DAUGHTER OF DARKNESS (滅門慘案之孽殺) de Ivan Lai (1993)

DAUGHTER OF DARKNESS

Titre original : 滅門慘案之孽殺 – Mie Men Can An Zhi Nie Sha
1993 – Hong Kong
Genre : Thriller
Durée : 1h36
Réalisation : Ivan Lai
Musique : –
Scénario : Ivan Lai

Avec Lily Chung, Hugo Ng, Anthony Wong, Ka-Kui Ho et Daisy

Synopsis : Après avoir été violé par son père, l’adolescente Mak Wei-Fong décide de se venger contre sa famille abusive qui a gardé le silence sur cet acte et ainsi sauver la relation avec son petit ami.

Si Daughter of Darkness n’est assurément pas le film de Cat III le plus connu que Hong Kong a pu nous livrer, il demeure encore aujourd’hui une représentation plutôt juste du genre en question, dans ses qualités et travers, dans ses intentions et son résultat final. Mais quoi qu’il en soit, voir un petit Cat III avec en plus dans un des rôles clés Anthony Wong, soit un des acteurs les plus représentatifs du genre, ça ne se refuse jamais. Et malgré son histoire somme toute classique et le cocktail habituel des Cat III, Daughter of Darkness n’est pas si simple à appréhender. Ce qui est certain, c’est que comme beaucoup d’œuvres du genre de ces années là, refaire ce genre de film aujourd’hui paraît compliqué. Car ça se moque de tout, ça cherche à choquer, ça fonce tête baissée vers tous les sujets tabou qui lui passent par la tête, ça ose mélanger humour, gore, cul et ambiance malsaine. Daughter of Darkness est, en tout cas, clairement déséquilibré. Pas assez pour que l’on passe un mauvais moment où que l’on s’ennuie, mais un peu trop pour que l’on puisse le recommander à tous les amateurs du genre et autres bisseries, ou que l’on le qualifie de maître étalon du genre. Dans les faits, on a un simple Rape and Revenge en tout cas. Mais raconté à l’envers, puisque le film s’ouvre par la découverte d’une famille massacrée. La seule survivante est la fille de la famille, et c’est le chef de la police et son assistante qui vont mener l’enquête. Enquête qui va donc nous amener avec une première partie qui se moque de tout en en faisant des tonnes, une seconde qui fait office normalement d’introduction dans le genre (les sévices de la victime) avant la partie finale, la partie vengeance de la victime. Sauf que la première partie, l’enquête, avec notre flic joué par un Anthony Wong comme souvent en roue libre dure toute de même trente minutes, que la seconde où l’on verra la charmante Lily Chung se faire frapper et violer en dure 40 minutes, et qu’il ne reste alors quasiment que 20 minutes pour laisser place à la vengeance et au gore.

Et c’est bien dommage, car sous ses aspects bouffons lors de la première partie, Daughter of Darkness semble s’amuser à changer de style, de genre et de ton à chacun de ses actes, et que le réalisateur, également scénariste, fait preuve d’une certaine passion. La première partie, où Anthony Wong a clairement le premier rôle, met en avant l’humour. Un humour loufoque certes, mais qui ose frapper où ça fait mal, ne reculant devant aucun tabou. On verra donc notre flic tâter les seins des victimes pour déterminer l’heure du décès, prendre des photos avec des macchabés pour le journal du coin, accepte les pots de vins, rabaisse les femmes, tabasse les suspects car après tout, ne pas obéir à la police, c’est manquer de respect au gouvernement et donc au pays entier. On sent via le personnage d’Anthony Wong que le réalisateur, tout en partant très loin dans son délire, a des choses à dire, à critiquer, et l’humour, aussi noir et loufoque soit-il, est sans doute la meilleure façon de faire passer les choses. Une première partie comique de sale gosse en quelque sorte. Arrive la seconde et plus longue partie, où l’on va subir en même temps que Lily Chung ses abus. Passage à tabac par son père, qu’elle surprend d’ailleurs avec des prostituées dans la rue, insultes de la mère, de sa sœur ou de son frère. Les choses sérieuses débarquent quand son père, alors saoul, va la violer, prendre des photos de l’acte, et faire pression sur la jeune femme. Là encore, dans un style différent, ça va très loin, et ça ne lésine pas sur les grossièretés, les claques, les coups, et bien entendu, Cat III oblige, la nudité.

Le souci, c’est que cette seconde partie va tellement loin, en s’étalant du coup sur pas mal de temps, avec des personnages qui semblent parfois juste accepter leur condition, que le côté choc de l’entreprise fou le camp. C’est fort dommage. Ivan Lai aurait pu choquer, et ce n’est pas franchement le cas. C’est en réalité tellement énorme que l’on rira jaune de toutes ces situations. La première partie était volontairement comique avec Anthony Wong en roue libre (du moins je le pense), cette seconde moins, mais pourtant, difficile de prendre le tout au sérieux (pour moi en tout cas, encore une fois). Heureusement, la dernière partie, bien que la plus courte, se lâche totalement, et sans atteindre les envolées gore d’un film comme Ebola Syndrome (encore avec Anthony Wong tiens), se déchaine, et là, ça gicle, ça flingue, ça se frappe, ça donne des coups de couteaux, et Lily Chung est clairement déchainée, et même lors de ces moments habitée par son rôle. Ça fait du bien, surtout que malgré le politiquement incorrect de l’ensemble du film, le gore, le sang, on l’a attendu longtemps. Le film aurait pu en rester là, mais décide de continuer peu pour livrer quelques scènes de plus, lui permettant ainsi encore de changer de ton en partant dans le drame presque larmoyant et où les rôles de victimes et bourreau, de salaud et d’homme bon, de corrompu et d’homme au grand cœur semblent quelque peu s’intervertir. Surprenant, ça oui. Un film tout en un en fait presque, mais du coup, forcément aussi déséquilibré que divertissant.

Les plus

Anthony Wong, encore en roue libre
La partie finale, très prenante et percutante
Lily Chung par moment habitée par son rôle
De l’humour qui a beaucoup de choses à dénoncer

Les moins

Le sang tarde à arriver
Clairement déséquilibré

En bref : En voulant être une comédie noire qui dénonce, un Rape and Revenge, un film d’horreur mais également par moment plus dramatique, Daughter of Darkness surprend, amuse, diverti et plaira à l’amateur de Cat III, mais il y a un déséquilibre entre ces différentes parties de durée diverse.

2 réflexions sur « DAUGHTER OF DARKNESS (滅門慘案之孽殺) de Ivan Lai (1993) »

    1. Même en essayant, on ne verra jamais tous ces films, il a plus de 300 métrages à son actif je crois, dans tous les genres, sans honte et tout. Un sacré bonhomme, que j’aime beaucoup ^^

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