trop haut, à coup de magie noire, de vent dévastateur puis d’attaque de chauve-souris, le final tombe dans son côté un peu trop fauché. L’attaque de chauve-souris à ce petit côté niais et fauché qui pourra faire rire aujourd’hui (mais même à l’époque je pense). Et comme souvent, il est regrettable de voir ce final se torcher en 2 minutes montre en main. Certes celui-ci laisse à désirer visuellement parlant, mais le torcher aussi vite retire l’ampleur de l’idée en elle-même. Dommage. Un film Hammer décevant.

Les plus

La scène d’ouverture
Le bal masqué

Les moins

De grosses longueurs
Quelques scènes bien ratées
Un film très décevant malgré ses idées

En bref : La Hammer signe un film de vampires différent, délaissant Dracula pour décrire les créatures comme les membres d’une secte. L’idée est bonne, quelques scènes sortent du lot, mais l’ensemble est souvent trop mollasson et limité malheureusement.

6 réflexions sur « LE BAISER DU VAMPIRE (The Kiss of the Vampire) de Don Sharp (1963) »

  1. Une petite trêve chez Godzilla et hop ! On glisse un film de la Hammer. Du coup je saute (au cou) sur cette proposition, d’autant que ce « baiser du vampire » m’avait totalement échappé.
    Don Sharp, de lui, je crois que je n’en ai vu aucun. Visiblement tu ne conseilles pas celui-là. Et pourtant, tu m’auras fait tourner les sens avec ton descriptif : une secte vampirique, une « maladie sociale », un bal de vampire avant Polanski, une hypnose au piano,… Mon cœur s’emballe, mon sang ne fait qu’un tour… 🦇
    Dans leur HS spécial de cet été, l’écran Fantastique en dit plutôt du bien, sauf de l’attaque des chauve-souris en effet, qui fait pale figure à côté des « oiseaux » hitchcockiens sortis la même année.

    1. Oh en fait cet article je l’ai écris il y a looooongtemps, je m’étais fais un petit marathon Hammer il y a quelques temps, et cet article était le dernier qui traînait. Même si j’ai encore quelques films Hammer en stock à voir ceci dit. Dont un qui m’attend depuis des lustres, The Vampire Lovers de Roy Ward Baker.
      Comme réalisateur, tiens je remarque que c’est le seul de Don Sharp que j’ai vu. Il faut dire que ce film ne m’a pas donné envie d’explorer plus sa filmographie.
      Beaucoup de bonnes idées, et quelques scènes fortes sortent du lot, mais le scénario n’a pas l’air de savoir quoi faire de tout ça. Il faut dire aussi qu’après une dizaine de Dracula et autres films de vampires de la Hammer, dont certains bien meilleurs, j’ai sans doute été un peu méchant avec celui-ci, j’attendais mieux.
      Un ami m’a dit que cet été l’écran Fantastique avait en effet fait un spécial Hammer (et je crois un spécial Giallo aussi). La lecture doit être passionnante.

      1. Oui, c’est un numéro double qui conjugue les deux. La partie Hammer est essentiellement centrée sur des notules qui recensent tous les films horreur, SF et maniaques de la Hammer. Tu as en plus un papier sur Jimmy Sangster, sur Peter Cushing, les acteurs récurrents, les Hammer girls… C’est assez exhaustif. Pour se plonger plus complètement dans la saga Hammer et l’histoire du studio, mieux vaut éplucher « dans les griffes de la Hammer » de Nicolas Stanzick.
        Le Roy Ward Baker, je l’ai vu. Il est pas mal, déjà parce qu’il y a Ingrid Pitt. C’est un Hammer tardif ceci dit, un peu fauché et essoufflé. le studio tente de se renouveler en puisant dans la « Carmilla » de le Fanu mais ça prend moins bien. Reste tout de même une belle réalisation de Baker, et ce qu’il faut de flanelle transparente et de jolies pâlichonnes pour éveiller les sens.

        1. Il y a je pense énormément de choses à dire sur la Hammer et les artistes récurrents du studio. Un studio finalement qui a connu un succès fulgurant d’un coup, et qui très rapidement a connut des bas, de plus en plus nombreux au box office d’ailleurs (je crois que le distributeur Américain au bout d’un moment ne voulait même plus s’occuper de leurs métrages si je ne dis pas de bétises). Mais même dans leur dernière période, il y a encore quelques films intéressants, soit dans l’ensemble, soit pour une poignée de scènes fortes. Et leurs thrillers étaient plutôt bons d’ailleurs aussi.

          1. Un studio qui n’est pas enterré d’ailleurs, avec une résurrection (tel Dracula) dans les années 2000. « la Dame en Noir » c’était même bien dans l’esprit gothique du studio.
            La Hammer a essayé de s’adapter à l’humeur du temps, sans grand succès la plupart du temps. Mais c’est intéressant d’observer aujourd’hui dans ces films les détails en lien avec la révolution sexuelle, les mouvements sociaux… Outre Terry Fisher, on compte quand même Freddie Francis parmi les grands noms du studio, et une poignée de films remarquables comme les Frankenstein.

            1. Exact oui, retour inespéré et finalement bien sympathique. Pas vu le second opus mais vu ce que j’en ai lu, je ne perds apparemment pas grand-chose. Même si par curiosité, je me laisserais sans doute tenter un jour.

              C’est exactement ça, j’en parlais dans je ne sais plus quelle critique, qu’ils essayaient de s’adapter, que certains films partaient du coup dans une violence plus visuelle, ou un côté plus coquin, pour coller à l’ère du temps, et à la concurrence. Freddie Francis oui, qui a réalisé justement Dracula et les Femmes dont on parlait 😉

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