SAILOR SUIT AND MACHINE GUN (セーラー服と機関銃) de Sômai Jirô (1981)

SAILOR SUIT AND MACHINE GUN

Titre Original : Sērā-fuku to Kikanjū – セーラー服と機関銃
1981 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h51
Réalisation : Sômai Jirô
Musique : Hoshi Katz
Scénario : Akagawa Jirô

Avec Yakushimaru Hiroko, Watase Tsunehiko, Daimon Masaaki, Hayashiya Shinpei, Sakai Toshiya, Yanagisawa Shingo, Oka Tatsuya et Mitsuishi Ken

Synopsis : À la mort de son père, une jeune lycéenne voit sa vie bouleversée lorsqu’elle apprend qu’elle hérite de la direction d’un clan de Yakuza.

Au Japon, Sailor Suit and Machine Gun, c’est culte ! Ça a même eu droit à une suite en forme de série télé dés l’année suivante, 1982, puis une seconde un peu plus tard dans les années 80, avant d’avoir finalement une suite au cinéma en 2015, sans le même casting évidemment. En dehors du Japon par contre, le métrage est déjà moins connu. Pourtant, on a un réalisateur plutôt réputé derrière la caméra avec Sômai Jirô (qui signa aussi le film Typhoon Club en 1985), une des actrices les plus connues des années 80 dans le premier rôle (Yakushimaru Hiroko, dont je vous avais parlé lors de ma chronique sur Detective Story) qui retrouvait le réalisateur un an après Tonda Couple, et qui, dans la lignée de certaines grandes actrices de la décennie passée, interprètera elle-même le thème musical du film (qui sera classé numéro 1 pendant plusieurs semaines au Japon). Et puis, il y a aussi les thèmes du film, Sailor Suit and Machine Gun se moquant gentiment des films de Yakuzas, genre bien connu et apprécié des spectateurs à l’international, notamment grâce aux films de Fukasaku dans les années 70, sans oublier qu’avec son titre, on peut s’attendre à un pur film d’exploitation. Oui, une lycéenne en jupe tenant une mitrailleuse. Sauf que déjà, le film n’est pas vraiment ce que son titre peut laisser présager, et qu’il n’a pas eu une grande visibilité à l’international. C’est comme ça ! Et comme beaucoup, en me lançant dans le métrage, j’en avais certaines attentes avec son titre et son affiche. Attentes quasiment non réalisées, puisque Sailor Suit and Machine Gun est un film étrange, entre comédie et drame, entre vrai film de Yakuza et quête initiatique pour une jeune femme qui se retrouve tout à coup propulsée dans un monde qu’elle ne connait pas du tout. Un film léger mais pas forcément comique, moqueur mais pas forcément irrespectueux, attachant mais assez étrange, un peu longuet mais pas désagréable. Mais donc loin de son statut de film culte.

Ici nous suivons donc le parcours d’Izumi, jeune lycéenne qui du jour au lendemain, après la mort de son père, apprend la vérité. Son père était un chef d’un clan Yakuza, un clan qui n’est pas forcément très en forme puisqu’il n’a plus que quatre membres. Et comme le neveu de l’ancien chef n’est plus de ce monde, la seule personne à même de reprendre le clan suivant les souhaits du boss, c’est Izumi. On pourrait presque y voir une pointe de féminisme avant l’heure, puisque notre clan de 4 membres va accepter Izumi comme chef les yeux fermés, allant jusqu’à la protéger au péril de leur vie, sans se soucier de son jeune âge, de son sexe et de son inexpérience, voir de sa naïveté envers le milieu. Nos yakuzas vont d’ailleurs se plier en quatre pour subvenir aux besoins de leur nouveau chef, allant jusqu’à redécorer intégralement leur bureau pour que le tout soit au goût d’Izumi, avec petit canapé confortable, des couleurs joyeuses et la petite machine à café qui va avec pour passer une bonne après-midi. Sauf que Sailor Suit and Machine Gun n’oublie pas d’être aussi un véritable film de yakuza, avec des exécutions, guerre entre différents clans, kidnapping, trahisons et j’en passe. Du coup, c’est de là que débarque le côté étrange, un peu hybride du film, qui nous montre un film de Yakuza violent mais pas trop, et un film plus léger voir surréaliste et moqueur, mais sans être véritablement drôle ni sans même rendre les personnages stupides ou incapables. Je dirais même qu’en se moquant un peu des yakuzas, du moins les principaux du titre (les secondaires des autres clans étant des yakuzas tels qu’on les imagine, brutaux et sans pitié), le film parvient à les rendre attachants. On suit les aventures de nos yakuzas au grand cœur et d’Izumi avec plaisir, toujours dans des situations plus folles, ou semblant sans espoir, même si parfois, la sauce a tout de même du mal à prendre.

Car encore une fois, autour d’eux gravite un univers de yakuzas beaucoup plus crédible, avec ses clans sans pitié, qui tuent, passent à tabac ou manipulent, qui n’hésitent pas à se moquer du nouveau chef qui n’est qu’une jeune femme sans défense mais à la langue bien pendue. Voilà, dans le fond, rien de transcendant, mais un film agréable et attachant malgré de lourds défauts. Surtout que les acteurs font du bon boulot, et que Yakushimaru Hiroko déborde comme toujours d’énergie. Et oui, la fameuse scène qu’on nous vends avec le titre et l’affiche sera bien présente, mais bien tardive et même anecdotique, un comble. Et la forme du film ? Et bien ça tente beaucoup de choses. La mise en scène va privilégier souvent les plans longs, voir filmer beaucoup de scènes en un seul plan. Parfois, ça fait des miracles, tant le réalisateur sait jouer sur le cadre, sur l’espace, sur le placement de ses acteurs, voire lors de certaines scènes comme une discussion dans un bar, sur les reflets dans les fenêtres afin de dynamiser le tout. Ça fonctionne très bien, c’est appliqué. Et à d’autres moments, le film se fait plaisir avec quelques effets qui laissent dubitatif, comme cette scène utilisant un objectif déformant dont l’utilité reste encore à cet instant un mystère pour moi. De même, le fait de privilégier les longues prises affiche clairement quelques limites lors d’autres scènes, notamment lors des passages à tabac, où les coups donnés fonctionnent une fois sur deux. Rien de catastrophique, mais l’ambition de la forme montre parfois ses limites, en plus de donner ci et là quelques longueurs au récit. En tout cas, le métrage reste une curiosité intéressante et aussi attachante que les personnages peuplant l’aventure, mais vouée à décevoir, surtout en le découvrant aujourd’hui.

Les plus

Un clan yakuza attachant
Yakushimaru Hiroko, énergétique et impliquée
Un film qui cultive les opposés
Une mise en scène posée et souvent appliquée

Les moins

Un film souvent plus léger que prévu
Quelques effets ratés ou inutiles
Des longueurs oui

En bref : Sailor Suit and Machine Gun est un film étrange, entre vrai film de yakuza et parodie du genre, entre ses personnages un peu ratés mais attachants, proposant un film simple en apparence mais plein d’énergie, et surtout beaucoup plus doux qu’il n’y parait.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The characters are often endearing
♥ Yakushimaru Hiroko, full of energy and motivated
♥ A film with often opposite styles, ideas, themes, tones
♥ Visually, it’s often well done and it tries a lot
⊗ Not the film we expected
⊗ A few bad effects
⊗ A bit too long
Sailor Suit and Machine Gun is a weird film, between a real Yakuza flick and a parody of the genre, with a few characters, lost but endearing, for a simple film, full of energy, soft in tone, but far from perfect.

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Loving movies

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading