Titre original : Erufen Rito – エルフェンリート
2004 – Japon
Genre : Animation
Durée : 13 épisodes de 25 minutes
Réalisation : Kambe Mamoru
Musique : Konishi Kayo et Kondo Yukio
Scénario : Yoshioka Takao d’après le manga de Okamoto Lynn
Avec les voix de Kobayashi Sanae, Suzuki Chihiro, Noto Mamiko, Matsuoka Yuki et Hagiwara Emiko
Synopsis: Lucy, une diclonius, mutante aux pouvoirs très dangereux, est gardée dans un laboratoire de haute sécurité dans lequel des études sont réalisées sur ces êtres surhumains. Suite à un accident, elle parvient à s’échapper en tuant sauvagement toute personne entravant son chemin. Une fois à l’extérieur du bâtiment, un garde sniper réussit à la toucher en pleine tête et la fait tomber dans la mer. Le lendemain, Kôta un jeune garçon qui revient dans sa ville natale, Kamakura, retrouve sa cousine Yuka qu’il n’avait plus vu depuis son enfance. Ils décident alors d’aller à la plage, où ils jouaient quand ils étaient enfants avec la petite sœur de Kôta, Kanae, morte suite à une grave maladie. Là-bas, ils rencontrent une jeune fille mystérieuse qui a apparemment perdu la mémoire. Sans savoir où elle habite, Kôta et Yuka l’emmènent chez eux et lui donnent un prénom, Nyu (le seul mot que celle-ci arrive à prononcer). Mais en réalité, Nyu n’est autre que la seconde personnalité de Lucy.
Elfen Lied, c’est une série d’animation bien connue de la part des fans de ce genre de format. Une série courte certes (13 épisodes seulement), adaptation bien entendue d’un manga reconnu, et qui va devenir elle aussi à son tour reconnue pour diverses raisons, dont les principales sont la qualité de son graphisme et de son animation, mais également la qualité de son scénario et de la dimension psychologique des personnages. En effet, ce qui impressionne dés le départ, c’est les possibilités infinies du scénario et les changements de ton que celui ci permet sur toute sa durée. Respectant le manga assez fidèlement pendant la majeure partie des épisodes, le premier épisode s’ouvre (comme chaque épisode) sur un magnifique générique chanté en latin, nous donnant dés le départ quasiment la larme à l’œil, avant de changer totalement de ton en nous plongeant directement dans l’évasion de Lucy. Et avec ça, on se demande devant quel anime on se retrouve. Les têtes sont coupées, les corps tranchées, les cœurs arrachés, les membres volent dans tous les sens. Lucy, calme, fredonnant le thème du générique, avance dans les couloirs, semblant indifférente à ce qui se passe, usant de ses pouvoirs pour tuer tout ceux se mettant au travers de son chemin. Elle finira par atteindre son but en sortant du laboratoire, et en se prenant une balle dans la tête, fort heureusement protégée par un casque en métal, ce qui ne l’empêchera pas d’être blessée et de tomber à la mer. Seulement cela aura une autre conséquence sur elle, excepté le fait de la blesser. Lucy va alors développer une seconde personnalité, totalement différente de la première, celle de Nyu, qui ne sait rien dire d’autre que… Nyu, et reste simple d’esprit.
Sur la plage, alors que Kota retrouve sa cousine Yuka, qu’il a perdu de vue depuis des années, après la mort de sa petite sœur et de son frère, ils vont rencontrer Nyu sur la plage, nue. Ne sachant pas parler, restant simple, ayant un regard d’ange, bref, une fille tout à fait normal si ce n’est les deux cornes qu’elle a sur la tête (en réalité, les vecteurs lui permettant d’utiliser ses pouvoirs), Kôta, poussé par Yuka, va ramener Nyu chez lui. Et c’est là que le scénario va se montrer astucieux et s’éloigner progressivement des images mémorables du début du premier épisode (le carnage sanglant), pour passer d’un genre à l’autre avec une simplicité enfantine, et sans que cela ne semble de trop, ni ne choque. Ainsi, Elfen Lied va très facilement passer de l’horreur pure (qui reviendra dans plusieurs épisodes), au drame humain, voir social, à la comédie légère tout en étant par moment gentiment coquin. Les relations entre les différents personnages sont les gros points forts de cette anime, rendant chaque personnage humain (même lorsqu’ils ne le sont pas vraiment) et attachant, du moins pour les principaux, puisqu’il restera bien entendu quelques personnages sans scrupules qu’il sera très dur d’apprécier. Le passé de ces personnages va se dévoiler quand l’intrigue évoluera, rendant leurs choix difficiles, les tourmentant, alors que les éléments extérieurs vont continuer à se déchaîner contre eux. Lucy est devenue Nyu, mais face au danger et au stress, la personnalité de Lucy reviendra prendre le dessus, ce qui arrivera bien entendu, puisque le gouvernement n’est absolument pas décidé à la laisser en liberté, et encore moins en vie. D’autres diclonius, comme elle, seront lancés à sa poursuite, dévoilant alors le passé des personnages se situant de l’autre côté, ceux que l’on aimerait haïr plus que tout. Les différentes révélations ne les montreront que comme des humains faibles, faisant des erreurs, comme tout les humains.
Dans le fond, outre cette histoire de chasse à l’homme perpétuelle pour la liberté de Lucy, ou tout simplement pour sa survie, Elfen Lied véhicule une histoire forte sur la différence, l’humanité, l’amitié, et bien entendu, l’amour. Lucy est née différente des autres, et elle en a toujours souffert, bien avant d’arriver dans le laboratoire à son jeune âge. A l’école, elle souffrait déjà de sa différence, se faisait maltraiter par les autres. Rejetée en permanence, c’est de ce rejet qu’elle a appris à se servir de ces pouvoirs, mais son enfermement et le supplice qu’elle a endurée durant celui ci ont développés chez elle une haine envers les hommes, haine qu’elle ne contrôle pas. Lorsque Nyu redevient Lucy, seule la présence de Kôta semble apaiser son instinct meurtrier. Kôta quand à lui n’est pas en reste, puisque suite au meurtre de sa petite sœur et de son père une dizaine d’années plus tôt, il a fait l’impasse sur cet évènement jusqu’à en perdre la mémoire. Il voudra alors à tout prix protéger Nyu, comme il aurait aimé protéger sa famille à cette époque là, et une relation tout à fait touchante va se créer entre les deux personnages, déclenchant la tristesse et la jalousie chez Yuka, amoureuse de Kôta, qui ne semble se préoccuper que de cette jeune femme possédant des cornes. Malheureusement, Elfen Lied manquera un peu de crédibilité dans certaines réactions de Kôta, dans son comportement à vouloir aider toute personne dans le besoin (car après Nyu, viendra une autre jeune fille, Mayu, arrivera chez lui, après qu’elle ai fuguée de chez ses parents vu que son père abusait d’elle). Cela ne gêne heureusement pas tant que cela le récit, qui se focalisera bel et bien sur Lucy (Nyu) et Kôta, les personnages forts de cette histoire, et donc, sur la relation qui se créé entre eux deux.
Si Elfen Lied reste la plupart du temps assez sombre, des notes d’humour dans le comportement infantile de Nyu viendront de temps à autre détendre une atmosphère lourde, tant dans la forme que dans le fond, ou chaque personnage humain (outre les principaux) ne ressemble absolument pas à un humain, et rapidement, ce sont finalement les diclonius, malgré leurs réactions violentes et leur haine pour les humains en général (du à leur enfermement par les humains justement) qui se révèlent les plus justes, normaux, et profondément humains. De l’humour, bien souvent coquin, viendra désamorcer dans les premiers épisodes la violence du propos et des images, tandis que par la suite, ce seront plutôt des petits instants de bonheurs innocents qui viendront détendre l’atmosphère, pour nous faire couler une larme. Et les différents épisodes y parviendront très facilement, puisque les liens entre les personnages vont s’agrandir et se dévoiler au grand jour. Car des surprises, il y en aura des tas, et Elfen Lied adoptera toujours le bon ton, sans en faire forcément trop, mais on sera quelque peu déçu par le final bien trop expéditif de la série. Mais il faut dire aussi que le manga était encore en cours de parution au moment où la série s’est produite. Cela n’empêchera guère le spectateur de verser sa petite larme arrivé à la fin de cet univers dense, pessimiste mais profondément humain et réaliste dans ses thèmes abordés.
Les plus
Très glauque et violent
Très triste
Des personnages principaux intéressants
Les moins
Des touches coquines pas utiles
Fin expéditive
En bref : Elfen Lied est la preuve que le gore peut se marier avec le drame, et nous faire verser une larme. Les personnages sont attachants, et sous les images violentes et pessimistes de cette série, l’histoire parvient à véhiculer un message fort sur la différence entre les hommes, et leurs réactions face à la différence, et donc, bien entendu, sur l’amitié et l’amour. Profondément touchant.