RAZORBACK de Russell Mulcahy (1984)

RAZORBACK

Titre original : Razorback
1984 – Australie
Genre : Monstre géant
Durée : 1h31
Réalisation : Russell Mulcahy
Musique : Iva Davies
Scénario : Peter Brennan et Everett De Roche

Avec Gregory Harrison, Arkie Whiteley, Bill Kerr, Chris Haywood et David Argue

Synopsis : Dans une petite ville isolée au milieu du bush australien, un enfant est retrouvé assassiné dans d’étranges circonstances, atrocement mutilé. Son grand-père, d’abord accusé de ce crime horrible, est finalement acquitté. Une journaliste américaine, dépêchée sur les lieux pour un reportage sur les massacres d’animaux, sera elle aussi découverte sans vie peu de temps après son arrivée, tuée de façon similaire. Carl, son mari, se rend sur place pour mener son enquête. Il découvrira qu’un sanglier monstrueux et assoiffé de sang est à l’origine de ces attaques…

Razorback reste, encore aujourd’hui, une œuvre majeure du cinéma de genre, encrée dans son époque (le début des années 80), toujours efficace, toujours agréable à regarder, au visuel ultra léché, et surtout, restera l’œuvre qui a révélé au grand jour un jeune réalisateur, Russell Mulcahy, qui n’a préféré par la suite ne faire que des navets ou des ratages quasi complets, exception de Highlander. Pourtant, sur bien des points, Razorback ne brille pas. Le scénario est très classique, et on se doute dés le départ de qui va rester en vie ou pas. Les acteurs, par contre, s’en sortent plutôt bien, notamment Bill Kerr, jouant le papy qui partira à la chasse au sanglier tueur et Arkie Whiteley, qui nous a malheureusement quittée depuis, en 2001. Malgré la prévision chez le spectateur de certains des évènements qui auront lieu, le film se suit avec un réel intérêt pour les différents personnages et les situations. Mais ce n’est pas cela qui fait la force et l’originalité de Razorback. Il y a déjà le monstre, bien que très peu montré. Un sanglier un peu plus grand que la normale, qui va se mettre à tuer dans la région. Il est déjà un des intérêts du film, même si le réalisateur accorde autant d’importances à sa créature, qu’il montrera donc peu, qu’aux personnages. Un très bon point de ce côté-là. On se doute rapidement que le fait que la créature soit peu montrée est du à un manque d’argent.

Russell Mulcahy parvient néanmoins à faire vite oublier ce petit point, qui n’en est pas vraiment un. En tant que metteur en scène, il a sans doute comprit ce que beaucoup d’autres ne comprennent pas : quand on n’a pas l’argent, on ne s’amuse pas à montrer quelque chose de risible à tout bout de champ. Sa créature ne sera donc jamais vu entièrement, ou très brièvement. Ce côté pourra certes déplaire à certains, mais pourtant, cela a du bon. Mais là où le réalisateur réussit son vrai coup de mettre, c’est dans la mise en scène en général et l’ambiance de son métrage, assez unique en son genre. Le désert australien lui permet déjà, à la base, de fournir des plans désertiques de toute beauté, mais il ne s’arrêtera pas là, et travaillera à fond sa mise en scène, l’éclairage de ses plans, que ce soit en intérieur avec l’usine à viande où le repaire de deux bandits, ou ses extérieurs. La plupart de ses plans seront de toute beauté et fournissent au métrage un visuel époustouflant et rare dans ce genre de productions. Il ira même un poil plus loin en donnant au spectateur quelques séquences hallucinatoires du plus bel effet. C’est un plaisir de découvrir ses plans, ces nouvelles trouvailles, ses plans de coupes, ou encore ses fondus, qui n’ont pas pris une ride en plus de vingt ans. Chapeau. Il parvient à émerveiller, ou parfois mettre à l’aise, avec la beauté de ses cadrages. Il parvient aussi au niveau de son histoire à faire des choix plutôt intéressants pour ne pas décevoir le spectateur.

En effet, celui attendant des animaux tueurs, se retrouve bien devant un film de ce genre, mais où l’animal n’est pas vraiment montré. Outre le fait de développer ses personnages et l’aspect visuel pour rendre son film unique, Russell Mulcahy dépeint aussi le portrait de deux frères un peu tarés, sans aucune morale, pouvant ainsi par moment, encore plus vu le lieu de l’histoire et ses paysages désertiques, rappeler des films tels La colline a des yeux ou Massacre à la tronçonneuse. Ainsi, grâce à cette variété, jamais le film n’ennuie, mais fascine plutôt d’un bout à l’autre. Seul le final, peut être un poil trop expéditif, pourra décevoir. Razorback reste donc une œuvre à part, fort bien mise en boite, mais si vous voulez du sang en pagaille, ce n’est pas le bon film.

Les plus

Une ambiance excellente
Très bonne mise en scène
Musique de Iva Davies envoûtante

Les moins

Scénario un peu simpliste par moment
Un très petit budget

En bref : En dépit de son scénario plutôt banal, le film séduit par son aspect visuel et musical, et son mélange de thèmes (animal tueur et duo de dégénérés).

2 réflexions sur « RAZORBACK de Russell Mulcahy (1984) »

  1. Enfin revu !

    Coupons court à tout suspense : pour moi c’est un chef d’œuvre – pour le genre. Visuellement c’est dingue, léché, original, envoutant (des plans inventifs, la photo…), ça donne une vraie impression de crasse, presque post-apo. Le scénario est sympa car il multiplie les sources du mal (pas uniquement la bête), les personnages sont réussis pour un film comme celui-ci, les acteurs font le nécessaire, les pointes d’humour d’humour sont très rares mais fonctionnent. Un grand film !

    J’ignorais que Arkie Whiteley était morte si jeune, que c’est triste… Un visage inoubliable de MAD MAX 2.

    SPOILER : « on se doute dés le départ de qui va rester en vie ou pas » > je ne suis pas forcement d’accord, je ne pensais pas que la journaliste mourrait si tôt dans le film (je pensais que c’etait le personnage principal !).

    1. Et bien je ne m’attendais pas à un tel engouement malgré tout. Mais oui visuellement, le film est sublime. Le côté clippesque (de là d’où vient Mulcahy) et très typé années 80 donne au final au film une identité forte et surtout bien à lui. Le passage où le héros hallucine m’avait marqué gamin, et me fascine toujours aujourd’hui, visuellement, et musicalement aussi.

      Alors oui, à part pour la journaliste car ça je crois que ça nous a tous surpris, mais par la suite, la structure même du film et des personnages restent assez classiques pour beaucoup moins surprendre. Sans que cela ne soit mauvais, loin de là hein.

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