BOOGIE NIGHTS de Paul Thomas Anderson (1997)

BOOGIE NIGHTS

Titre original : Boogie Nights
1997 – Etats Unis
Genre : Drame
Durée : 2h35
Réalisation : Paul Thomas Anderson
Musique : Michael Penn
Scénario : Paul Thomas Anderson

Avec Mark Wahlberg, Julianna Moore, Burt Reynolds, Don Cheadle, John C. Reilly, William H. Macy, Heather Graham, Philip Seymour Hoffman, Luis Guzman, Thomas Janes et Alfred Molina

Synopsis : À la fin des années 1970 en Californie, Eddie Adams travaille dans une boîte de nuit. Il est repéré par Jack Horner, un réalisateur de film pornographique. Aidé par son pénis dont la grande taille est hors du commun, et de son talent pour le jeu d’acteur pornographique, le succès arrive rapidement. Deux années consécutives, il obtient plusieurs récompenses pour ses films. Il devient ami avec d’autres acteurs et des membres de l’équipe technique, s’achète une voiture de luxe et s’installe dans une nouvelle maison. Les années 1980 arrivent…

Je ne sais plus exactement ce qui m’avait poussé à l’époque à regarder Boogie Nights, mais je me souviens parfaitement de son passage à la télévision, de l’avoir enregistré sur VHS, et de la pochette (celle où l’on ne voit que le jean de Mark Wahlberg, un poil déboutonné) que j’avais récupéré dans un programme télé. Ça ne nous rajeunit pas, ça doit dater de 1998 ou 1999. On passera sous silence le fait que je n’avais pas 16 ans. Pas loin du tout, mais pas 16 ans. Bref, Boogie Nights m’avait impressionné, pour son visuel, ses plans, son ambiance typée années 70 puis années 80, sa fraicheur… puis son côté brut de décoffrage. Ça n’a pas changé avec les années, avec le très beau dvd collector toujours fièrement dans ma collection, puis les belles copies HD, qui m’auront fait revoir le film, et fait que, ben, je vous en parle aujourd’hui, à une époque où cela n’est même pas utile, car avouons le, aujourd’hui, et après plusieurs films, tout le monde connait Paul Thomas Anderson, et plus personne ne confonds Paul T. Anderson et Paul WS Anderson, l’un ayant du talent, l’autre était un tâcheron qui s’est perdu depuis des années. Bref, j’ai revu Boogie Nights. Et dés le plan d’ouverture, gigantesque plan séquence commençant dans les rues avant de suivre des personnages dans une boite de nuit, les uns après les autres, le tout sur une musique bien années 70 (Best of My Love, par Emotions), j’étais à nouveau séduit, à nouveau plongé dans la vie nocturne des années 70. Ce qui choque dés le premier coup d’œil, c’est la minutie de la mise en scène d’Anderson. Il ne laisse rien au hasard, et aime les plans séquences, mais sait les dynamiser et y raconter assez de choses pour ne pas simplement faire du style pour du style, non. L’autre chose qui marque, c’est le casting. On pourra toujours rester à fantasmer sur le casting que voulait Anderson au départ, avec soit Leonardo Dicaprio, soit Joaquin Phoenix dans le rôle titre, ou encore Bill Murray ou Harvey Keitel pour jouer Jack Horner le réalisateur. Sans oublier Drew Barrymore pour Rollergirl. Bon, le casting final n’a pas à rougir loin de là, il est même magique. Mark Wahlberg, Burt Reynolds et Heather Graham pour les rôles cités plus hauts, mais pas que, à côté, on trouve Julianna Moore, Don Cheadle, John C. Reilly, William H. Macy, Philip Seymour Hoffman et même dans des rôles débarquant tardivement, dans la seconde partie donc, Thomas Jane et Alfred Molina.

Le casting est une des premières forces du métrage, tant chaque acteur est parfait dans son rôle. Mention à Burt Reynolds, qui n’a donc pas volé ses prix récoltés pour Boogie Nights. Bref, le film. Boogie Nights, c’est le parcours du jeune Eddy Addams de Torrance. Un jeune en soit banal mais pas très doué, qui n’a pas terminé le lycée, travaille de jour dans une station service et de nuit dans une boite de nuit, a une petite amie. Rien de palpitant. Si ce n’est qu’il est doté d’un sexe de 33cm et qu’il est remarqué par le réalisateur de films X James Horner, qui va alors le prendre sous son aile et le propulser sous son nom de scène : Dirk Diggler. Le retranscription du milieu dans les années 70, du moins tel que l’on peut l’imaginer, est plutôt réussie. Surtout qu’Eddie tombe donc sur la bonne personne avec Jack, lui qui filme du X, mais à l’ambition de faire bien plus. Il veut faire un film où même après que le spectateur ai lâché la purée, il ne quitte pas l’écran, il veut la fin de l’histoire. Du porno à histoire en quelque sorte donc. Il rêve de cinéma tout simplement. Non, mieux, il aime le cinéma, et il a autour de lui une équipe motivée qui aime le cinéma (ou la musique dans le cas de Buck et sa passion pour les basses haha). La vision du milieu lors des années 70 montre bel et bien un milieu qui reste un milieu pour adultes, forcément, et où on s’envoie en l’air devant la caméra, mais surtout un milieu presque familial. Avec du respect entre le réalisateur, les acteurs, le directeur de la photo, le producteur, le caméraman, où tout le monde se retrouve le weekend pour faire la fête chez Jack, ou en soirée dans la boite de Maurice, ou tout simplement ou chacun peut donner ses idées pour le prochain tournage. Et Eddie débarque, tout innocent, voulant faire plaisir à tout le monde dans le milieu, avec des étoiles pleins les yeux, et va pouvoir monter, monter, et s’acheter son rêve, avec une grande maison, une belle voiture bien voyante. Les récompenses affluent en festival, et comme un subtil dialogue le dit, c’est le SUCSEX !

Alors tout n’est pas non plus rose, comme le prouve la vie familiale de Little Bill, le producteur, dont la femme le trompe tous les jours avec le premier venu, mais dans l’ensemble, les années 70 montrent le milieu avec sérieux, intégrité, respect même. Puis vinrent les années 80, la chute, la drogue, et surtout, la vidéo, la VHS. Dans son optique de faire du film, du cinéma, bien entendu que Jack refuse ce format qui pour lui ressemble à de la merde (en même temps, filmer directement un film en VHS, peu importe le film, je ne saurais lui donner tort), mais lorsque faire de la vidéo devient le seul moyen de survivre lorsque les financements ne sont plus là, c’est la chute. Pour Jack, qui voit ses films devenir des films tout simplement vulgaires qu’il tourne sans envie. Pour Eddie/Dirk, qui plonge dans la drogue, croit être la star ultime, quitte à se mettre tout le monde à dos, et quitte tout ça en espérant voler de lui même, car « he’s gooooot the power ». Pour Buck (Don Cheadle), qui espère enfin se lancer dans sa propre entreprise, mais voit son passé dans le milieu du X devenir un frein à ses ambitions. Pour Amber (Julianne Moore) qui n’est clairement pas dans la capacité de récupérer son petit garçon, la faute à son travail, ses soucis de justice, de drogue. Tout le monde chute, la drogue anéantit tout, et mêmes les personnages honnêtes payent le prix (Jack qui tourne sans envie juste pour survivre, Buck qui n’a jamais fait de mal à personne, ne se drogue pas, ni rien). La seconde partie de Boogie Nights est dure, rude même. Une descente aux enfers progressive mais qui compte bien continuer presque jusqu’à ses derniers instants, qui ne ménage personne, pas même le public, comme le prouve cette longue scène plutôt endurante en limousine, avec ses deux pauvres notes de musiques répétées en boucle et faisant monter la tension, rapprochant forcément l’inévitable. Et avec 2h35 au compteur, Paul Thomas Anderson prouve qu’il maitrise son sujet, peut faire un film long, et surtout, peut faire un film absolument passionnant sur un sujet qui était véritablement casse gueule. Ce qui sera un peu le cas sur chacun de ses films d’ailleurs.

Les plus

Un casting de malade, de stars reconnues et montantes
Une mise en scène virtuose de tous les instants
L’ambiance années 70 et 80
La bande son, boogie !
Une première partie presque joyeuse et dansante
Une seconde partie très dure

Les moins

Nudité, drogue, violence, dialogues crus, pas pour tout le monde

En bref : À la fois nostalgique d’une époque, regard sur une industrie, sans oublier une étude de personnages divers et qui cachent presque tous une part sombre, Boogie Nights, c’est l’ascenseur des années 70, avant la rude chute des années 80 et le retour à la dure réalité des choses. Un grand moment de cinéma, filmé avec virtuosité, mais sans doute pas pour tout le monde vu ses excès.

4 réflexions sur « BOOGIE NIGHTS de Paul Thomas Anderson (1997) »

  1. Je ne sais pas ce qui me retient encore de regarder ce film que j’ai en DVD. J’ai vu tous les autres Anderson, et je les adore. J’ai lu (une partie, car tu dévoiles beaucoup l’histoire) ton éloge formidable. J’y ai trouvé les éléments moteurs du cinéaste : l’élégance de la mise en scène, la reconstitution des 70’s (qu’il retrouvera avec bonheur dans le foutraque « Inhérent vice »), la description précise d’un univers (ici celui du porno chic US qu’on entrevoit aussi dans Body Double de De Palma), les liens complexes de manipulation,… Bref, tout pour plaire, manquent juste Joaquin Phoenix et DD Lewis pour couronner le tout 😉. Décidément, il faut que je m’y mette.

    1. Je suis sincèrement désolé, deux films de suite que je parle de grands cinéastes, et pas de bol, deux films de suite que je choisis leurs films que tu n’as pas vu. Du coup forcément le débat sera court. Mais pourquoi n’as tu jamais tenté ce BOOGIE NIGHTS aussi ?? Normalement c’est moi qui ai un train de retard sur les grands films à force de vouloir tout ce qui me tombe entre les mains haha (du coup oui, je révèle quelques minimes éléments de la seconde moitié, tu as bien fais de t’arrêter, pensant qu’aujourd’hui, tout le monde avait vu le film, ou le cas contraire, que le sujet ne les intéressait juste pas du tout).
      Bon alors oui, je te conseille absolument ce film, bijoux de mise en scène, casting énorme dans tous les coins, la représentation de l’époque et du milieu. INHERENT VICE j’ai eu du mal la première fois, je le trouvais justement trop foutraque tiens, mais avec le recul, j’aime beaucoup 😉

      1. C’est clair que Inherent Vice né se laisse pas aisément domestiquer, c’est une toile fauve, quasi abstraite, clairement dans l’esprit de Pynchon. Mais Phoenix tout en rouflaquettes pour le doc Sportello suffit à tenir le tout.

        1. C’est ça, il n’est pas facile d’accès, il est hermétique et reste dans son « délire » on dira. Phoenix y est clairement exceptionnel, ça rien à redire. Il faudra que je tente un second visionnage tiens. Ayant depuis digéré le film et sachant à quoi m’en tenir, de nouveaux éléments me sauteront peut-être aux yeux.

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