INUNAKI : LE VILLAGE OUBLIÉ (犬鳴村) de Shimizu Takashi (2019)

INUNAKI : LE VILLAGE OUBLIÉ

Titre original : Inunaki Mura – 犬鳴村
2019 – Japon
Genre : Fantastique
Durée : 1h48
Réalisation : Shimizu Takashi
Musique : –
Scénario : Shimizu Takashi et Hosaka Daisuke

Avec Miyoshi Ayaka, Bando Ryota, Ishibashi Renji, Takashima Masanobu, Takashima Reiko, Kaizu Hinata et Otani Rinka

Synopsis : Le village d’Inunaki, au Japon, est surnommé  » le Village Hurlant « . Une psychiatre de la région, Kanade Morita, possède un sixième sens, qui la tourmente depuis l’enfance. Un jour, son frère Yuma et sa petite amie décident de jouer à se faire peur, lors d’une expédition nocturne dans le village. Sans le savoir, ils vont réveiller la terrible malédiction qui frappe le village…

Shimizu Takashi, malgré sa capacité en début de carrière à avoir fait 6 fois le même film (Ju-On 1 et 2, Ju-On The Grudge 1 et 2, The Grudge 1 et 2), a une carrière intéressante, et toute ma sympathie. Car si sa carrière reste profondément encrée dans l’horreur et surtout le film de fantôme, à l’exception de son Kiki’s Delivery Service en 2014, il a su malgré tout se bâtir un univers, et un style, et livrer quand il le fallait des films intéressants. Tomie Re-birth était un opus intéressant de la saga, Marebito était excellent, Shock Labyrinth et Rabbit Horror (Tormented) fort sympathiques. Du coup, quand on dernier film en date, Inunaki, débarque en France, et en Blu-Ray, forcément je me jette dessus. Et vous savez quoi ? Malgré des critiques mitigées un peu partout, et bien ce fut fort sympathique également. Pas transcendant, pas parfait, alternant le bon et le moins bon, mais intéressant et suffisamment solide pour divertir l’amateur et plaire aux fans. C’est bien là l’important non ? Alors de quoi parle son nouveau métrage ? Comme son nom l’indique, Inunaki Le Village Oublié nous parle de ce fameux village, et donc, de cette vraie légende urbaine. Un village, rayé des cartes, supposément englouti au fond d’un lac après la construction d’un barrage. Mais comme chaque légende, il y a du vrai derrière. Inunaki est donc un village qui aurait véritablement existé, et qu’il serait possible de visiter en faisant un rituel bien précis. Se rendre à une cabine téléphonique et répondre à l’appel à 2h du matin, afin de pouvoir passer le tunnel condamné qui y mènerait. Une fois sur place, un panneau indiquant que les lois Japonaises ne s’appliquent pas passé ce point, et nous voilà dans le village en ruine, prêt à servir de faire valoir à une horde de villageois sauvages. Un sujet en or pour Shimizu donc, habitué aux légendes, aux apparitions qui font peur, aux lieux plongés dans les ténèbres. Sauf que Shimizu tente sans doute d’en faire un peu trop, à la fois dans le fond et dans la forme, ce qui donne cet aspect un peu bancal au métrage, qui alterne donc le bon voir l’excellent, et le moins bon, voir le presque risible. Rien que ça.

Car s’il est bien question du fameux village, de son tunnel, d’une cabine téléphonique, Shimizu ne fait pas les choses à moitié, et rajoute du background, des fantômes, un petit garçon, une malédiction, une infirmière sensible à l’occulte et j’en passe. Il se lâche, il blinde son film d’éléments divers et variés. Sans doute trop du coup, Inunaki part parfois presque dans tous les sens. Oui, c’est généreux, mais il se disperse par moment. Certains personnages et leurs sorts, notamment la bande dans la cabine téléphonique, semble presque de trop, un peu comme si Shimizu tentait de multiplier les personnages et situations à la façon de ses Ju-On, sauf qu’Inunaki n’en a pas du tout la structure narrative, ni même le but. Cela donne clairement au film un côté ambitieux, mais aussi bancal par moment. Et si il est clair que certains moments sont sans doute de trop, rien ne vient vraiment rendre la vision désagréable, où donner l’impression que Shimizu avance à l’aveuglette avec son récit. Même si c’était le cas, avec cette multiplication d’éléments surnaturels, Shimizu se met un autre élément dans sa poche : le rythme du métrage, maitrisé, sans temps mort. Non finalement, il est plutôt bien fichu son métrage, Shimizu n’a pas perdu de son talent avec les années. Ce que l’on pourra clairement lui reprocher, ça se trouve plutôt dans la forme. Alors attention, non pas que Shimizu soit devenu mauvais. Sa mise en scène est carrée, il livre encore quelques sacrés moments de frousse bien fichus, filmés avec classe et qui fonctionnent dés lors que l’on s’investi dans le métrage. Ce qui n’est pas bien difficile si l’on aime le genre. Mais à l’image de son scénario, Shimizu veut en faire trop, beaucoup trop.

Les moments qui fonctionnent le mieux dans son métrage sont les moments suggestifs. Quand Shimizu fait appel au son pour nous signaler une présence, ou quand il nous place une silhouette en arrière plan, sans mise au point, après un long dialogue, le tout nappé dans une ambiance sonore discrète. Quand il ne veut pas en faire trop oui. Mais par moment, il veut clairement en faire trop, comme pour toucher un public bien plus habitué avec les années à un cinéma bruyant, direct, frontal. L’opposé en quelque sorte des débuts de la vague de J-Horror qui débuta avec Ring et Ju-On à la fin des années 90. Inunaki en a des moments comme ça, où les esprits sont alors clairement face caméra, bien éclairés, et qu’ils annoncent leurs présences avec des sons certes parfois dérangeants mais un peu envahissants. La palme revenant au final dans le tunnel, qui frise le ridicule, voir s’apprête à plonger dedans, la tête la première. Et d’ailleurs, entre les mains d’un autre réalisateur, un tel final aurait clairement brisé le film intégralement. Shimizu s’il se montre plus démonstratif lors de son final et de quelques autres moments, parvient néanmoins à se nuancer, et évite donc la catastrophe. Ce qui aurait été dommage, car Inunaki en a des qualités, entre son sujet, son ambiance, certaines scènes, une mise en scène travaillée et souvent sobre, une jolie photographie, et même des acteurs convaincants. Miyoshi Ayaka est convaincante dans le rôle principal, et cela fait plaisir de revoir le vieillissant Ishibashi Renji pour un petit rôle, lui qui ne s’arrête pas de tourner, mais qui restera toujours pour moi ce vieux yakuza pervers dans Gozu !

Les plus

Une légende intéressante
Une bonne ambiance
Quelques scènes qui fonctionnent très bien
Techniquement solide

Les moins

S’éparpille un peu dans son propos
Des scènes par moment trop frontales

En bref : Inunaki est encore un bon film de la part de Shimizu. Par parfait, et cultivant parfois les extrêmes, entre des moments suggestifs bien fichus et des moments parfois trop démonstratifs, mais suffisamment intéressant et maitrisé pour plaire à l’amateur.

4 réflexions sur « INUNAKI : LE VILLAGE OUBLIÉ (犬鳴村) de Shimizu Takashi (2019) »

  1. Oui il est pas trop mal ce film – le final dans le tunnel est complètement raté on est d’accord. Les gens qui veulent le descendre, ils peuvent, bien sûr. C’est facile. Moi je pense qu’il faut aussi s’attarder sur les points positifs de ce bon petit film de J-horror. Et savoir s’en contenter sans attendre le chef d’œuvre du genre.

    1. Le pire passage, et il insiste tellement dessus, frontalement, en faisant durer les plans, c’est dommage, car au delà de ses quelques égarements (fatals pour un simple spectateur, beaucoup moins pour un amateur, cinéphile ou fan du genre), c’est pas mal du tout, pour ça que j’ai préféré en dire pas mal de bien.
      Il faut que je revois maintenant son précédent, je l’avais vu il y a un an ou deux ans mais pas écris dessus.

  2. Shimizu s’en sort mieux que Nakata semble-t-il avec le temps.
    J’aime beaucoup cette idée de village disparu qui réapparaît à la faveur d’un rituel. C’est très japonais, il y a du potentiel. Sur les photos ça a l’air quand même très low budget, ça donne moyennement envie.

    1. Je trouve clairement. Il est moins subtil que Nakata lorsqu’il est bon, mais parvient toujours à éviter le ridicule qui tue, alors que Nakata les a parfois enchaîné, limite un film sur deux.

      Les villages étranges, avec leurs rituels et mythes bien à eux, ça m’a toujours attiré aussi. Je fonce souvent tête baissée dés qu’il y a un sujet du style. Aucune idée par contre du budget du film, mais visuellement, en mouvement, j’ai pas trouvé ça si moche. Le début filmé par les personnages avec une petite caméra avec son grain dégueulasse par contre, ça m’a rappelé les débuts de Shimizu avec les téléfilms JU-ON, que j’adore.

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