GHOST SQUAD (ゴーストスクワッド) de Iguchi Noboru (2018)

GHOST SQUAD

Titre original : Gôsuto Sukuwaddo – ゴーストスクワッド
2018 – Japon
Genre : Bouffonnerie habituelle
Durée : 1h46
Réalisation : Iguchi Noboru
Musique : Fukuda Yasuhiko
Scénario : Iguchi Noboru

Avec Ueno Sumire, Mikado Minori, Nakamura Asaka, Yanagi Anna, Abe Ryôhei, Ishikawa Yuya et Akino Yuni

Synopsis : Plusieurs filles ont été tuées, et ne peuvent reposer en paix. Errant sur terre, elles vont se servir d’une femme pour mettre en place leur vengeance.

Je retire tout le bien que j’ai pu dire d’Iguchi lorsque j’ai vu son dernier film, The Flowers of Evil, adaptation de manga qu’il n’avait pas écrit, et s’était donc contenté de réaliser, calmant ainsi son style et étant forcé d’obéir aux studios. Non, Iguchi n’a pas changé, Iguchi ne s’est pas calmé, Iguchi est toujours un sacré cancre. Qui certes traite toujours ses films avec une honnêteté presque touchante, mais qui est toujours un bien piètre technicien, et qui, lorsqu’il écrit, reste persuadé qu’avoir une idée rigolote lui permettra de tenir sur la durée d’un long métrage. Dernier bouffonnerie du monsieur en date donc, datant de fin 2018, Ghost Squad. La pochette annonce la couleur, on sait un peu à quoi s’attendre, ce sera un petit budget, ce sera léger, ce sera stupide. Résultat des courses. C’est un petit budget, c’est léger, c’est stupide, mais ça ne prend pas. Ghost Squad malheureusement, c’est un peu comme revenir 15 ans en arrière, à l’époque de The Machine Girl. Ou plutôt 10 ans en arrière, à l’époque de RoboGeisha, car Ghost Squad n’est pas gore, malgré quelques effets pratiques réussis, et quelques giclées en CGI toujours aussi moches. Nous suivons donc une jeune femme qui veut mettre fin à ses jours, mais qui va décider à la place de venir en aide à trois fantômes. Pour pouvoir reposer en paix et accomplir leur vengeance, elles vont avoir besoin d’aide, que cette femme toujours vivante leur donne de la force. Trois fantômes, trois vengeances qui sont liées, et puis c’est tout. N’attendez là aucun développement particulier, aucun vrai retournement de situation. Pire, Iguchi croit encore une fois qu’il peut filmer un film n’importe comment et tout à coup changer de ton et nous faire ressentir quelque chose.

Monumentale erreur. Le premier gros souci de Ghost Squad, outre le fait que l’on connaît la formule un peu trop bien maintenant, c’est clairement son ton. C’est stupide, léger, peu crédible, ça en fait des tonnes pour être drôle sans jamais vraiment l’être, puis tout à coup, ça nous met une idée débile à l’écran, comme un marteau fait de chair (hommage à Cronenberg ?) qui remplace une main, ou alors un chien fantôme dont un personnage se sert comme d’une marionnette, et non, au moment où une vengeance va s’accomplir, Iguchi nous place des flashbacks, plus sérieux, qui se veulent plus durs, comme pour nous faire éprouver quelque chose pour les personnages. Et ça ne marche absolument jamais. Le ton du métrage ne le permet pas, l’incompétence d’Iguchi non plus d’ailleurs, tout comme le jeu des actrices qui en font des tonnes quasi tout le temps. Difficile oui de se sentir concerné, encore plus quand on se rend compte que ces flashbacks, finalement assez ratés et inutiles, cassent le rythme volontairement, et ne viennent alors permettre au métrage que d’atteindre les 1h46. Et chez Iguchi, c’est souvent long 1h46. Ghost Squad a le classique syndrome du réalisateur, ça aurait pu durer une heure. Une heure, ça aurait fait passer la pilule. Sur quasi deux heures, c’est juste indigeste, et ce malgré l’ajout de quelques idées plus ou moins amusantes sur la fin. Mais encore faut-il y être réceptif, et ne pas en avoir déjà marre du métrage.

Car en plus, Ghost Squad met un certain temps avant de démarrer, et se veut véritablement extrêmement léger durant sa première partie, et bien entendu, incroyablement stupide. Si bien que quand sans prévenir, quelques idées un peu plus folles débarquent, comme le chien fantôme qui va bouffer des visages, ou carrément un pistolet à tête de bébé, il est bien trop tard pour nous faire décrocher un sourire. Pourtant je reste persuadé que les fans d’Iguchi (ça doit bien exister, même si l’espèce est rare) trouveront sans doute leur compte avec Ghost Squad. Peut-être que ce n’est tout simplement plus sur moi, ou qu’à force de voir un réalisateur faire la même chose sans s’améliorer pendant 15 ans, cela m’a lassé. C’est possible oui. Et pourtant, j’avais défendu Karate-Robo Zaborgar et son hommage sincère au genre, j’avais défendu Tomie Unlimited et sa vision grotesque de l’œuvre de Ito, j’avais défendu Zombie Ass même si c’est un film de merde dans tous les sens du terme. Mais Ghost Squad, ça a plus l’odeur d’un RoboGeisha, un film qui se repose sur une seule idée et ne va jamais tenter de froisser personne, restant à la surface des choses, et n’étant qu’un produit inoffensif qui n’a rien à dire, rien à montrer. Ou peut-être juste qu’un film où Iguchi est à la fois scénariste, réalisateur, directeur de la photo (chose qu’il aime faire depuis 2/3 films apparemment) et monteur, c’est juste trop pour ses petites épaules. Perso, je me dis juste qu’il serait bien plus « efficace » sur des films où il ne touche pas au scénario.

Les plus

Allez, soyons gentils, quelques gags peuvent faire mouche

Les moins

1h46, beaucoup trop long
Beaucoup trop léger et inoffensif
Pas très intéressant
Le sang en CGI, non, ça ne passe toujours pas

En bref : Rien à faire, Iguchi ne changera pas, et avec Ghost Squad, il livre un métrage dans la lignée d’un RoboGeisha ou encore Gothic Lolita Battle Bear. Gentillet, lent, peu palpitant, et même énervant parfois.

4 réflexions sur « GHOST SQUAD (ゴーストスクワッド) de Iguchi Noboru (2018) »

    1. Mieux vaut se revoir les vraies aventures originales, et non pas cet ersatz d’un réalisateur qu’Oli et moi connaissons malheureusement un peu trop bien 😉 (je sais pas pourquoi, je m’attendais à te voir réagir sur cet article, dés que je parle d’un film improbable, tu es là 😀 )

        1. Oh mais il fallait le dire tout de suite, je refais un mois spécial Japon si c’est ça, ou je sors quelques sagas douteuses que j’ai en stock depuis des années 😛

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