Titre original : エレクトリック·ドラゴン 80000V
2001 – Japon
Genre : Cyber punk
Durée : 55 minutes
Réalisation : Ishii Sogo
Musique : Mach 167
Scénario : Ishii Sogo
Avec Asano Tadanobu, Nagase Masatoshi et Funaki Masakatsu
Synopsis: Dragon Eye Morrison a été électrocuté lorsqu’il était enfant. Depuis, il communique avec les reptiles et libère toute l’énergie électrique concentrée en lui en s’épuisant sur sa guitare. Thunderbolt Buddha, un justicier foudroyé à l’adolescence, le provoque en duel. Pendant leur combat, Dragon et Thunderbolt se rechargent aux sources les plus diverses et iront même jusqu’à utiliser une centrale électrique.
Electric dragon 80,000 V est une expérimentation visuelle et sonore comme on peut en trouver souvent au Japon, mais nulle part ailleurs. Un film fou, dérangé, hallucinant, hypnotique, rare, se retrouvant immédiatement dans la catégorie cyber punk. Ce film, réalisé par Ishii Sogo, est un retour aux sources pour le réalisateur à ses premières œuvres, et lui permet de tourner encore une fois avec Asano Tadanobu après Gojoe, tourné un an auparavant. Asano Tadanobu, un des acteurs japonais les plus populaires et les plus talentueux, ayant eu la chance de tourner avec la plupart des grands metteurs en scène (Kitano pour le film Zatoichi, Miike pour le film Ichi the killer, Tsukamoto pour le film Vital). Un acteur modeste choisissant bien ses projets et restant la plupart du temps dans le cinéma indépendant. Tourné avec un budget très limité, une liberté totale et en noir et blanc, le producteur lui même s’attendait à ce que Ishii lui livre un court métrage de dix minutes. Au final, c’est un moyen métrage de 55 minutes de pure furie qui nous arrive directement dans la gueule, et on ne va pas s’en plaindre. Précautions : pour regarder Electric dragon 80,000 V, mieux vaut ne pas hésiter à mettre les enceintes à fond, et être devant un écran de taille conséquente, le voyage n’en sera que plus agréable, tout comme pour les films de Tsukamoto. Donc, Electric dragon 80,000 V, qu’est ce que c’est ? A part un film de malade totalement jouissif ? Un film cyber punk, avec une histoire très simple, comme d’habitude dans ce genre de métrage. Finalement, il ne s’agît de rien de plus que de deux combattants, que le narrateur va nous décrire l’un après l’autre, qui vont s’affronter dans un duel à mort en usant de leurs pouvoirs, à base d’électricité. Les dix premières minutes du métrage, tout comme les dix dernières, sont des moments instantanément cultes.
Les dix premières minutes nous présentent le personnage de Dragon Eye Morrison, de sa jeunesse à maintenant. Les premières images, après un dialogue sur les dragons qui existent en chacun d’entre nous, nous montre un jeune Morrison grimpant le long d’une tour électrique. La sueur coule de son front, et c’est le drame, la décharge. Cela va le changer, une très forte énergie est contenue dans son corps, et il doit la libérer. Enfant, il n’hésite pas à se battre contre d’autres enfants de son âge, et les met chaos. Cette mentalité va le suivre jusqu’à l’âge adulte, et à chaque fois, cela le conduira dans un couloir ou deux hommes le trainent pour lui envoyer une décharge électrique dans le cerveau, pour le calmer. Cela au contraire ne va pas le calmer, et à l’âge adulte, Morrison va se lancer dans la boxe pour tenter de calmer ses besoins, mais rien n’y fait, le résultat est encore le même. La solution était pourtant simple est devant lui depuis longtemps : la guitare électrique. Dés le matin, après une bonne décharge, Dragon Eye Morrison se lève, prend sa guitare, et s’épuise. Il ne peut plus s’en passer, la guitare devient en quelque sorte sa drogue. Ishii parvient à mettre tout cela en image de manière rapide, claire et nette, sans que l’on ai l’impression de ne pas comprendre ce qu’il se passe sous nos yeux ou de louper quelque chose. Un exploit cinématographique et expérimental des plus réussi. Ishii parvient toujours à trouver le cadrage astucieux qui fera parfaitement ressortir la folie du personnage, aidé en cela par la fantastique bande son de Mach 167. En réalité, Mach 167, c’est le nom du groupe, dont les membres sont Onaga Hiroyuki, qui a déjà travaillé sur la bande son de Gojoe, et Asano Tadanobu lui même, qui se déchaîne à la guitare électrique et en criant sur plusieurs morceaux du métrage. Tout simplement hallucinant. Après l’introduction de ce personnage, « Enter the challenger » !!!! Thunderbolt Buddha entre en scène et nous est présenté de manière totalement différente. Des plans calmes, jouant sur l’aspect double du personnage, tant au niveau physique que moral. Thunderbolt Buddha a en effet deux personnalités, une voulant se tuer, l’autre voulant vivre, et cela se voit physiquement, avec un côté de son visage robotisé en forme de bouddha, et l’autre normale, de chair et de sang.
A partir du moment où les deux personnages nous sont présentés, le combat, totalement fou, peut commencer entre les deux adversaires, qui ont tous deux la faculté de contrôler l’électricité. A la différente que, comme dit dans le titre, Dragon Eye Morrison possède 80 000 volts, et Thunderbolt Buddha en possède 2 millions. On pourrait alors croire, une fois les personnages introduits, à une simple variante de Tetsuo, surtout que le genre est le même et les deux films en noir et blanc, avec une bataille sans merci ou la mutation de la chair avec le métal est changée par la gestion de l’électricité. Heureusement, Electric dragon 80,000 V s’en éloigne et ne choisit pas la même voie. Le milieu du film n’est qu’une sorte de prélude, un combat à distance entre les deux hommes, avant l’inévitable combat final sur les toits de la ville, où les deux personnages vont devoir se recharger à coup de décharges pour déterminer qui sera le gagnant de ce combat, ramenant alors au début, lorsque Asano Tadanobu, pas encore envouté par la guitare électrique, essaye de se calmer en pratiquant la boxe. Le film est d’une force rare et envoutante, et si l’on pourra peut être regretter quelques petites longueurs en milieu de récit, l’ambiance visuelle et sonore nous fait vite oublier cela et nous hypnotise de bout en bout. Un grand retour aux sources pour Ishii. Un film barré où toute l’équipe a l’air de s’être fait plaisir pour faire vivre aux spectateurs une nouvelle expérience.
Les plus
Une expérience unique
Hallucinant
On en prend plein la gueule
Les moins
Hyper épuisant malgré sa courte durée
En bref : Une nouvelle expérience sensitive des plus excitantes, Asano Tadanobu est totalement déchainé, pour le plus grand plaisir de nos yeux.