BERLIN ALEXANDERPLATZ de Burhan Qurbani (2020)

BERLIN ALEXANDERPLATZ
Titre original : Berlin Alexanderplatz
2020 – Allemagne
Genre : Drame
Durée : 3h03
Réalisation : Burhan Qurbani
Musique : Dascha Dauenhauer
Scénario : Burhan Qurbani et Martin Behnke

Avec Welket Bungué, Jella Haase, Albrecht Schuch, Joachim Krol, Annabelle Mandeng, Nils Verkoojien et Richard Fouofié Djimeli

Synopsis : Francis, 30 ans, originaire de Guinée-Bissau, émigre en Allemagne et essaye de faire sa vie à Berlin. Il travaille au noir sur un chantier de construction sur l’Alexanderplatz.

Berlin Alexanderplatz, au départ, c’est l’adaptation d’un roman paru en 1929 et écrit par Alfred Döblin. Oui, ça date. Ce n’est d’ailleurs pas la première adaptation, puisqu’il y a eu en 1980 une mini série de 14 épisodes basé dessus, pour une durée totale de 15h. Autant dire que le roman est donc un gros pavé, qui se déroule dans le Berlin des années 20. Le choix de cette nouvelle adaptation de 2020 (sortant à priori chez nous en 2021), c’est de délocaliser l’intrigue des années 20 jusqu’à les autres années 20, celles de nos jours. Le sujet lui reste le même, un homme sort de prison (enfin, ici, c’est un émigré qui arrive en Allemagne) et essaye de vivre une vie honnête, mais il va très rapidement faire des choix douteux et se retrouver à travailler pour des gangs et se retrouver dans galères improbables qui vont lui coûter beaucoup. Si la série durait 15h, ici le métrage condense l’intrigue, les personnages, et voilà que tout cela dure 3h03. Bon, ça reste 3h03, pour un film de cinéma, cela reste long (même si parfois on a l’impression que ça devient limite la norme pour certains films). Le personnage principal n’est plus un Allemand donc mais un émigré, Francis, qui arrive à Berlin et va dans un premier temps travailler sur un chantier. Mais face à son environnement, puis avec une envie simple, celle de pouvoir rêver, d’aspirer à mieux, d’avoir droit à mieux. Et c’est ainsi qu’il va se lier d’amitié, enfin, « d’amitié « avec Reinhold, petit dealer qui se sert justement d’immigré pour vendre de la drogue dans des parcs. Et pas que, ses activités sont beaucoup plus vastes.

Le film nous montre donc le parcours de Francis durant cinq chapitres à durée variable. Si en soit, l’histoire est la classique intrigue de la chute aux enfers, du retour du bâton en quelque sorte, l’ensemble est suffisamment solide pour intéresser, même s’il faut bien l’avouer, on comprend très rapidement où le film veut en venir, et surtout, le but narratif de chaque personnage. Ce qui ne veut pas dire qu’à certains moments, quelques retournements de situations restent intéressants et plutôt bien vus. Immédiatement, on comprend oui que Reinhold sera l’élément négatif, néfaste dans la vie de Francis, et pourtant, il va s’accrocher à lui, à ses promesses. Francis veut la belle vie, et voit dans ce nouveau monde qui s’ouvre à lui une « belle » opportunité. Malgré les coups bas, les traitrises de la part de Reinhold, qui arrivent d’ailleurs plutôt rapidement, et qui fera perdre un bras à Francis. Mais non, c’est pour lui la seule manière de s’en sortir, de gagner de l’argent facilement, sans avoir à justifier son origine, sa vie, ses choix, sans être jugé. Mais bien entendu, que serait un film fleuve sans une femme, et celle-ci, bien que débarquant assez tardivement, est au centre du récit, et narre le film d’ailleurs. La femme de la vie de Francis, qu’il mettra enceinte d’ailleurs, ce sera Jella Haase (Un Prof pas Comme les Autres, Kidnapping Stella), décidemment une excellente actrice qui sait varier les rôles et les genres.

Pendant deux heures, Berlin Alexanderplatz, malgré des facilités, passionne. Il faut dire que les acteurs sont tous bons, et que l’ambiance, aussi bien visuelle que sonore, est maitrisée. La mise en scène est plutôt sobre, et a certes recourt elle aussi à des facilités (la nuit éclairée souvent aux néons), mais ça fonctionne, et ça renforce clairement l’ambiance du métrage, cette impression de cauchemar qui s’agrippe au personnage principal et ne souhaite vraiment pas lui donner d’échappatoire. Le problème, c’est que le film accuse une petite baisse de rythme dans son dernier tiers, sa dernière heure, dés qu’un personnage en réalité quitte le métrage et que Francis acquiert un nouveau statut dans son travail. Pourtant l’intrigue se resserre alors autour des trois personnages principaux, mais il faut croire que le réalisateur a sans doute eu un peu de mal à tenir son intrigue sur les trois heures. Cette dernière partie reste intéressante, tout comme sa finalité, mais on a surtout l’impression qu’elle ne fait que confirmer ce que l’on savait déjà (via le personnage de Reinhold encore une fois), et qu’elle prend parfois un peu trop de temps, comme pour rendre son retournement final plus poignant, mais qui reste malgré tout plutôt logique dans l’intrigue générale du film, dans cette spirale de violence. On peut regretter que Francis passe son temps à faire les mauvais choix, soit trop naïf, et c’est vrai. C’était peut-être déjà le cas dans le roman. Mais cela montre aussi comment un peu d’argent peut faire rêver les gens et leur faire croire qu’ils contrôlent leur vie, alors qu’ils ne sont que les marionnettes des autres.

Les plus

Très bien réalisé
Une intrigue sous forme de tragédie
D’excellents acteurs
Quelques moments forts

Les moins

Francis est sans doute beaucoup trop naïf
Quelques longueurs

En bref : Adaptation moderne d’un roman de 1929, Berlin Alexanderplatz est une tragédie de 3h faite avec sérieux, bien réalisée, bien filmée, avec d’excellents acteurs, mais néanmoins un peu trop long pour une finalité réussie mais prévisible.

2 réflexions sur « BERLIN ALEXANDERPLATZ de Burhan Qurbani (2020) »

  1. Tu changes de registre.
    Le titre le disait qq chose. La série allemande sans doute plus que le roman. Vu ce que tu décris, même en trois heures, ça paraît short.

    1. Mais je change toujours de registre comme de chemise, c’est bien connu 😉
      Si aucun report, j’avais lu la date d’Avril pour une sortie Française, mais bon, vu en plus la durée de 3h03, pas sûr que ça tienne.
      Short, mais pourtant paradoxalement quelques longueurs. Un peu comme si la naiveté ou le manque de diversité sur la durée dans la psychologie du héros a du jouer pour moi. En tout cas de ce que j’ai lu, le film divise énormément. Certains l’ont trouvé juste raté, d’autres excellent.

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