Titre original : San Daikaijû : Chikyû Saidai No Kessen – 三大怪獣 地球最大の決戦
1964 – Japon
Genre : Kaiju Eiga
Durée : 1h25
Réalisation : Honda Ishirô
Musique : Ifukube Akira
Scénario : Sekizawa Shinichi
Avec Natsuki Yosuke, Hoshi Yuriko, Koizumi Hiroshi, Wakabayashi Akiko, The Peanuts et Shimura Takashi
Synopsis : Un étrange astéroïde s’écrase sur Terre et l’équipe du professeur Murai part enquêter sur place. Pendant ce temps, une femme étrange prétendant être une Martienne annonce que, si l’humanité ne se repent pas, elle sera détruite. La Martienne prophétise le retour de Godzilla et Rodan, ainsi que la venue d’un monstre de l’espace appelé King Ghidorah. Les prophéties se réalisent et Ghidrah sème la terreur. Seule solution : Godzilla, Rodan et Mothra doivent accepter de coopérer pour vaincre le monstre de l’espace.
Honda Ishirô aura beaucoup amené au Kaiju Eiga. En plus d’avoir réalisé le premier Godzilla en 1954, il aura ensuite réalisé pas mal d’autres métrages mettant en scène d’autres Kaiju, comme Rodan (1956), Baran (1958) et Mothra (1961). Godzilla lui, après une première suite en 1955, s’est reposé quelques années avant que la Toho ne le sorte de sa retraite anticipée et ne continuent sur la voie empruntée par Le Retour de Godzilla, c’est-à-dire les combats entre différents Kaiju. Honda revient et signe 4 opus de suite : King Kong contre Godzilla en 1962, Mothra vs Godzilla en 1964, la même année ce Ghidrah (Ghidorah en réalité mais bon), puis Invasion Planète X en 1965, avant de faire une petite pause et surtout de laisser la main à un autre réalisateur, malheureusement beaucoup moins doué et intéressant que lui, mais nous y reviendrons. Ghidrah, le Monstre à Trois Têtes donc, sera la première apparition du fameux King Ghidraoh, et se déroule directement après Mothra vs Godzilla, probablement le meilleur opus de cette période. On y retrouve d’ailleurs les deux fées autour de Mothra, toujours jouées par les sœurs jumelles du groupe The Peanuts. Mais la saga commence à opérer un changement, à devenir un peu plus kitch, et doucement mais sûrement, à viser un public plus enfantin. Sauf que attention, ce cinquième opus de la saga Godzilla reste néanmoins excellent, malgré quelques choix qui seront discutables, ou plutôt mal exploités par la suite. Car oui on le sait, Godzilla devient un gentil par la suite, et ce changement commence à être opéré ici. Néanmoins, on ne pourra pas en vouloir à Honda qui nous livre un très honnête divertissement, et qui surtout se lâche totalement.
Car nous n’avons pas deux monstres ici qui vont se battre, pas du tout, mais bel et bien Godzilla, Mothra, King Ghidorah et même Rodan. Rien que ça messieurs dames ! Mais la saga effectue un virage, doucement, et certaines scènes improbables s’invitent dans le métrage, certains moments frisent le ridicule, quelques moments paraissent bien kitch et datés (peut-être pour certains était-ce déjà le cas lors de la sortie du métrage ?). Il serait très facile de tirer sur l’ambulance ici, car pas mal de petits défauts s’invitent dans le récit et dans la mise en scène. La première partie en tout cas, bien que plutôt lente et ne montrant pas encore les monstres, fonctionne bien. On découvre les personnages humains, nous revoyons les deux jumelles protectrices de Mothra (qui ont une nouvelle chanson ici), et même si le passage à la télévision nous montre bien que la direction devient un peu plus enfantine, l’ensemble passe très bien à l’écran et dans le propos. Mieux, les premières apparitions des monstres seront très réussies, que ce soit la première sortie de l’eau de Godzilla ou bien le réveil de Rodan qui était enseveli. Mothra comme souvent lui viendra se joindre à la partie un peu plus tard, lorsque les humains feront appel à lui. Notons d’ailleurs qu’ici Mothra n’apparaîtra que sous sa forme de larve et non définitive. Mais le Kaiju qui s’en sort le mieux sera clairement King Ghidorah, malgré l’affreuse traduction l’appelant Ghidrah.
Son design parfait, son animation réussie, sa stature imposante à l’écran. Il est en soit un adversaire redoutable, et l’adversaire parfait et crédible contre Godzilla, de par sa taille déjà, mais également ses trois têtes, et le fait qu’il vole, rien que ça. C’est ainsi en parti logique que Godzilla devienne à partir de cet opus moins méchant, lorsque l’on voit les adversaires que l’on met sur sa route. Du moins ici, ça fonctionne, et c’est ce qui permet de passer outre de gros défauts. Car si King Ghidorah est impressionnant, tout comme les scènes de destructions, l’animation et le costume de notre fameux Godzilla n’a absolument pas évolué (le film datant de la même année que le précédent, un peu logique fatalement). Mais là où le bat blesse, c’est grâce, enfin à cause d’une seule et unique scène, où le spectateur assistera les yeux grands ouverts à une discussion entre Mothra, Rodan et Godzilla, afin que ceux-ci s’allient et partent défendre la Terre contre King Ghidorah. Une scène qui semble venir d’ailleurs, lorsque l’on verra les poses prises par les Kaiju qui semblent alors véritablement discuter du sort de notre planète comme 3 politiciens en train de boire un café autour d’une table. Si l’on aurait pu voir cette scène comme une erreur de parcours dans le film et dans la saga, malheureusement celle-ci sera plutôt la clé menant à la déchéance pour la saga pour la fin des années 60 et le début des années 70. Honda signera dès l’année suivante un nouvel opus, où Godzilla sera toujours à affronter King Ghidorah et Rodan, pour un résultat également sympathique, avant l’arrivée de Fukuda Jun à la mise en scène, et la création d’Ebirah, mais également du fils de Godzilla…
Les plus
King Ghidorah
Des scènes de destructions plus impressionnantes
4 monstres en un seul film
Les moins
Un côté plus enfantin
Quelques scènes sacrément ratées
En bref : Honda continue la saga, et déçoit un peu après le sublime Mothra vs Godzilla. Cet opus commence à emprunter une voie plus enfantine et plus surréaliste. Reste King Ghidorah, majestueux et impressionnant pour un divertissement sympathique.