PLAN 9 FROM OUTER SPACE de Edward David Wood Jr. (1959)

PLAN 9 FROM OUTER SPACE
Titre original : Plan 9 from Outer Space
1959 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h20
Réalisation : Edward David Wood Jr
Musique : Frank Worth
Scénario : Edward David Wood Jr

Avec Gregory Walcott, Mona McKinnon, Duke Moore, Tom Keene, Tor Johnson, Vampira et Bela Lugosi

Synopsis : Dans les années 50, des aliens arrivent sur terre, craignant que nos progrès ne détruisent toute la galaxie. Ils mettent en place le plan 9, consistant à réanimer les morts pour punir les humains.

Ed Wood, qui ne le connaît pas, au moins de réputation. Nommé en 1980 par un critique Américain comme étant le pire réalisateur de tous les temps, et son film Plan 9 from Outer Space comme le pire film réalisé, il aura suffit de ces déclarations pour en faire un réalisateur et un film culte, et pour attirer le regard du public. Si bien que oui, Tim Burton fera d’ailleurs un biopic sur la vie du réalisateur, du moins de son premier film (Glen or Glenda, renommé Louis ou Louise en France) jusqu’à la sortie de son « chef d’œuvre », le film qui nous intéresse ici. Et je dois avouer que la carrière d’Ed Wood ne m’avait jamais franchement intéressé. C’est au final en regardant le film de Burton, finalement plein de tendresse pour le réalisateur, véritable passionné mais certes peu talentueux, que je me suis dis qu’il était temps que je vois au moins un film du « maître ». Après tout, nommer Ed Wood le pire réalisateur de tous les temps est un euphémisme, puisque depuis, et bien, le monde a connut et souffert sur tous les films de Uwe Boll. Je me suis donc jeté sur Plan 9 from Outer Space, le chef d’œuvre, le seul, l’unique, le dernier film dans lequel apparaît Bela Lugosi (Dracula, tout de même), un film au départ appelé Grave Robbers from Outer Space, mais au titre changé en cours de rouge puisque le financement du film vint de… l’église baptiste, ce qui fit que toute l’équipe du film fut d’ailleurs baptisée avant le tournage. Et si le film fut tourne en 1956, c’est durant l’été 1959 qu’un distributeur osa finalement sortir la bête. Donc, Plan 9 from Outer Space, si j’en crois tout ce qu’on en dit, c’est la crème de la crème, l’œuvre la plus « personnelle » d’Ed Wood, son chef d’œuvre, le messie, SON film.

Et il faut bien avouer que… et bien que sur 1h19, j’ai passé un bon moment. Bon moment mais assurément pas devant un bon film. Car rien ne va. Mais vraiment RIEN du tout ! Mais, à l’opposé justement de Uwe Boll, ce film de Ed Wood a bien quelque chose pour lui. Même plusieurs. Car déjà, excellent point, jamais on ne s’y ennuie. Ensuite, et bien c’est simple, mais l’homme est un passionné de cinéma, et cela s’en ressent aussi. Le métrage aura beau être un ratage, une expérience étrange, on sent la passion du réalisateur derrière chaque plan. Heureusement d’ailleurs, car… et bien, Ed Wood ne tournait qu’une prise de chaque plan. Ce qui lui permettait certes un tournage rapide et économe (le budget était de 60 000 dollars), mais permet à un nombre incalculable de défauts de se glisser dans l’œuvre. Bon alors, qu’est ce que ça raconte ce fameux Plan 9 from Outer Space ? Hmmm difficile question dés le départ tant le scénario n’est pas le point fort du métrage. Et bien, des extra terrestres arrivent sur Terre et décident de ressusciter nos morts afin que l’on croit en leur existence, car le gouvernement la nie. Sauf que bon, une soucoupe volante dans le ciel de Los Angeles, cela se remarque, dur à cacher… Passons, car de toute façon, l’histoire part dans tous les sens. Un vieil homme meurt après le décès de sa femme, les deux reviennent, des inspecteurs passent, meurent aussi, puis reviennent aussi, puis il y a un pilote d’avion, des soucoupes dans le ciel, l’armée qui tire sur des soucoupes, puis des discussions militaires, puis des morts qui attaquent des vivants. Ah et des aliens dans des soucoupes joués par des humains qui parlent de leur fameux Plan 9. Et puis… oh et puis merde, on n’y comprend pas toujours grand-chose de toute façon, ou disons que ça n’a pas forcément beaucoup de sens.

Ed Wood n’a certes pas été aidé par le décès de Bela Lugosi juste avant le tournage, le réalisateur se servant alors de plans tournés juste avant pour le mettre dans le film, et le fera doubler de nombreuses fois par… le chiropracteur de sa femme, avançant toujours avec son bras devant le bas du visage pour « camoufler » la supercherie. Mais si ce n’était que ça. Plan 9 from Outer Space regorge de défauts, défauts tellement énormes que tous les découvrir devient alors un exercice autant périlleux que magnifique. Des cadres aux murs dont les photos ne sont pas les mêmes au fur et à mesure des plans, des ombres de micro perche, des faux raccords jour/nuit au sein d’une même scène, des effets spéciaux vraiment extrêmement spéciaux, des tombes en caoutchouc qui bougent quand un acteur les frôlent, des acteurs en roue libre totale, des cockpit d’avion fait avec un simple mur et un rideau de douche, des vaisseaux aliens dont l’intérieur fait bien rire, des fils visibles pour animer les soucoupes au-dessus d’un Los Angeles « extrêmement réaliste »… Puis il y a aussi ses stocks shots, des plans venant d’autres films… Oui, Plan 9 from Outer Space est un mauvais film. Mais c’est aussi une expérience à vivre assez hallucinante. Et malgré tout, une expérience « sincère » qu’il est impossible de totalement détester. Oui, l’ensemble est mauvais, blindé de défauts, extrêmement maladroit, mais sincère.

Un peu comme si Ed Wood était un éternel enfant, un rêveur qui voulait juste créer, nous montrer ce qu’il aime, rendre hommage (mais sans talent) à ces réalisateurs et acteurs qu’il adorait et vénérait. Un homme bourré de rêves et d’idées, mais qui n’avait ni le temps, ni les moyens, et sans doute ni le talent de bien faire. Mais un réalisateur prêt à se faire baptiser ainsi que toute son équipe pour réaliser son rêve et faire un nouveau film, vous en connaissez beaucoup vous ? Oui, le film est totalement maladroit dans presque tout ce qu’il entreprend, mais c’est un pur produit issue de l’imagination d’Ed Wood. Un film qu’il écrit, produit, réalise, dans lequel il apparaît, mais également qu’il monte lui-même. Mais donc, même si ce n’est pas franchement bon, le métrage s’avère, outre la sincérité qui transparaît à chaque instant, extrêmement divertissant. Car oui, tout s’enchaîne vite (parfois sans logique mais qu’importe), ça ne dure pas longtemps (1h19 au compteur), c’est généreux, un peu nawak, mais oui, c’est un film réalisé par un éternel enfant rêveur. Ed Wood, pire réalisateur ? Non. Plan 9, pire film réalisé ? Assurément pas non plus ! Objet filmique non identifié ? Totalement oui par contre.

Les plus

Un film fait par un passionné
Ultra rythmé et divertissant
Totalement nawak

Les moins

La technique à la ramasse
Ça ne veut rien dire
Des acteurs en roue libre
Les effets spéciaux

En bref : Plan 9 from Outer Space est bien un film indescriptible, une expérience à vivre, un film tellement bourré de défauts qu’il en est fatalement attachant.

9 réflexions sur « PLAN 9 FROM OUTER SPACE de Edward David Wood Jr. (1959) »

  1. Excellent chronique ! Comme tu dis, qualifier ce film de « pire film de l’histoire » est une grossière erreur. Il y a derrière un réalisateur maladroit et, on va le dire, plutôt mauvais, mais honnête, et comme tu le dis : sincère. Ce qu’a parfaitement su retranscrire Tim Burton dans l’extraordinaire ED WOOD.

    PS : moi en plus j’ai joué au jeu ! Durant mon adolescence sur Amiga, et il y a quelques années via l’émulation, et je l’ai enfin terminé !

    1. Hey merci, je ne m’attendais pas à un tel message sur cet article (je pensais plutôt que l’article passerait ni vu ni connu aux yeux de tous). La sincérité, et dans un sens, la passion, indéniable pour Ed Wood, est palpable tout le long du film, et lui donnerait presque un quelque chose de passionnant. Il est vrai que le fait d’avoir vu le Burton juste avant joue en faveur du métrage, mais ça ne fait pas tout.

      Oh j’ignorais totalement l’existence d’un jeu sur Amiga !!! Les fous haha.

        1. Ah ouais ça date ! Autant à l’époque, on se connaissant, autant je ne lisais pas particulièrement tes reviews de jeux, étant donné que je ne jouais plus du tout, et ne m’y étant remis qu’à l’achat de la PS3 en 2014. Mais il me donne bien envie ce petit jeu dans cet univers à part, même si pour le coup le côté bis est totalement assumé là.
          D’ailleurs, j’ai aussi le premier film d’Ed Wood, Glenn & Glenda à voir, ton article m’y fait penser.

  2. Tu as parfaitement décrypté ce qui fait le charme de Plan 9. C’est un monument d’art naïf, à l’image des films bricolés par les chantres du cinéma lo-fi tels Michel Gondry et bien évidemment Tim Burton qui consacre à Ed Wood un biopic (un peu long) terriblement émouvant et passionné. Il y a dans Plan 9 une haute dose de surréalisme, quelque chose de l’écriture automatique dans le montage, une forme d’art qui n’est pas sans rappeler certaines folies sous influence réalisées dans les années 20.

    Comme toi, j’ignorais tout de ce jeu Amiga. Je vais de suite suivre le lien vers l’article d’Oli !

    1. Et bien je suis content de voir que l’on a tous un certain attachement pour ce film réellement raté mais oh combien honnête et oui, naïf dans sa vision. Et j’ai l’impression que ce genre d’artistes ratés mais passionnés par leur art, ça ne court plus les rues aujourd’hui, on a des tacherons mais poussés par l’argent plutôt que l’art (Uwe Boll hein). C’est ce qui fait je pense de la filmographie d’Ed Wood et de ce film en particulier quelque chose d’assez fascinant pour les cinéphiles.

      Presque envie d’essayer de fameux jeu Amiga !

      1. Et puis il y a l’époque, l’ambition créatrice incroyablement farfelue du réalisateur !
        Aujourd’hui les moyens de faire un film sont presque à la portée de tous. La créativité en est peut-être amoindrie c’est vrai.

        1. Oui c’est un plutôt bon point que tu abordes ici. Ce qui explique l’explosion de navets filmés avec les pieds qui débarquent de certaines boites de production douteuses.

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