LAPLACE’S WITCH (ラプラスの魔女 ) de Miike Takashi (2018)

LAPLACE’S WITCH

Titre original : ラプラスの魔女 – Rapurasu no Majo
2018 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h56
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Endô Kôji

Scénario : Yatsu Hiroyuki

Avec Sakurai Shô, Hirose Suzu, Fukushi Sôta, Shida Mirai, Satô Eriko, Okamoto Tao et Dan Rei

Synopsis : Deux personnes sont retrouvées empoisonnées au sulfure d’hydrogène dans des sources chaudes situées dans deux régions différentes. La police sollicite l’aide du professeur Shusuke Aoe, un géochimiste, pour déterminer si les décès ne sont que des accidents étranges ou des meurtres. En enquêtant sur l’affaire, Aoe Shusuke rencontre Uhara Madoka qui devine avec justesse qu’un phénomène naturel a lieu. La police commence à la soupçonner d’être liée aux décès lorsqu’un troisième cas a lieu.

Miike qui adapte un roman de Higashino Keigo, auteur mainte fois adapté au cinéma (ou en vidéo), le tout avec un budget confortable, la Toho derrière le projet, un casting vendeur au premier plan et des acteurs chevronnés pour les seconds rôles, ça ne peut être que bien non ? Non… ? Laplace’s Witch est considéré comme un des romans les plus faibles de son auteur. Pas de bol pour Miike qui doit faire avec. Et encore moins de bol pour lui, qui signe avec Laplace’s Witch non seulement un film anecdotique, ni vraiment bon, ni vraiment mauvais en fait, mais qui est son seul métrage de 2018. Une année pauvre, lui qui nous a habitué, même avec des budgets plus confortables depuis des années, à minimum deux métrages par an, parfois trois ou quatre. Pourtant, d’après les anecdotes, le tournage n’aura duré qu’un petit mois, de Mars à Avril 2017. Coupons déjà court à tout suspense, avec son titre, Laplace’s Witch n’est pas un film fantastique, ni un film parlant de sorcières d’ailleurs, rien de tout ça ici. L’auteur Higashino Keigo, son créneau, c’est le thriller. Et parfois, ça a donné par le passé de bonnes choses. De mémoire, G@me en 2002 était plutôt sympathique, malgré des défauts, de même pour Platinum Data en 2013. Laplace’s Witch, comme souvent, c’est une histoire un peu retors, avec son lot de faux semblants, de manipulations, un meurtre à élucider. En fait, trois meurtres ici. Et donc qui dit meurtre dit enquête, avec ses fouilles, ses théories, ses faux pas, ses rebondissements. Sur le papier, c’est même intéressant, et au début, le film parvient à séduire. Plusieurs personnes sont retrouvées mortes, empoisonnées par du sulfure d’hydrogène. Ce qui écarte la thèse du meurtre, du moins au départ, c’est que tout ceci a eu lieu en extérieur. Comment contrôler un gaz en extérieur, avec tant de facteurs externes, tels que le vent déjà ? Forcément, les victimes se retrouvent être liées, la police va donc chercher de l’aide auprès d’un professeur, qui lui-même sera rapidement aidé par une jeune femme, Uhara Madoka, qui semble posséder un don pour prévoir les choses.

Sur le papier, c’est le jackpot. Tous les éléments sont là pour faire du métrage une enquête prenante et mémorable. À l’écran au départ, ça passe plutôt bien. Miike maitrise sa caméra (mais ça, on ne lui reproche en fait quasi jamais), la photographie de Kita Nobuyasu est sublime (il s’occupe de la photographie des films de Miike depuis Crows Zero 2), le génial Endô Kôji est fidèle au poste et livre une partition musicale aussi discrète que convenant aux images. Les acteurs, même si les premiers rôles me faisaient plus que peur avec Sakurai Shô (je ne suis toujours pas remis de Yatterman) et Hirose Suzu, mais pourtant ça passe bien. Et puis oui, il y a des pointures dans les seconds rôles. Franky Lily par exemple, génial dans The Devil’s Path, aperçu récemment encore dans la série The Naked Director, ou encore Toyokawa Etsushi dont la filmographie avoisine à présent les 100 métrages depuis ses débuts, à l’aube des années 90. Et au départ, ce mélange de talents, cette technique rodée et agréable à l’œil, ce mystère épais, ça fonctionne. Au début oui. Car Laplace’s Witch dure quasiment 2h, et une fois n’est pas coutume avec Miike, déjà, c’est beaucoup trop long, mais c’est aussi beaucoup trop lent, et pas toujours bien passionnant à suivre. Vouloir privilégier l’ambiance, c’est bien. Savoir quand prendre son temps, c’est bien aussi, et c’est quelque chose que l’on perd doucement mais sûrement dans le cinéma actuel, qui doit toujours aller de plus en plus vite. Mais si tout va doucement et se base sur l’ambiance, mais que ce que le film veut nous raconter n’est pas très intéressant, c’est un gros faux pas. C’est le cas avec Laplace’s Witch. L’histoire pourrait être intéressante, elle traite d’ailleurs de plusieurs sujets qui, amenés différemment, traités différemment, pourraient être bons, mais dans les faits, le potentiel n’est jamais exploité.

Que le film veuille se baser sur des faits scientifiques réels, c’est même une bonne chose, cela ajoute du réalisme, rend l’histoire plausible même lorsqu’elle part presque sur le territoire du cinéma fantastique, mais ça ne rend pas le film excitant à regarder. L’ensemble se fait beaucoup trop sage, beaucoup trop lisse, et l’histoire se fait dénuée de tension, de retournements de situations qui nous maintiendraient éveillé, nous scotcheraient au siège. Dans le même ordre d’idées, le film semble balancer toutes ces cartes les unes après les autres passé la première heure, amenant un dénouement assez rapide, qui survient alors qu’il reste encore 20 bonnes minutes au métrage, qui se sent alors obligé de continuer, de tout nous justifier, et de terminer l’ensemble sur une note presque optimiste. Alors là, pour le coup, je n’en veux pas vraiment à Miike, ses choix personnels de mise en scène, à un ou deux CGI près, sont plutôt bons. L’ambiance a été travaillée, tout comme le côté technique qui tient la route, quelques beaux mouvements de caméras sont à signaler. Mais le scénario aurait clairement mérité des réécritures, ou le film a être raccourcis. Ni bon malgré toutes ces qualités, ni mauvais malgré tous ces défauts.

Les plus

Techniquement solide à tout point de vu
Le début fait envie
L’histoire a de bonnes idées

Les moins

Pas très intéressant
Manque de rebondissements, et donc de suspense
Final à rallonge

En bref : Pour son unique film de 2018, Miike adapte un thriller mais ne livre pas le film le plus palpitant du monde. Regardable, plutôt joli pour les yeux, mais pas très intéressant.

2 réflexions sur « LAPLACE’S WITCH (ラプラスの魔女 ) de Miike Takashi (2018) »

  1. Jamais vu. Miike+Sakurai Shô pour moi c’est pas très vendeur ahahah.

    « Sakurai Shô (je ne suis toujours pas remis de Yatterman) »

    MOI NON PLUS !!!

    1. Rigole, un des rares films que j’ai acheté en DVD, neuf, le jour de sa sortie quasi, et que j’ai refilé au premier qui en a bien voulu dans mon entourage, alors que tu sais que je suis très protecteur envers ma collection… Mais non lui j’en voulais pas 😀 Un des pires Miike avec NINJA KIDS et TERRA FORMARS ! À côté, un OVER YOUR DEAD BODY, tout chiant, est quand même mieux grâce à sa mise en scène qui ne t’arrache pas la rétine.
      Mais oui, ce Miike là, pas la peine de le tenter, je me suis dévoué pour toi 😉

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