SEA FEVER de Neasa Hardiman (2019)

SEA FEVER
Titre original : Sea Fever
2019 – Irlande
Genre : Fantastique
Durée : 1h35
Réalisation : Neasa Hardiman
Musique : Christoffer Franzen
Scénario : Neasa Hardiman

Avec Hermione Corfield, Dag Malmberg, Jack Hickey, Ardalan Esmaili, Olwen Fouéré, Dougray Scott et Connie Nielsen

Synopsis : Dans le cadre de ses études, Siobhán, étudiante en biologie marine, doit passer une semaine sur un vieux chalutier rouillé. Elle se sent rapidement mise à l’écart par les membres de l’équipage. Peu de temps après leur départ en mer, une forme de vie inconnue enserre le navire, l’immobilisant au beau milieu de l’Atlantique. Alors qu’une mystérieuse infection commence à se répandre à bord, la jeune femme doit sortir de son isolement et gagner la confiance des marins avant qu’ils ne succombent un à un.

Sea Fever, c’est l’exemple de la petite production qui ne mange pas de pain. Co-production entre l’Irlande, la Suède, la Belgique, l’Angleterre et les Etats Unis (on va simplifier en disant que le film est majoritairement Irlandais, et cela s’entends aux accents), le tout pour un budget ridicule, il s’agît là, comme souvent lorsque le budget est bas, d’un huis clos. Mais un huis clos, sur un bateau, en mer. Le reste est respecté, avec un nombre d’acteurs limités, et un concept qui permet de tenir en haleine pendant la courte durée du film, 1h35. Et si la pochette ou même le début du synopsis laisse présager le classique film de monstre aquatique, Sea Fever s’en éloigne pourtant très rapidement pour aller puiser son inspiration ailleurs, du côté de The Thing, avec une infection qui se repend. On y trouvera même des idées de tests pour déterminer qui est contaminé et qui ne l’est pas. Les ressemblances s’arrêtent heureusement là, puisqu’il est plus question de virus que de contrôle par une créature inconnue. Sea Fever met en avant la jeune Siobhan (et oui, j’ai du me relire pour l’orthographe), jouée par Hermione Corfield, une jeune étudiante qui rejoint une équipe de pécheur afin de pouvoir étudier sur le terrain la biologie marine. Immédiatement, on se rend compte que niveau personnages, ce n’est pas la folie en tout cas, tous les clichés semblent être là. Le vieux loup de mer et sa femme qui vont aller dans une zone pourtant interdite et ce sans avertir le reste de l’équipage, ce qui bien entendu amènera des soucis lorsque l’équipe est en danger et pensera que les gardes côtes connaissent la localisation du bateau. On a celle qui fait office de mère, la vieille femme qui connaît tout le monde et prend soin de tout le monde. Le mécanicien doué qui veut changer de travail mais reste malgré tout empiété à bord, sans oublier le jeune qui voudra forcément impressionner notre héroïne car il en pince pour elle.

Niveau cliché, on n’échappera pas non plus à quelques décisions discutables de la part des personnages, même si l’on peut les excuser en mettant en avant le côté isolement en mer et danger inconnu, ce qui est d’ailleurs explicitement indiqué dans le métrage pour au départ rationnaliser le sort d’un autre bateau découvert dans les environs. Bien entendu, le mal de mer et l’isolement ne sont aucunement en cause, puisque notre étudiante et la bande de pécheur, en bravant l’interdit et en allant là où il ne fallait pas (car il y a des baleines et dauphins dans la zone), se retrouve face à une créature d’origine inconnue qui s’accroche à la coque, et qui va contaminer l’eau servant à abreuver les pécheurs, répandent ainsi à l’intérieur de leurs corps des petits parasites, des larves, qui ne vont pas leur faire que du bien. Et bien entendu, sans surprise, à partir de là, quelques clans vont se former, avec notre héroïne en plein milieu, elle qui a un niveau d’étude supérieur et connaît de base la vie aquatique de manière plus scientifique que de simples pécheurs. Il y aura ceux qui tentent de rester rationnel et qui ne veulent qu’une chose, à savoir rentrer chez eux, et ceux qui eux voient immédiatement le côté plus dangereux de la situation, et une possible contamination une fois rentrés sur la terre ferme. Il va donc falloir trouver une solution, et parvenir à convaincre les autres. Bon point pour Sea Fever, s’il n’innove en rien dans ce qu’il raconte, il se fait suffisamment solide et sérieux pour plaire à l’amateur. La mise en scène est plutôt bonne, la photographie propre et agréable, et les rares plans où des créatures apparaissent ont de la gueule.

Mais surtout, Sea Fever ne tente pas d’en faire trop avec son budget, préférant donc jouer sur l’ambiance (plutôt réussie) que sur la profusion de rebondissements et d’effets spéciaux. Les rares effets, dont certains bien sanglants, sont plutôt bien fichus, et surtout, débarquent sans prévenir, ce qui les fait fonctionner aux yeux des spectateurs. Rien d’exceptionnel ou d’inédit bien entendu, mais une série B faite avec sérieux et qui tient la route sur toute la ligne. Même le final, forcément hautement prévisible, et les divers rebondissements fonctionnent bien. Les acteurs eux sont impliqués malgré des personnages clichés, et certains, notamment les deux principaux, s’avèrent malgré tout attachants, ce qui n’est pas rien. C’est d’ailleurs dans cette dernière partie que la réalisatrice semble plus à l’aise avec son duo de personnages. En résulte des personnages secondaires peu développés ou clichés, ça on l’a déjà vu, ou qui disparaissent du récit de manière un peu trop forcée par moment. C’est d’autant plus dommage que en tant que film fantastique pur et dur, Sea Fever n’est pas du tout mauvais, et surtout, qu’il utilise par moment des éléments bienvenus, sans céder à la facilité de la créature destructrice, et en voulant s’encrer dans un récit scientifiquement plausible. Le spectacle reste en tout cas bien sympathique.

Les plus

Un duo de personnages attachants
La créature, peu montrée et crédible
Les influences sympathiques du métrage
Finalement prenant et assez rythmé

Les moins

Des clichés et facilités
Quelques personnages trop en arrière plan
Assez prévisible dans les grandes lignes

En bref : Sea Fever est une petite série sympathique, qui essaye d’être réaliste. Quelques défauts d’écritures, quelques clichés dans les personnages, mais l’ensemble reste bien fichu et attachant.

14 réflexions sur « SEA FEVER de Neasa Hardiman (2019) »

  1. J’ai cru que tu nous faisais l’année des méduses (en hommage à Caroline Cellier) 😉 mais cette fièvre est d’une autre nature. Elle me tente bien, j’avoue.

    1. Il faut aimer les huis clos en bateau (je me suis refais le 1er Janvier TRIANGLE de Christopher Smith d’ailleurs, mais déjà chroniqué). Ce n’est pas parfait mais j’ai trouvé ça très sympa, allant jusqu’à acheter l’édition sortie chez ESC en Août.

        1. Oui j’aime énormément. On peut toujours chercher la petite bête ou la petite incohérence comme toujours avec ce genre de concept, mais ça tient quand même super bien la route, le suspense fonctionne, les acteurs sont top. Et il y a quelques images marquantes en plus, comme la découverte de tous les cadavres sur le pont à un moment.

            1. Voilà, ça fait toujours plaisir de voir que 80% du temps, on se rejoint et qu’on est d’accord ^^ Après étonnement, en général, je n’aime pas trop le réalisateur,TRIANGLE est véritablement pour moi SON grand film. Le reste me laisse de marbre.

              1. Ah oui ?
                Étonnement en effet. J’ai découvert Chris Smith au ciné avec « Creep », un film choc. Pas par si’ originalité, mais par sa réalisation et son sous-texte social fort. Un film puissant. J’ai vu aussi « Severance » au ciné, encore une claque, à la fois drôle et caustique, et puissamment armé dans son côté méta. « Black Death », autre réussite à mes yeux, qui m’a emporté là où je ne pensais pas me retrouver (on est pas loin de chez Ari Aster d’ailleurs). Me reste le « Detour » à voir. Je crois me souvenir que tu l’avais chroniqué.

              2. Je n’avais pas adhéré à CREEP (ouais du coup je partais mal dés son premier film). Ni à SEVERANCE d’ailleurs, je n’avais pas adhéré à son humour. BLACK DEATH jamais tenté car ces univers là ne me parlent déjà pas de base, mais je me dis que je devrais peut-être lui donner une chance, sait-on jamais.
                DETOUR ? Honnêtement ça ne me dis rien, pas certain de l’avoir vu ou chroniqué tiens. Ou alors sous un autre titre ? Non vraiment je ne vois pas.
                (Et finalement, nous avons largement dévié du sujet de base haha. Tu as du remarquer que je met surtout là les films de 2020 dont je n’ai pas eu le temps de parler, il ne va y avoir que ça durant tout le mois de Janvier, et j’en ai encore à voir)

              3. Ce ne doit pas être chez toi alors que j’ai lu une critique de Detour.
                Il faut que je prenne le temps de lire ton article sur « you should have left ».

              4. Ouais j’ai bien vérifié partout, pas de Détour, à part les Mortel chez moi (et encore, je dois écrire sur Détour Mortel 1 et 3 pour avoir l’intégrale sur le site).
                Oula, ne te sent pas obligé, comme beaucoup, j’ai trouvé ça assez soporifique malgré deux bons acteurs que j’apprécie. Blumhouse en 2020, c’était vraiment…. discutable au mieux, mauvais en général.

              5. Non celui là il est sympa bien que trop long. Mais à côté, Blumhouse en 2020, c’était YOU SHOULD HAVE LEFT donc, et NIGHTMARE ISLAND. Film numéro 1 de mon flop 2020 si ma mémoire est bonne, c’est te dire le niveau de nullité du truc.

  2. Loué au pif ce soir, pour 100 yens. Un film « d’horreur » en pleine mer, on a plongé sans hésiter. Et ce fut une très heureuse petite surprise, je te rejoins pour la plus grande partie, moi j’aurais même mis une note un poil plus élevée. Malgré ses petits défauts, je trouve que SEA FEVER fait mieux que beaucoup de grosses productions récentes, dans le genre. Vraiment chouette.

    1. Mais c’est la semaine des belles découvertes pour toi dis donc (je viens de me rappeler que tu dois être en vacances, ceci explique cela).
      Oui 12 j’ai été peut-être un peu méchant, j’ai aimé au point d’acheter le Blu-Ray sortis quelques mois après l’avoir vu en plus. Mais il était cool c’est vrai, sérieux, sans en montrer trop (et donc en restant plus ou moins crédible avec sa menace, moins on l’a voit, plus on peut y croire).

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