TERMINATOR de James Cameron (1984)

TERMINATOR

Titre original : The Terminator
1984 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Réalisation : James Cameron
Musique : Brad Fiedel
Scénario : James Cameron et Gale Anne Hurd

Avec Arnold Schwarzenegger, Michael Biehn, Linda Hamilton, Paul Winfield, Lance Henriksen, Earl Boen, Bess Motta et Dick Miller

Synopsis : En 2029, une guerre oppose ce qui reste de l’humanité — décimée par un holocauste nucléaire — aux machines dirigées par Skynet, un système informatique doté d’intelligence artificielle qui a pour objectif la suprématie des Machines sur les hommes. La résistance humaine, menée par John Connor, étant sur le point de triompher en 2029, Skynet envoie dans le passé, en 1984, un Terminator, un assassin cybernétique à l’apparence humaine, afin de tuer la mère de John, Sarah Connor, et, ainsi, empêcher la naissance de John, « effaçant » de manière rétroactive son existence et ses actes futurs. En réaction, John envoie à la même époque Kyle Reese, un résistant humain, afin de protéger sa mère.

Il faut toujours remettre les choses dans leur contexte, et en 1984, James Cameron n’était pas le roi du monde, loin de là. Ayant bossé à divers postes dans des productions Roger Corman, notamment La Galaxie de la Terreur ou Android, ou sur les effets spéciaux de New York 1997 pour John Carpenter, il n’a à son actif qu’un seul long métrage comme réalisateur, et encore, ça ne s’est pas bien passé, mais genre, pas bien du tout. Ce film, c’était Piranha 2. Et on n’en parlera pas plus, car je ne l’ai pas vu. Pourtant, la chance est avec lui, et en 1984, on lui donne sa chance, celle de réaliser Terminator, qui peut donc être vu comme son tout premier vrai long métrage, mais on lui donne aussi du travail comme scénariste, et ainsi naitra Rambo 2 l’année suivante, d’après un scénario de Cameron et Stallone. Et donc, Terminator. On donne à Cameron un budget de 6,4 millions de dollars pour réaliser un film de science fiction et d’action, avec un robot tueur à apparence humaine, des courses poursuites, des fusillades, un futur post apocalyptique et j’en passe. Une somme dérisoire. Qui sera bien vite rentabilisée, puisque Terminator rapportera environ 78 millions au box office mondial. Mais voilà, son bas budget explique sans aucun doute son aspect plus marqué de série B d’action du début des années 80. Et de ce fait, Terminator premier du nom est sans doute le seul opus de la saga qui doit être, dans un sens, jugé différemment, puisque dés le second opus, la saga empruntera la voie du blockbuster, avec des budgets colossaux, et plus ou moins de réussite. Surtout moins d’ailleurs. Terminator ne peut pas être comparé avec les suites. Si on le compare, objectivement, évidemment que Terminator 2 est meilleur. Plus d’ampleur, plus de budget, plus d’acteurs, plus d’action, plus d’effets spéciaux, univers plus large. Car pourtant, et ce sans doute car j’ai découvert Terminator jeune, et surtout, que j’ai découvert la saga dans l’ordre, ce premier opus a une place importante pour moi, plus que sa suite, et je lui préfère finalement son côté série B faite en se débrouillant comme on peut, et surtout, de série B sombre qui s’assume. Il suffit pour cela de voir la différence de ton et surtout dans le final entre le premier film et le second.

Dans le second, on nous dit que l’avenir peut être changé, le message est finalement optimiste. Dans Terminator premier du nom, Sarah Connor emprunte une route menant vers une tempête, traduction, vers l’avenir. Elle ne peut pas le changer, elle sait ce qui l’attend, elle ne peut que s’y préparer. Et j’aime cette noirceur réaliste. Mais bon, revenons à Terminator, même si en soit, tout le monde a vu ce premier opus, ou du moins le connaît et a vu le second opus. Oui, l’histoire de ce Terminator joué par Arnold, envoyé du futur par les machines afin de tuer Sarah Connor, future mère de John Connor, leader de la résistance, et qui sera protégée durant toute l’aventure par Kyle Reese, envoyé aussi du futur, mais un simple humain, lui. Avec un budget minimal et beaucoup de système D, James Cameron parvient à nous faire croire à son univers. Bien entendu, il est limité à plus d’un niveau, par son budget, par ses ambitions démesurées déjà à l’époque, ou tout simplement par les technologies encore peu développées. Mais pourtant, il dépeint là un univers crédible, et surtout, marquant. Le meilleur exemple étant cette vision nihiliste et sombre du futur, que l’on ne voit que peu au final, lors de l’ouverture, pour marquer les esprits, et quelques rapides scènes de rêves, ou plutôt, de cauchemars. Mais pourtant, son futur est crédible, son futur est marquant. Et Cameron, malgré son perfectionnisme déjà présent (certains plans furent tournés tardivement dans la nuit, Cameron n’hésitant pas à réveiller Schwarzenegger en plein milieu de la nuit pour qu’ils tournent seuls tous les deux des plans), réussi pleinement son pari. Terminator est une bombe. Une série B ultra rythmée, qui semble avoir coûtée bien plus que son budget, parsemé de passages marquants, que ce soit par son ambiance unique, par sa violence parfois, par ses idées, ses effets spéciaux, certaines phrases marquantes, ou tout simplement par la présence de ces acteurs, en particulier évidemment le Terminator en lui-même, menaçant, ayant très peu de dialogues (une quinzaine de lignes). Oui, c’est le méchant de l’histoire, et oui, Sarah Connor et Kyle Reese sont des personnages tout autant iconiques, et pourtant, c’est bien le Terminator qui retient l’attention, bouffe l’écran lorsqu’il apparaît.

Les scènes d’action, nombreuses, peuvent être vues comme classiques pour l’époque. Des fusillades diverses, dans des lieux souvent clos (commissariat, boite de nuit), et des poursuites en voiture, plutôt rythmées et ingénieuses d’ailleurs pour l’époque et compte tenu encore une fois du budget. Et si le clou du spectacle arrive tardivement, le Terminator se dégradant au fur et à mesure des affrontements, cela reste également un tour de force. Certains pourront au fond de la salle (ou de l’internet) pester en me disant « oui, mais la scène où il s’arrache l’œil, elle fait faux, on voit que c’est de l’animatronic », et c’est le cas. Mais où est le problème en soit ? Oui, on peut lui reprocher de ressembler à un animatronic, ce qu’il est dans le plan, mais où est le problème, lorsque le personnage que l’effet est censé représenter est en réalité lui-même un robot recouvert de chair humaine ? Ou il y a bien entendu ce final, avec ce robot, intégralement en métal, et par moment animé en image par image. On connaît bien les techniques, l’effet est voyant, et pourtant, quel pied à chaque vision de voir ce grand final, plein de tension, ce Terminator enfin en chair et en… euh non, juste en métal, intégralement à l’écran dans sa forme la plus classique. Quand on pense que les producteurs voulaient que Cameron arrête son métrage lors de l’explosion du camion, c’est à n’y rien comprendre, tant cela nous aurait privé d’une scène culte, d’un moment iconique, de la présence du Terminator dans toute sa splendeur. Non, là où l’on pourrait effectivement reconnaître que Terminator est daté, et donc clairement issu des années 80, c’est ironiquement dans la coupe de cheveux des acteurs, dans cette esthétique purement années 80. Esthétique que j’apprécie énormément, mais qui, il faut le reconnaître, ancre immédiatement le récit dans cette lointaine époque, ne rendant pas l’œuvre intemporelle, au contraire. Mais est-ce si grave, quand l’intensité du métrage fonctionne ? Quand son rythme ne nous laisse jamais souffler ? Quand Cameron, grand perfectionniste, aimait encore filmer de vrais décors, de vrais acteurs, de vrais effets spéciaux, et non pas tout laisser reposer sur la technologie (même si Avatar est impressionnant, technologiquement parlant) ? Non, Terminator était, est et restera mon coup de cœur dans la saga !

Les plus

Schwarzenegger dans le rôle du méchant Terminator
Une série B parfaitement rythmée
Un tour de force vu le budget
Généreux en action, en effets spéciaux
Une ambiance fortement réussie…

Les moins

Bien qu’une ambiance parfois trop marquée années 80

En bref : Terminator aura lancé à la fois un univers, et la carrière de James Cameron, tout en consolidant le statut de star montante de Schwarzenegger après Conan le Barbare. Alors oui, comparé à la suite plus ou moins réussie de la saga, Terminator est une petite série B, mais c’est aussi ce qui lui donne tout son charme !

6 réflexions sur « TERMINATOR de James Cameron (1984) »

  1. Un film grandiose, important dans l’histoire du cinéma. Ma VHS était super usée à l’époque. J’avais attendu T2 comme un dingue… et je n’avais pas été déçu. L’une de mes séances ciné les plus mémorables.

    L’ambiance trop ancrée dans les années 80 ? C’est marrant ça ne me dérange pas du tout, puisque c’est l’époque où se déroule le film.

    J’aime bien cette vidéo ^^ :

    https://youtu.be/k0kg80jAtI8

    1. Ah mais TERMINATOR 1 et 2, tout comme pas mal d’autres VHS de ce genre de films de l’époque, ça tournait limite en boucle chez moi jusqu’au passage du dvd, et donc la redécouverte totale des oeuvres en VO ^^

      Alors ce défaut, c’est plus un « avertissement », car certaines personnes autour de moi lui ont reproché cet aspect là. Perso, j’adore cette ambiance, donc ça ne me pose strictement aucun souci. Je préfère même. C’est con à dire, mais même en terme de photographie, et le fait de tourner sur pellicule contrairement à 90% des films aujourd’hui, il y avait un cachet bien différent.

      Ah mais je connais cette chanson, tu fais ressurgir des traumas de soirées plutôt récentes avec des potes encore plus têtus que moi (en mode « je ne lâcherais pas la manette avant de terminer ce niveau de HOTLINE MIAMI », alors qu’il est déjà 6h du mat, qu’on a 3 litres d’alcool dans le sang et qu’on fait n’importe quoi 😀

  2. Aaaah, j’aime quand tu envoies du lourd comme ça ! Super article !
    Cameron dans le monde des T (Terminator, Titanic, True Lies … En opposition au monde des A : Abyss, Avatar, Aliens, … Je crois que je tiens une thèse 😉 ) c’est quand même quelque chose. Tu peux laisser derrière les râleur qui n’y connaissent rien au cinéma et qui te diront que les monstres de Ray Harryhausen sont en pâte à modeler ou qu’on ne peut pas aller sur la Lune dans un boulet de canon. Quelques maquettes, quelques animatronics, quelques effets de surimpression et un peu de stop motion et on peut sortir un des meilleurs films d’anticipation ever, croisement entre Film Noir et SF low tech, à deux ou trois pas de « Blade Runner » dans la catégorie. De la SF sombre comme on n’en fait plus vraiment, même Cameron a perdu la recette après « Aliens ». Cette détermination du Terminator en quête de Sarah Connor doit tellement au cyborg Yul Brynner dans « Mondwest », et peut-être aussi à Lee Marvin au début de « A bout portant » de Siegel dont j’ai parlé il y a peu sur mon blog. Cameron puise dans le référentiel de la série de haute volée et produit une synthèse épatante.
    Tu me donnes envie de revoir le film et de ressortir mes articles sur les trois T de mes archives !

    1. Quel plaisir de ressortir une nouvelle fois un film culte des années 80 et de te redonner envie de le revoir, d’en parler, de partager !
      Bon étant donné que je le vois facile une fois tous les deux ans, il était temps que j’en parle, mais encore un de ces films qui m’a toujours intimidé, de par son héritage, sa qualité. (et contrairement à toi, j’ai un article sur T 3 et 4 qui attendent aussi, mais toujours pas écris sur le 2, le seul restant de mon côté)
      Mais niveau Cameron, je te laisse les lettres, moi je prendrais simplement les années ou thématiques. IL m’intéresse moins dés qu’il parle de flotte (ABYSS, TITANIC), ou qu’il est pour le tout numérique (AVATAR). TRUES LIES aussi j’avais du mal à une époque. Revu, j’aime bien, mais je le trouve trop long, je trouve que l’aspect comique, sur moi en tout cas, ne prend plus dans la seconde partie.
      Et puis, Cameron a surtout appris à la fois chez les grands (effets spéciaux chez Carpenter pour NEW YORK 1997) et chez ceux qui se débrouillent (réalisateur de seconde équipe sur LA GALAXIE DE LA TERREUR produit par Corman, où a travaillé un Bill Paxton non crédité il me semble).
      Et exactement pour la SF sombre, j’y suis attaché, j’ai grandis avec, pour ça que le tournant, finalement dés le second film, m’attriste, et pour ça que je n’ai jamais tenté d’écrire sur le 2, car aussi bon soit-il, important, tout ça, et bien, je préfère la proposition du premier. Tristesse haha !

      1. Je suis un peu comme toi avec True Lies, un film que je dois certainement revoir pour l’intégrer pleinement à l’œuvre de Cameron (j’ai toujours du mal à admettre qu’il ait pu faire un remake de Zidi !)
        Question numérique, je comprends tout à fait. Titanic est vraiment un film magnifique je trouve, un immense mélodrame flottant digne de Gone with Wind et autres grandes fresques de l’âge d’or. Abyss est aussi un film qu’il me fait revoir pour l’apprécier pleinement. J’ai prévu de m’y noyer cet été d’ailleurs. D’ailleurs, espérons que Cameron ne se noie pas avec ses deux prochains Avatars attendus depuis si longtemps et dont je redoute le fiasco financier.

        1. Ah de mon côté c’est pas faute d’essayer, je lui ai donné une facile 6 ou 7ème chance l’année dernière, mais rien à faire, mon avis n’a aucunement changé. C’est du divertissement carré et bien fichu, mais trop long et qui s’éparpille trop dans l’humour sur la fin pour que j’y adhère totalement en fait. Mais Cameron s’est fait plaisir, ça c’est sûr.
          Titanic, le souci, c’est que les « romances » ne sont de base pas un genre que j’affectionne particulièrement, surtout qu’à ce niveau là je ne trouve pas l’écriture de Cameron particulièrement fine, du coup, je reste aux portes du film. Il n’est pas mauvais, mais juste pas pour moi.
          Deux Avatars? Je croyais que c’était prévu jusque Avatar 5 ??? Enfin à force, 12 ans après le premier, on n’en attend plus rien haha.

          J’en profite pour te répondre depuis la nouvelle interface, le nouvel hébergeur et tout. Si l’adresse sera la même, même si l’ancien blog reste encore 2 semaines en ligne, mais pas sûr que niveau liens pour les blogs qui suivent et que je suis, ou même pour les notifications, que tout se fasse automatiquement (en gros, j’ai du taf, je viens de passer basiquement déjà 10h de suite à remettre les photos sur une 50aine de critiques, plus planifier celle de demain, plus changer les menus et bidouiller le code….. Misère, plus que 2250 articles).

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