CASINO de Martin Scorsese (1995)

CASINO

Titre original : Casino
1995 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 2h58
Réalisation : Martin Scorsese
Musique : –
Scénario : Martin Scorsese et Nicholas Pileggi

Avec Robert De Niro, Sharon Stone, Joe Pesci, James Woods, Don Rickles, Kevin Pollak, L.Q. Jones et Dick Smothers

Synopsis : Au début des années 1970, Sam « Ace » Rothsteinn est envoyé à Las Vegas par la mafia de Chicago pour diriger l’hôtel-casino Tangiers financé en sous-main par le puissant syndicat des camionneurs et qui sert de paravent à la mafia. Il a un contrôle absolu de toutes les affaires courantes, et gère d’une main de fer cette « terre promise », tandis que l’argent coule à flots. Le Tangiers est l’un des casinos les plus prospères de la ville et Ace est devenu le grand manitou de Vegas, secondé par son ami d’enfance, Nicky Santoron . Mais celui-ci va peu à peu prendre ses distances pour s’engager dans un chemin plus sombre et criminel. Impitoyable avec les tricheurs, et obsédé par la maîtrise de tous les événements, Rothstein se laisse pourtant séduire par une prostituée, Ginger McKenna, virtuose de l’arnaque et d’une insolente beauté.

Il n’est jamais simple de parler d’un film majeur dans la filmographie d’un réalisateur, surtout quand son film devient un film majeur de l’industrie cinématographique tout court. Un peu comme la somme de tous les précédents films du monsieur, une œuvre dense, longue, 3 heures qui pourtant défilent à la vitesse de l’éclair, portées par des acteurs qui donnent tout ce qu’ils ont, par une narration comme le réalisateur la maitrise depuis un bail, par une caméra élégante qui suit les personnages, les actions, nous plonge littéralement dans un milieu, dans une époque. Ce film, c’est Casino, de Martin Scorsese, de 1995. Oui, je m’attaque à un gros morceau ! Tellement que je me demande par où commencer, s’il n’aurait pas été plus judicieux de me refaire la carrière de son auteur pour analyser chaque œuvre dans le contexte de son époque et de la filmographie de Scorsese, ou bien de vous parler d’autres films que j’adore de lui, mais qui sont plus obscures pour le grand public, comme le dépressif À Tombeau Ouvert avec Nicolas Cage. Mais non, c’est en faisant l’acquisition du Blu-Ray de Casino que je me suis rappelé que je n’avais pas vu le film depuis des années, notamment à cause d’un dvd à la qualité plus que discutable vu sur une installation relativement récente. Mais Casino, c’est le film que tout le monde connaît, qui a été vu, revu, décortiqué, analysé dans ses moindres détails. Une œuvre monstre oui. Une œuvre rentrée au panthéon des grands films, rejoignant le panthéon des grands films de son auteur (et dieu sait qu’il y en a beaucoup), un film qui nous happe avec un style, une mise en scène et une narration si propre à son auteur, qu’il maitrise à présent du bout des doigts.

Et surtout, un film que tout le monde a vu, et où le seul débat sera plutôt aujourd’hui de savoir entre Casino ou Les Affranchis, lequel est le meilleur, lequel a le casting qui brille le plus. Pourquoi comparer ? Les deux sont des grands films, les deux sont des incursions au sein d’un milieu, dans le cas présent, la mafia gérant les casinos de Last Vegas durant les années 70. Et qui dit années 70 dit musique de l’époque, costumes, lumières, élégance. Et qui dit Scorsese dit caméra virtuose, voix off, multitudes de personnages, et par moment, l’irruption de la violence lorsque l’on ne s’y attend pas, pour nous ramener à la réalité, pour nous rappeler que sous l’élégance et les néons nocturnes de Vegas se cache une autre réalité, celle de tous ces trous creusés la nuit dans le désert, dans le noir complet, pour y cacher un cadavre de plus qui ne sera pas retrouvé. Casino est assurément un grand film. Déjà car il nous happe dés sa scène d’ouverture, brillante (malgré un effet bien visible maintenant que l’on peut voir le film en qualité HD et faire attention aux petits détails que la sortie en salle, la VHS puis le dvd ne permettaient pas encore réellement), et que comme souvent avec Scorsese, il nous entraine dans un tourbillon d’événements qui ne s’arrêtent jamais, dans un tourbillon de situation, de personnages, sans jamais s’arrêter, avec une fluidité monstrueuse, dans sa mise en scène, dans sa narration, et donc par extension dans son montage également. Casino, c’est l’histoire de Sam Rothsteinn, que l’on place à la tête du plus grand Casino de Vegas. Traduction, celui qui rapporte le plus, et surtout, celui qui rapporte plus à la mafia qui fait tourner tout ça sans que personne ne s’en doute ou ne lève le petit doigt. Pour l’aider et s’assurer que l’argent coule à flot, on lui met dans les pattes son vieil ami, Nicky, une idée pas mauvaise en soit, ils sont amis après tout, se connaissent, se respectent. Mais c’est en réalité la pire décision, avec autant d’argent en jeu, avec un jeu de faux semblants constant. Car Sam et Nicky, énormes Robert De Niro et Joe Pesci, ont chacun une vision bien différente du business, de Vegas aussi, et des façons de faire bien différentes.

Sam lui veut tout faire légalement, Vegas lui promet enfin la sécurité et la légalité qu’il n’avait jamais eu. Nicky lui, tête brûlée qui fonce dans le tas au moindre mot de travers, c’est l’opposé, il voit Vegas comme un terrain vierge sur lequel il peut se poser pour que ses magouilles puissent prendre de l’ampleur, quitte à se mettre tout le monde ou presque à dos. Et comme dans tout grand film, toute grande tragédie, il y a forcément au milieu de tout ça une femme, Sharon Stone, encore en état de grâce à l’époque (les DTV fumants, c’est quelques années après), rayonnant à l’écran dans le rôle d’une prostituée de luxe, manipulatrice, et qui aime deux choses plus que tout : la drogue, et l’argent. Ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ? C’est bien le cas, car Sam jette son dévolu sur Ginger, n’a d’yeux que pour elle, elle qui est son opposé, n’a pas une vie clean, ni tranquille, qui est gourmande et en veut toujours plus. Sam espérait peut-être que la jeune femme changerait à ses côtés, comprendrait son rêve, ses ambitions, mais à la place, c’est la descente aux enfers, comme souvent chez Scorsese vous me direz ! Dès l’instant où Ginger rentre dans la vie de Sam, et par extension, de Nicky, alors que la relation entre les deux amis commence déjà à se détériorer, ils scellent en quelque sorte leur destin. Dense, passionnant, virtuose, porté par de grands acteurs (n’oublions pas James Woods en second rôle, acteur trop rare mais toujours au top), Casino est bel et bien un grand film, et probablement l’un des meilleurs de Scorsese. Il réutilise certes des codes qu’il a déjà établis dans le reste de sa filmographie, mais des codes qu’il a du coup eu le temps de faire murir, de maîtriser dans chaque petit aspect de la création du métrage que cela relève du génie. Mais tout ça, vous le savez déjà, car qui n’a jamais vu Casino ?

Les plus

Mise en scène virtuose
Trio d’acteurs parfaits
La narration, fluide et passionnante
La vision du milieu dans les années 70
Une autre fresque énorme de la part de Scorsese

Les moins

Quelques effets voyants (l’ouverture et son mannequin)

En bref : Casino, aucun doute là-dessus, c’est un grand moment de cinéma, où chaque plan émerveille, chaque acteur est dans son élément, le montage et la narration sont fluides, la violence fait mal. Scorsese fait ce qu’il fait de mieux : du Scorsese.

10 réflexions sur « CASINO de Martin Scorsese (1995) »

  1. Opus majeur que j’avais découvert en salle, et que tu abordes avec les précautions d’usage, comme intimidé par le monument. Certes, il y a de quoi, mais il y a toujours matière à explorer de nouveaux axes dans une œuvre aussi fertile. Et puis un Scorsese à l’heure où disparaît notre Tavernier national, ça réchauffe un peu le cœur.
    Tu m’as bien entendu donné envie de le revoir, mon dernier visionnage doit remonter à largement plus de dix ans. J’ai le souvenir d’un film fleuve, qui s’écoule comme les pièces vomies d’un jackpot à Las Vegas (« Last Vegas » ? je ne sais pas si tu l’as fait exprès mais c’est une excellente métaphore), une fresque romanesque du crime qui explose sur la musique du Mépris. Ce sont les trous dans le désert, la tête dans l’étau, et bien d’autres horreurs qui, comme tu l’écris très bien, avoisinent les couleurs festives de la cité du vice, où l’on joue son destin à la roulette (italienne).
    Chef d’oeuvre, le terme n’est assurément pas usurpé pour ce film.

    1. Chanceux, j’aurais aimé le découvrir en salles également…
      J’ai eu énormément de mal à écrire ce petit texte, et j’ai d’ailleurs longuement hésité à le poster, et même à l’écrire tout court. C’est certain que comme beaucoup de grands films de Scorsese, c’est vaste, fertile, les angles d’approche sont nombreux, mais comme dit, tout le monde connait, tout le monde a vu. Mais si cela te donne au final envie de le revoir, de le redécouvrir, c’est donc mission accomplie !
      Pour une fois, l’erreur est volontaire et non provoquée par négligence 😉

    2. Moi aussi découvert en salles à l’époque. Quel voyage. Quelle immersion. Je m’en souviendrai toute ma vie. J’avais acheté le CD juste après être sorti du ciné. Et comme toi, ça fait longtemps que je ne l’ai pas revu. Plus de 15 ans je crois. A l’époque je lui préférais LES AFFRANCHIS. Je serais curieux de voir si mon avis a évolué avec le temps…

      1. Je crois que j’ai découvert « Les Affranchis » après avoir vu « Casino ». Ma connaissance de Scorsese a l’époque était très limitée : Taxi Driver, la couleur de l’argent, la dernière tentation du Christ (j’adorais la BO de Peter Gabriel), peut-être Raging Bull. « Casino » a été une sorte de baptêmes mafieux dans l’univers scorsesien.

        1. Et en parlant des univers mafieux chez Scorsese, j’ai depuis un bail mais jamais vu encore un de ses premiers, Mean Streets. Faut que je me motive prochainement.

            1. Tu viens de me motiver ! Faut juste que je termine ce que j’ai déjà en cours niveau films/dramas/jeux, et hop.

      2. Pas encore revu LES AFFRANCHIS pour ma part, depuis bien 15 ans justement, à cause notamment du DVD Français qui t’oblige en plein milieu du film à changer la face du DVD… Faut que je me trouve une belle copie Blu-Ray. Toujours préféré CASINO à l’époque. (ça me rassure de voir qu’après une belle claque, je n’étais pas le seul à acheter le CD en sortant du ciné, je l’ai très souvent fait en sortant du cinéma du centre commercial La Défense, puis go la FNAC à côté).

        1. Un grand « oui » pour les CD. J’avais une énorme collec de bandes originales de films, finalement. Et c’était souvent après être sorti de la salle de ciné ahah. Il n’y avait pas Internet. Le CD, ça permettait de prolonger l’expérience du film tout de suite, à domicile…

          1. Dans mes bras !!! J’ai encore pleins de CD achetés à l’époque en sortant du cinéma : GOLDENEYE, LA MOMIE, VAMPIRES de Carpenter, LA VIE EST UN MIRACLE de Kusturica. Après la collection s’est agrandie avec des imports et autres mais bon. C’est vrai que sans internet, tu attendais un an minimum pour revoir un très bon film en location VHS, et pas d’autres moyens, pareil pour la musique, pas de digital et tout !

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