Titre original : Saw
2004 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h43
Réalisation : James Wan
Musique : Charlie Clouser
Scénario : Leigh Whannell et James Wan
Avec Cary Elwes, Leigh Whannell, Danny Glover, Shawnee Smith et Tobin Bell
Synopsis : Deux hommes se réveillent enchaînés au mur d’une salle de bains. Ils ignorent où ils sont et ne se connaissent pas. Ils savent juste que l’un doit absolument tuer l’autre, sinon dans moins de huit heures, ils seront exécutés tous les deux… Voici l’une des situations imaginées par un machiavélique maître criminel qui impose à ses victimes des choix auxquels personne ne souhaite jamais être confronté un jour. Un détective est chargé de l’enquête…
J’ai toujours eu pour coutume de me méfier de l’engouement du public et de la critique pour tel ou tel film d’horreur. Il y avait eu l’engouement du remake de La colline a des yeux, un peu avant, celui de l’Armée des morts, Détour mortel, et de tant d’autres. Et pourtant, il faut bel et bien souligner que Saw, premier du nom, mérite sa réputation. On nous annonçait un film prenant, un film machiavélique, choc, et c’est véritablement le cas. Même si l’on peut comprendre ce qui a créé un tel choc, le film n’est pourtant pas exempt de quelques défauts, mais face au reste de l’entreprise, chercher la mouche parait quelque peu dérisoire, et les quelques défauts ne nuisent pas à l’histoire. L’élément le plus important dans Saw reste le concept du puzzle. Deux hommes se retrouvent enfermés dans une salle de bain, le pied enchaîné au mur, et ils ont plusieurs heures pour résoudre le puzzle qui est devant eux. Ils ont tous les deux une scie, et un pistolet hors de portée se trouve dans la pièce, ainsi qu’une seule balle. Parmi eux, le docteur Gordon. Pour sortir d’ici, il n’a qu’une solution, tuer son compagnon, Adam, avant la fin du temps imparti, sinon sa femme et sa fille mourront. Un plan machiavélique, qui n’est pas sans rappeler certaines oeuvres récentes, que ce soit Cube (l’enfermement dans un lieu, les pièges) ou d’autres thrillers plutôt glauques comme Seven pour l’ambiance. L’intrigue elle-même va être en forme de puzzle, et ce jusqu’à son final, qualifié de coup de génie par tant, prévisible pour autant d’autres. Si 60% du film se déroule bel et bien dans une salle de bain crasseuse où se retrouvent enfermés ses deux hommes, l’intrigue avancera comme un puzzle, à coup de flash-back, pour nous faire comprendre le lien entre ses personnages et la raison de leur enfermement.
La partie la plus intéressante sera belle et bien le huit clos entre ses deux hommes dans la salle de bain. Une ambiance poisseuse s’installe petit à petit. Ces deux hommes vont devoir essayer d’élaborer eux-mêmes des solutions à deux, alors que la confiance n’est pas au plus fort entre les deux hommes. Tourné en HD en très peu de temps pour seulement 1,2 millions de dollars, James Wan, le réalisateur, sait ce qu’il veut, et dirige son film main de maître pour, à défaut de nous faire sursauter de peur, nous permettre de plonger avec délectation dans cette histoire de manipulation, où les informations sont laissées au compte goutte, autant aux spectateurs qu’aux personnages, permettant de s’identifier à eux de façon réussie. En racontant l’histoire du point de vue des victimes, le tout fonctionne admirablement bien et l’effet fonctionne encore plus. En dehors de la salle de bain, nous retrouvons les souvenirs de Larry, à la vie de couple battant de l’aile, et d’Adam, avec sa petite vie miteuse de photographe, joué par Leigh Whannell, scénariste du film, jouant ici pour la première fois, et n’ayant aucunement le droit à l’erreur, vu le planning serré et le budget du film. Si certains flash-back ne trouvent à première vue pas toujours leur utilité, ils seront pourtant importants pour la révélation finale assez surprenante du métrage, et nous permettront de voir quelques précédentes mises à morts du Jigsaw, le tueur retenant Larry et Adam en captivité. Des mises à morts sadiques et bien trouvées, dont le scénariste tentera de repousser les limites film après film. Malheureusement, lors de certaines de ces séquences, on pourra reprocher à la réalisation un style un peu épileptique, qui sera malheureusement reprit dans les films suivants de la franchise, mais donnant au moins une identité visuelle au métrage, et par la même occasion, à la saga.
Les puzzles de l’histoire, des personnages, de la construction même du métrage, permettront au spectateur d’être tenu en haleine du début à la toute dernière image du métrage, clin d’œil à Massacre à la tronçonneuse d’ailleurs. Faisant monter la tension doucement, mais sûrement, jusqu’aux dix dernières minutes à la fois surprenantes scénaristiquement et rythmées, Saw nous balancera régulièrement des images marquantes, que ce soit grâce à son scénario, ces personnages, ou encore dans ces pièges. On retiendra bien entendu le piège à ours inversé que le tueur expérimentera sur le personnage d’Amanda, terrifiant et véritablement sadique, la marionnette du tueur sur son vélo, avec ses yeux rouges et ses joues ornées de spirales. Le personnage du flic au bout du rouleau, voulant boucler l’enquête après la mort de son co-équipier, joué par Danny Glover, reste lui aussi un personnage intéressant. L’absence totale d’humour aide encore plus à l’immersion du spectateur, et on retiendra beaucoup de bien de ce métrage, qui aurait sans doute du rester l’unique épisode, vu la qualité plus que variable des suites.
Les plus
Bien écrit
Bon suspense
Ambiance réussie
Les moins
Le film ne méritait pas de suites
Quelques rares effets de trop
En bref : La bonne surprise annoncée, quelques défauts, mais une intrigue machiavélique et ingénieuse, des images marquantes, une ambiance crade, un manque total d’humour et un final de toute beauté.