THE CROW de Alex Proyas (1994)

THE CROW

1994 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h42
Réalisation : Alex Proyas
Musique : Graeme Revell
Scénario : David J. Schow et John Shirley d’après l’oeuvre de James O’Barr

Avec Brandon Lee, Rochelle Davis, Ernie Hudson, Michael Wincott et David Patrick Jelly

Synopsis: Eric Draven et sa fiancée, Shelly sont brutalement assassinés chez eux par un gang de criminels notoires. Un an après leur mort, un mystérieux corbeau ressuscite Eric de sa tombe et le ramène sur les lieux de l’assassinat. Dotés de pouvoirs surnaturels et d’une vision exceptionnelle, Eric va se venger de ses agresseurs qui mettent la ville à feu et à sang…

The Crow est le second film d’Alex Proyas, qui n’aura cessé de faire parler de lui à sa sortie pour différentes raisons, notamment la mort de Brandon Lee sur le tournage. A sa sortie, The Crow cartonna, fut considéré comme un très bon film, puis, à la sortie du second film d’Alex Proyas, Dark City, The Crow fut très critiqué. Succès oblige, plusieurs suites ont vues le jour (trois suites pour être exact, toutes mauvaises), et même une série télévisée. Que reste-t-il de The Crow aujourd’hui, 15 ans après sa sortie ? Un petit bijou de poésie gothique, tout simplement. Armé d’un budget ridicule pour les ambitions du réalisateur de 13 millions de dollars, Alex Proyas s’en sort comme un chef et on a souvent l’impression que son film a couté beaucoup plus cher vu les prouesses techniques du métrage. Encore aujourd’hui, le film baigne dans une telle ambiance visuelle que l’on savoure toujours le métrage à chaque nouvelle vision. A la base, The Crow est un comic très sombre, une histoire de vengeance imaginée par James O’Barr, dont la femme fut fauchée en voiture par un alcoolique… C’est alors qu’il imagina le personnage et l’histoire de The Crow, une œuvre noire, très noire, née dans la douleur. En 1993, suite au succès des deux premiers opus de Batman de Tim Burton, l’heure était aux supers héros et aux adaptations de bandes dessinées. The Crow aura marqué une génération, autant de spectateurs que de cinéastes, et son influence a été grande. Ainsi, par la noirceur de son récit, les nouveaux opus de Batman signés Christopher Nolan se rapprochent plus de The Crow que des précédents épisodes, les personnages revenant d’entre les morts pour se venger ou venger leurs proches furent nombreux (dans le même genre mais en plus gore, on pourra penser au Faust de Brian Yuzna, aussi adapté d’un comic). The Crow, c’est avant tout un univers sombre et gothique, un personnage, et une histoire d’amour. Eric Draven et sa petite amie Shelly sont tués par un gang la nuit d’Halloween, appelée par les médias et la police la nuit du diable. Une nuit toujours agitée dans cette ville puisque celle ci est incendiée de toute part par les gangs. Le film ne perd pas de temps en explications inutiles, il nous présente les différents personnages principaux, et cinq minutes après, le tout peut commencer. Pour ces personnages, des acteurs de talents. Déjà, feu Brandon Lee dans le rôle titre, Ernie Hudson (SOS fantômes 1 et 2) en flic, David Patrick Jelly (la série Twin Peaks) en petit voyou, Michael Wincott (1492, Dead Man) en grand caïd et dans un petit rôle, Tony Todd, devenant tout juste célèbre à l’époque grâce à Candyman.

Mais bien entendu, outre l’accident de Brandon Lee sur le plateau, le personnage de Eric Draven reste le plus travaillé, le plus mélancolique, et le plus intéressant. Un an après sa mort (et cinq minutes après le début du film montre en main), un corbeau le fait revenir à la vie, afin de se venger. Le corbeau la ramènera sur les lieux du crime, et c’est en touchant divers objets ou des personnes que Eric se souviendra de son passé, et surtout des tristes événements survenus un an plus tôt, la veille de son mariage. Maquillé pour l’occasion (un maquillage pouvant vaguement rappeler celui du Joker dans Batman, mais en plus sombre),  Eric va alors partir dans les rues de la ville à la recherche de ses assassins, afin de venger Shelly. Tout le long, The Crow baigne dans une ambiance unique, sombre. La ville est constamment plongée dans une ambiance sombre et morbide, la pluie s’abat en permanence sur la ville et ses personnages, et à deux ou trois scènes près, la totalité de l’histoire se déroule la nuit. Alex Proyas s’en sort donc merveilleusement à la mise en scène, ces plans sont travaillés, la photographie du film est absolument magnifique (aucun ton bleu ou vert, uniquement des couleurs très sombres, ou parfois, du rouge, lors de l’apparition de certains personnages ou des flashbacks dévoilant à Eric la nuit du drame). Très courts, ces flashbacks donnent au personnage une motivation et une réelle profondeur, et rendra sa vengeance des plus violentes. Outre le thème de la vengeance, The Crow parlera donc de la perte de l’être aimé, de l’absence du à la mort. D’un côté, Eric, souffrant de sa propre mort et de celle de Shelly, ainsi que certains personnages se rangeant de son côté, comme Sarah, une petite dont Eric et Shelly s’occupaient, et le flic Albrecht, qui était à l’époque chargé de l’enquête. Les liens entre les personnages sont forts, et certaines scènes entre Eric et Sarah sont vraiment touchantes, sublimées par la mise en scène de Proyas (l’apparition d’Eric dans son appartement devant Sarah). De l’autre, les méchants, portant tous des surnoms (Funboy, Tintin, T-Bird…) et leur chef, Top Dollar. Des personnages hauts en couleur, se foutant royalement des lois, du monde qui les entoure, des conséquences de leurs actes, et qui au final, ne pensent qu’à s’amuser. Tous aussi cinglés les uns que les autres, Eric va les traquer un par un dans le seul but de les  tuer.

Couteaux, shotgun, mitrailleuses, ou scalpel et seringues, Eric se servira de ce qu’il aura sous la main pour assouvir sa vengeance. Malheureusement, comme dans tout métrage, il y aura une petite ombre au tableau. Là où The Crow brille d’une direction artistique brillante, d’un scénario bien trouvé, arrive à véhiculer des émotions tout en étant un très bon divertissement, et bénéficiant d’excellents acteurs (rien à dire, Brandon Lee parvient par un simple regard et ses paroles à nous faire ressentir sa douleur, on est loin de Vincent Perez et Eric Mabius dans les suites), l’ambiance sombre et désespéré de l’ensemble aura quelques petites baisses de régime lors des moments calmes. Quand Eric rendra visite à Albrecht dans son appartement par exemple, ou certains autres passages (heureusement assez courts) du métrage, l’ambiance change quelque peu, trouvant un ton plus calme, apaisé, et en rupture avec le reste du métrage. Les effets spéciaux, qu’ils soient numériques ou pas, datés de maintenant 15 ans, sont pourtant encore d’actualité, les diverses incrustations et les maquettes utilisées étant de toute beauté et s’intégrant parfaitement au reste du métrage. The Crow est un film profondément juste, un film malade, une œuvre d’art, une belle histoire d’amour et une sombre histoire de vengeance.

Les plus
Bonne ambiance
Les débuts de Proyas à la mise en scène
Une histoire touchante
Parfois bien violent
Très glauque
Les moins
….

En bref : Un bijou poétique et sombre, tragique, abordant les thèmes de l’amour et de la vengeance.

2 réflexions sur « THE CROW de Alex Proyas (1994) »

  1. Enfin vu ! Sympa, Proyas fait des merveilles avec un budget assez serré, l’ambiance, l’architecture, la photo, c’est top, mais ça va avec son lot de scènes bancales aussi, plus d’une fois en regardant le film je me disais que c’etait en réalité un brouillon du gigantesque DARK CITY, techniquement parlant. Et puis c’est quand même aussi très inspiré par le BATMAN de Burton, je trouve. Mais effectivement, sympa, et j’aime beaucoup le casting.

    1. Je pense que le film a forcément plus d’impact quand on le découvrait à l’époque, sans DARK CITY derrière justement. Perso j’adore toujours autant, et je pense que la sortie du récent remake/reboot qui apparemment est catastrophique me le fera aimer encore plus (car oui, j’ai vu les 4 films, donc un de plus, je suis plus à un navet près haha). Le casting est top oui, beaucoup de têtes connues dans les seconds rôles, et ça fait bien plaisir.
      DARK CITY d’ailleurs faudra que je le revois pour tenter d’écrire dessus.

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