LEGEND de Ridley Scott (1985)

LEGEND

Titre original : Legend
1985 – Etats Unis
Genre : Fantaisie
Durée : 1h34
Réalisation : Ridley Scott
Musique : Jerry Goldsmith
Scénario : William Hjortsberg

Avec Tom Cruise, Mia Sara, Tim Curry, David Bennent, Alice Playten, Billy Barty et Cork Hubbert

Synopsis : Dans un monde imaginaire où la paix et l’harmonie sont maintenues grâce à la magie d’un couple de licornes, vivent la princesse Lili et Jack, un jeune homme pour qui la nature semble ne pas avoir de secret. Dans cette contrée, le démon Darkness, tapi dans l’obscurité, n’attend qu’une occasion pour s’emparer des licornes et les tuer, ce qui engendrera une nuit éternelle. Les gobelins, ainsi que l’amour que Jack porte à sa princesse lui seront d’une grande aide. Jack, avec l’aide de lutins et d’une fée capricieuse, devra tout faire pour rétablir ce qu’il a contribué à détruire, et ce avant qu’il ne soit trop tard…

Legend, c’est un des films de Ridley Scott auxquels je n’adhérais absolument pas lorsque j’étais enfant. Un choix, ou plutôt des goûts que j’explique facilement maintenant que j’ai pu revoir le film, avec un regard neuf, d’adulte, et en qualité HD, en VO. Car dans son histoire, prise de manière simpliste et lisse (ce que le scénario nous raconte donc), Legend a tout d’un conte sortant tout droit de l’univers Disney, avec la Princesse, le héros qui entreprend son voyage pour sauver la princesse, des créatures magiques, un méchant très méchant qui vit dans sa tour et qui a à ses ordres des créatures aussi stupides que belliqueuses. Oui, Legend est un conte Disney. Et Disney, même enfant, ce n’était pas ma tasse de thé, du coup forcément, sans gratter pour voir le fond du film, Legend m’avait toujours laissé de marbre. Mais Legend, dans son contexte, c’est un projet qui tient à coeur à Scott, puisqu’il voulait faire un film de fantaisie, un conte de fée, et ce depuis des années. Mais le destin l’aura plutôt poussé vers la science fiction, avec Alien et le succès qu’on lui connait depuis sa sortie, puis Blade Runner, qui aura eu besoin lui du poids des années pour que l’on reconnaisse la qualité de l’œuvre. Des œuvres sombres, situées dans le futur, avec un ton adulte. Legend donc, c’est le projet que Scott rêve de faire. Et en 1985, il y parvient enfin, non pas après un tournage très compliqué, puisque Scott est un réalisateur très visuel, on le sait. Et forcément, si beaucoup de scènes sont censées se dérouler en forêt, Scott veut un contrôle total et maniaque sur le film. La forêt sera ainsi… intégralement construite en studio. Bon, un incendie ravage tout ça, mais Scott persiste pour livrer sa vision, contrôlée au rayon de soleil près. Mais comme souvent, les producteurs ainsi que quelques projections tests ne sont pas tendres avec lui. Vingt minutes du métrage sont ainsi coupées après des projections tests, et la production ira encore plus loin. La version Européenne du film, de 1h34, contient le score original de Jerry Goldsmith, tandis que le montage pour l’Amérique dure 1h29 et contient un tout nouveau score musical de Tangerine Dream. Le bordel, comme souvent, Legend ayant donc droit, comme Blade Runner, à différentes versions.

Mais bref, je suis ici pour parler de la seule version que j’ai eu devant les yeux, à savoir le montage Européen. Et si Legend n’est pas parfait, loin de là, il faut avouer que visuellement, Scott a fait ce qu’il voulait, et ce qu’il voulait, c’était nous émerveiller. C’est splendide. Chaque plan est étudié, chaque effet de lumière parfaitement maitrisé, et ça nous décolle la rétine. C’est magnifique, tout simplement. Scott et son directeur de la photo Alex Thomson (Excalibur, L’Année du Dragon, Alien 3) sont en pleine possession de leurs moyens, et ça s’en ressent. Il est rare de voir un film aussi féérique, d’un plan à l’autre, que cela soit dans les moments posés ou dans les moments plus sombres, dans l’antre de la bête, appelée Darkness. Visuellement, c’est un sans faute. Musicalement, un peu pareil, Jerry Goldsmith livre une partition magique, convenant toujours aux images, voir les sublimant par moment. Scénaristiquement, il y a par contre à boire et à manger. Si l’on prend l’intrigue dans ses grandes lignes, Legend a tout du conte de fée, et n’ajoute rien à la formule. C’est cousu de fil blanc, prévisible, et on pourra même dire que ça manque de rebondissements. Un grand méchant nommé Darkness qui envoie ses esclaves kidnapper des licornes avant que le soleil ne se lève plus jamais, et qui capture une princesse par la même occasion, et tente de la faire passer de son côté. Et à côté bien entendu, un héros, proche de la nature, qui va devoir entreprendre un voyage pour libérer sa dulcinée avec l’aide d’autres créatures magiques. Et dans les faits, c’est malheureusement un peu tout. Heureusement, et ça, l’enfant que j’étais ne le voyais pas à l’époque, Legend a quelques éléments en fond immédiatement plus intéressants. Notamment en ce qui concerne la princesse, jouée par Mia Sara (dans son tout premier rôle), qui évite finalement d’être la princesse qu’il faut sauver et qui n’est pas toute blanche. Certains éléments arrivent par sa faute, et d’autres grâce à elle. Elle n’est pas passive donc. Excellent point, qui donne un peu de profondeur à une intrigue extrêmement simpliste et peu riche en rebondissements.

Bien entendu, il faudra saluer, outre la performance de Mia Sara, l’excellente performance de Tim Curry dans le rôle de Darkness. Outre sa prestation, son design, et la qualité des effets signés Rob Bottin (The Thing) aident grandement à faire de Darkness un personnage inoubliable. La seconde grande réussite du métrage après son visuel. Mais, car il y a forcément un mais, outre la princesse et Darkness, il y a comme dans tout conte de fée un autre personnage important. Le héros, celui qui doit sauver la princesse, et accessoirement, le monde, joué ici par Tom Cruise. Le souci, c’est que le personnage n’est pas intéressant, et que Tom Cruise livre une prestation oubliable. Il n’est sans doute pas aidé par un traitement minimal et des dialogues peu inspirés, il est vrai, mais quand on doit le suivre une bonne partie de l’aventure, forcément, c’est dommage. En réalité, seule la princesse semble avoir eu droit à un traitement la faisant sortir de son côté « personnage en 2 dimensions ». Darkness oui est un personnage simple, mais sauvé par son design, sa présence et son interprétation. Tandis que notre héros lui n’a rien qui vient le sauver, surtout lorsque l’on voit Tom Cruise se battre, avec son épée, son armure en maille, et son… absence de pantalon durant tout le film. Ce héros lisse et sans envergure, c’est le gros défaut du métrage avec son histoire simple et prévisible. On pardonnera même les quelques notes d’humour au métrage face à ces défauts, pour ne retenir finalement que le positif, c’est-à-dire le spectacle visuel magistral et enchanteur, et les interactions entre la princesse et Darkness. Il est donc plutôt facile de comprendre pourquoi le film a été boudé par le public à sa sortie. Un film aussi riche et réussi que parfois vain et prévisible. Mais finalement, une aventure féérique monumentale par certains aspects.

Les plus

Visuellement somptueux
La musique de Jerry Goldsmith
Darkness, imposant
Mia Sara et Tim Curry, tout deux excellents

Les moins

Une histoire prévisible et avec peu de rebondissements
Le héros, Tom Cruise, lisse

En bref : Spectacle visuel, Legend nous emmène dans un univers féérique et magnifique, totalement surréaliste. Beaucoup de choses intéressantes, malgré une intrigue somme toute classique et un héros bien moins intéressant que les autres personnages.

4 réflexions sur « LEGEND de Ridley Scott (1985) »

  1. Tu m’as doublé ! J’avais prévu de le revoir dans la foulée de Neverending Story et puis… Ce fameux montage américain avec la musique de T Dream est toujours dans sa boîte, attendant son heure (je me suis refait les Duellistes quand même, là aussi un visuel à tomber).
    Je garde le souvenir de l’émerveillement, sans doute parmi les plus belles images fabriquées par ce grand esthète de Ridlay Scott. L’histoire, je l’ai quasiment oubliée, mais pas les personnages. C’est vrai que Tommy est fadasse, une erreur de casting évidente. Mais Darkness, lui, est entré dans la Legend.

    1. Rah, mais toi aussi tu m’as doublé, je me suis revu en fin de semaine THE NEVERENDING STORY (ainsi que le second opus, car pourquoi pas), et je comptais écrire dessus dans pas longtemps !
      Finalement, on est totalement d’accord, c’est un film qui vaut pour son visuel, sa direction artistique. Du grand Scott à ce niveau là. Tom est la vraie erreur du casting, puisque le reste, autant en terme de visuel (la princesse et son double, Darkness) que d’interprétation, c’est super solide.
      Content en tout cas pour moi de lui avoir redonné sa chance après toutes ces années, la redécouverte n’en fut que meilleure.

        1. C’est totalement ça, j’avais même totalement…. pas du tout aimé étant enfant. Parce que maintenant, on a du recul, on analyse l’image, les sous entendus, et on peut passer outre les défauts, l’histoire simple ou des erreurs de casting pour voir ce que le film a vraiment à proposer ailleurs, presque dans sa « note d’intention » on pourrait dire 😉

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