LA REVANCHE DE FREDDY (A Nightmare on Elm Street 2: Freddy’s Revenge) de Jack Sholder (1985)

LA REVANCHE DE FREDDY
Titre original : A Nightmare on Elm Street 2: Freddy’s Revenge
1985 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h27
Réalisation : Jack Sholder
Musique : Christopher Young
Scénario : David Chaskin

Avec Mark Patton, Kim Myers, Robert Rusier, Clu Gulager, Hope Lange, Marshall Bell et Robert Englund

Synopsis : Une famille emménage dans la maison où vivaient Nancy Thompson et ses parents. Très vite, l’ainé des enfants commence à faire des cauchemars tandis que des phénomènes étranges secouent son entourage. À n’en pas douter, Freddy Krueger est de retour…

Les Griffes de la Nuit sortait sur les écrans Américains en Novembre 1984, et était un succès phénoménal, lançant la carrière de Wes Craven totalement, et ramenant au box office US la modique somme de 25 millions, pour moins de deux millions investis. La New Line Cinema, qui n’est pas encore le gros studio que l’on connait aujourd’hui, y voit là la possibilité de lancer une saga, et de faire définitivement du bien au compte en banque de la société, et au lieu de se poser des questions, comme « quel est la raison du succès du premier film ? » lancent immédiatement la production d’une suite. Le budget passe à 3 millions, l’équipe change intégralement devant et derrière la caméra, et la sortie est planifiée pour Novembre 1985, soit pile un an après la sortie du premier film. Ah ça, il n’y a pas qu’aujourd’hui que les délais sont serrés et les dates de sorties fixées à l’avance et souvent folles. On peut même dire que les années 80 s’y connaissaient dans ce domaine, puisque les grandes sagas ont quasiment toutes eux droit à ce traitement. Plusieurs fois pour la saga Freddy, Vendredi 13 sans doute aussi vu le calendrier annuel des sorties souvent, et pour Halloween, c’est son cinquième opus qui connaitra une sortie et une production donc précipitées. Mais retournons sur Elm Street. Gros succès à sa sortie avec 29 millions sur le sol US, soit plus que le premier, les critiques ne furent pas tendres à l’égard du métrage, ce qui amena le studio à partir dans une direction plus proche de l’original par la suite. Ce qui est vrai en tout cas, c’est qu’on ne peut pas reprocher à ce second opus de faire du copier coller du premier film. Il s’en éloigne même radicalement, et c’est tout à son honneur. Et avec le recul, et du coup maintenant 35 années d’existence, il est plus facile de l’apprécier pour ce qu’il est, à savoir une petite série B sympathique, mais qui n’a rien d’exceptionnelle. Et avec le recul, on s’amuse aussi de voir un peu tout ce bon monde devant et derrière la caméra.

Jack Sholder remplace Wes Craven à la mise en scène, après avoir signé en 1982 son premier long métrage, Alone in the Dark, pour la New Line justement, et après avoir été monteur sur Carnage en 1981. Un CV pas dégueulasse, et qui s’améliorera par la suite avec Hidden en 1987, toujours pour le même studio. Au scénario, c’est le tout jeune et débutant David Chaskin, qui n’aura pas une grande carrière, mais signera dans les années 80 les scripts de The Curse et surtout Lectures Diaboliques en 1989. Une partie des effets spéciaux sont signés Kevin Yagher, encore grand débutant puisqu’il n’avait que 2 ou 3 films à son actif jusque là. Pour la musique, on fait appel à Christopher Young, lui aussi encore à ses débuts, mais s’apprêtant à marquer les esprits dans les années suivantes avec Hellraiser en 1987. Fait plutôt intéressant, on trouve dans la liste des producteurs un tout jeune Joel Soisson, que j’aime appeler le Yes Man, ou l’homme à tout faire pour la branche DTV de Dimension Films, sur les sagas Prophecy, Piranhas, Dracula, Hellraiser, Pulse, Feast ou même Les Enfants du Maïs. Que ce soit comme scénariste, producteur, réalisateur, assistant, ou même parfois monteur. Il fait ses premiers pas ici. Devant la caméra, si Robert Englund revient pour jouer Freddy Krueger, il est bien le seul. Le rôle principal revient à un homme, première et dernière fois dans la saga, Mark Patton, à la carrière très… et bien il ne reviendra dans un long métrage de cinéma que 31 ans après ce film. À ses côtés, la charmante Kim Myers, que l’on retrouvera dans le cinéma de genre en 1996 dans Hellraiser Bloodline, et le vétéran Clu Gulager, que l’on trouvait la même année au casting du Retour des Morts-Vivants, et que l’on retrouvera des années plus tard dans la saga Feast réalisée par son fils. Du bien bon monde qui ne demande qu’à faire ses preuves. Et donc, au final ? La Revanche de Freddy est une petite série B attachante, qui a ses moments, mais ne parvient jamais à avoir le niveau de son prédécesseur, ni même à avoir une vraie ambiance. Dommage. Si Freddy tentait de tuer dans leurs rêves les adolescents d’Elm Street, et que ce sera le cas dans la plupart des films de la saga, ce second opus change les règles de jeu, Freddy préférant s’en prendre à Jesse dans ses cauchemars pour posséder son corps et s’infiltrer dans le monde réel.

L’idée n’est pas mauvaise en soit, et le film en profite pour avoir quelques scènes bien marquantes il faut bien l’avouer. L’introduction par exemple, une scène de cauchemar bien évidemment, est très réussie et parvient à avoir une ambiance assez réussie, avec des idées en soit toutes simples : un bus suspendu, trois victimes potentielles à l’intérieur, et ce cher Freddy et ses griffes. Si les victimes reculent trop, le bus penche et menace de tomber dans le vide. Visuellement, ça a de la gueule, les effets spéciaux ont un charme monstre, le concept est cool, et surtout, Freddy est encore menaçant, aura qu’il perdra par la suite de film en film. Car ce second opus se veut être un film sérieux, et tant mieux. Là où les suites le feront devenir un clown petit à petit, La Revanche de Freddy garde en partie une continuité de ton avec son ainé. En partie, car personne ne niera le sous texte gay particulièrement osé pour l’époque qui émane du scénario, et donc du film. Que ce soit dans l’attitude du personnage principal, sa petite danse en calbut dans sa chambre, une tension sexuelle avec d’autres personnages, ou bien entendu, clou du spectacle, la visite d’un bar gay où l’on trouve Robert Shaye, producteur de la saga, en barman habillé tout en cuir, et qui précède l’hilarante malgré elle scène de douche et son meurtre à coup de cul fouetté. Ouais ouais… Par moment, le film fait donc rire, involontairement du moins, et c’est dommage. Et surtout, le métrage contient son lot de scènes maladroites, ou un brin too much. La scène de la douche, j’en parlais, mais elle n’est pas la seule. Il y a toute une série de moments qui ne fonctionnent pas vraiment et qui font lever un sourcil, en partie car certains moments n’ont pas vraiment de sens. Voir Freddy se balader dans le monde réel par exemple, c’est un peu étrange. Le fameux massacre de la piscine en est un bon exemple, avec un Freddy en plein milieu d’une bande de jeunes que l’on ne connait même pas pour la plupart, et qui tue au pif, avant de partir et de pouvoir disparaître voir de provoquer des effets pyrotechniques, dans le monde réel.

Bon, il y a aussi ce pauvre oiseau qui s’enflamme et explose, sans raisons apparentes. Et c’est dommage, car à côté, il y a également des choses plus intéressantes, dans le fond oui, mais aussi dans la forme. Le sous texte gay bien présent dans le métrage n’est finalement pas si bête, avec les parents de Jesse, le héros, qui se demandent si leur fils se drogue et autre. Amusant, mais pas si mal trouvé. Quand au reste, même si le film alterne le chaud et le froid, il faut avouer que certaines idées visuelles sont intéressantes, et même plutôt impressionnantes, encore aujourd’hui. La scène où Freddy arrive dans le monde réel en sortant littéralement de Jesse est impressionnante, même si elle pose quelques questions par la suite qui n’auront aucune réponse (comment Jesse survit-il finalement ?). Quelques autres scènes éparpillées dans le récit auront plutôt de la gueule visuellement, prouvant que malgré l’urgence et un scénario qui ne sait pas trop où aller, Jack Sholder a pu par moment tirer le meilleur de ce qu’il avait. Les apparitions de Freddy et son maquillage quelque peu changé sont parfaitement en valeur dans le métrage, les scènes dans la chaufferie ont toujours une ambiance assez réussie, les rares vraies scènes de cauchemar sont imaginatives et marquantes. C’est vraiment dommage au final que le film s’éparpille et parte sur une nouvelle idée sans pleinement l’exploiter ou l’expliquer, car à défaut d’être une excellente suite qui aurait renouvelé la saga, puisque dans tous les cas les fans du premier se seraient plaints et la mythologie serait revenue dans le troisième opus comme c’est d’ailleurs le cas, ce second opus aurait pu être une alternative osée et bien fichue. Dans les faits, cela reste osé, divertissant, mais pas inoubliable.

Les plus

Un film qui ose se démarquer du premier
Quelques scènes marquantes
De bons effets spéciaux
L’ouverture
Freddy, toujours menaçant et presque sans humour

Les moins

Un concept peu expliqué et développé
Bancal a bien des niveaux
Quelques passages ridicules

En bref : Une première suite qui ose faire des choses, quitte à se planter une fois sur deux. Pas parfait, souvent bancal, il n’en reste pas moins que La Revanche de Freddy est une série B sympathique avec quelques scènes marquantes.

4 réflexions sur « LA REVANCHE DE FREDDY (A Nightmare on Elm Street 2: Freddy’s Revenge) de Jack Sholder (1985) »

    1. Oh désolé, je n’avais pas vu ton commentaire (alors que j’ai ENFIN du temps pour moi, tout plein de temps !)
      Ah mais totalement, je l’ai toujours dit, je ne suis pas fan de Craven, mais il y a un film de lui que j’adore, et c’est Les Griffes de la Nuit. Mais là en fait j’ai surtout ressorti le coffret Blu-Ray des sept films, donc attend toi prochainement aux autres (bon très très prochainement, les textes sont déjà écrits, et les captures déjà faites jusqu’au triste sixième film).

        1. C’est ça, mais bon, à part le 6, j’ai une certaine affection pour la saga 😉 Attends toi aussi à quelques films inconnus de tous (même de senscritique et autres sites).

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