DEMONS 2 (Dèmoni 2… L’incubo Ritorna) de Lamberto Bava (1986)

DEMONS 2

Titre Original : Dèmoni 2… L’incubo Ritorna
1986 – Italie
Genre : Horreur
Durée : 1h32
Réalisation : Lamberto Bava
Musique : Simon Boswell
Scénario : Dario Argento, Lamberto Bava, Dardano Sacchetti et Franco Ferrini

Avec Nancy Brilli, Coralina Cataldi Tassoni, David Knight, Bobby Rhodes, Asia Argento, Virginia Bryant, Anita Bartolucci, Antonio Cantafora, Luisa Passega et Davide Marotta

Synopsis: Au septième étage d’un immeuble, la fête bat son plein pour l’anniversaire d’une jeune fille. Le reste de l’immeuble tente de ne pas s’endormir devant un film de démons. La jeune fille pénètre dans sa chambre pour essayer une nouvelle robe quand surgit de son poste de télévision un des terribles démons…

Demons a dû cartonner à l’international pour que Dario Argento et Lamberto Bava ne décide dès l’année suivante de se lancer dans une suite. Le budget a dû néanmoins être un peu revu à la baisse, sans doute pour augmenter un poil les bénéfices, car un immeuble et ses étages, sa seule de gym, ses appartements et son parking, c’est immédiatement beaucoup moins sexy qu’une salle de cinéma. Qu’est-ce que le duo allait nous fournir après le final apocalyptique du premier film ? Un monde ravagé par les démons ? Et bien non, au final, quasi un remake du premier film avec un nouveau lieu. Remake jusqu’à sa narration, jusqu’à ses choix de personnages et certaines situations clés. Une rapide voix off en ouverture nous indique que les événements du premier film ont eu lieux, que le monde connait l’existence des démons, et basta, nous arrivons dans l’immeuble où tout va se dérouler, avec de nouveaux personnages (malgré quelques acteurs qui reviennent dans de nouveaux rôles) tout aussi stupides et inconscients. On remplace l’écran de cinéma par la télévision, on remplace le petit rôle de Fiore Argento par le tout premier rôle d’Asia Argento (avant un rôle un peu moins maigre dans Sanctuaire de Michele Soavi), Claudio Simonetti à la musique est remplacé par Simon Boswell, et sinon, c’est exactement la même chose, en moins inspiré, en un peu plus fauché, en moins surprenant, et en moins prenant. En fait, si Demons 2 existait mais pas le premier film, évidemment, l’avis, général, serait un poil plus positif. Mais en l’état, Demons 2 apparaît comme l’exemple type de la suite faite à la va vite, racontant exactement la même chose, mais qui a donc moins la clémence du public. Il faut dire que les défauts sont nombreux.

Et pour beaucoup partagés avec le premier film. On aura par exemple un jeu d’acteurs en général assez mauvais de par quasiment tout le casting, un rythme parfois haché la volonté encore une fois de nous montrer des personnages en dehors de l’immeuble où tout le reste se déroule, et qui ne servent strictement à rien si ce n’est rallonger le film (encore des punks en voiture, bordel), on a encore des situations stupides. Mais à côté, il faut avouer aussi que Demons 2 est tout aussi généreux en effets spéciaux et en idées sanglantes, même si ça fonctionne malgré tout moins bien. On aura même ce coup-ci un enfant démon (même s’il est loin d’être terrifiant, ne faisant que mouliner avec ses bras et lancer des « ah grou grou »), un gremlins démon (malheureusement terriblement mal animé, donc hop, lumières stroboscopes) … et un héros totalement inutile, puisque passant quasiment 60% du film bloqué dans un ascenseur. Car oui, pour justifier ce coup-ci que les personnages ne peuvent pas quitter l’immeuble, on en fait un immeuble high tech (oui, avant Gremlins 2, mais terriblement plus cheap) et hop, coupure de courant, du coup la porte d’entrée et la porte du garage ne s’ouvrent plus. Le film a néanmoins la bonne idée de multiplier les groupes de personnages afin de varier les situations, et les lieux même si tout se déroule dans l’immeuble. On aura notre héros dans l’ascenseur puis la cage d’ascenseur, on aura des bodybuilders dans la salle de gym et le spa, on aura une fête d’anniversaire où tout débute, une famille dont la fille est la jeune Asia Argento, un enfant tout seul sans ses parents, une femme enceinte. Bref, tout ceci est varié et tente de faire passer la pilule face à un film moins convaincant, et même en réalité souvent assez fade. Car Demons 2 est bien moins gore malgré tout que le premier opus, et les démons, plus nombreux pourtant, sont moins crédibles. Mais bon, ils ne sont pas aidés quand on voit comment les survivants barricadent une porte dans le parking, en y collant la voiture, mais pas trop près quand même sinon ils seraient en sécurité.

Et pourtant, encore une fois, tout n’est pas à jeter. Au rayon des bonnes idées, ou des idées intéressantes, on notera que l’écran de télévision remplace l’écran de cinéma pour l’invasion de démons, et que Bava utilise un effet semblant sortir tout droit de Videodrome de Cronenberg. Bava d’ailleurs semble faire ce qu’il peut à la mise en scène, parvenant par moment à surprendre (le premier plan du film, bonne surprise ça), mais il semble parfois trop limité, par un film moins sanglant, mais aussi par un décor bien moins impressionnant et permissif. On pourrait aussi parler de la musique de Simon Boswell, compositeur que j’affectionne particulièrement, et qui se retrouve donc ici après avoir aidé sur Phenomena d’Argento l’année précédente. Malgré son côté moins sanglant, le film tente de se renouveler assez pour rester fun, avec par exemple son Gremlins démon (quoi que, vu la qualité des effets, l’on pourrait plus parler de démon… Ghoulies). Mais c’est souvent bien trop fauché et stupide pour fonctionner. Sauf si un petit démon qui arrive à défoncer des portes et une femme enceinte qui le combattra en lui coupant les ongles, c’est votre vision du fun… Ah, il y a aussi un chien démon, et un « jumpscare canin » qui n’a aucun sens, sauf si le chien sait voler pour être au niveau de l’œilleton d’une porte, mais j’ai mes doutes. Demons 2 m’était toujours apparu comme une suite au rabais faite beaucoup trop rapidement et avec un budget trop faible pour s’en sortir, et des années après, l’impression reste même si l’on trouve par moment quelques beaux restes. Mais pas suffisant pour faire passer la pilule. Evidemment, comparé à certains Lenzi ou Fulci de la même période, ce n’est pas si catastrophique, mais tout de même. Vu la période des films, on peut dire que les deux Demons résument plutôt bien l’état du cinéma Italien du milieu des années 80, avec un premier film fun et fait sérieusement en visant clairement le public international, mais une suite fait à la va vite et ayant donc l’effet inverse.

Les plus
La musique de Simon Boswell
Un enfant démon, un gremlins démon, un chien démon…
Quelques moments plus inspirés
Les moins
Un remake déguisé du premier film
Un peu moins sanglant, plus fauché
Des idées funs… mais le résultat l’est moins
Encore ce rythme haché
Toujours stupide et joué par des quiches

En bref : Demons 2 est l’exemple même de la suite faite bien trop rapidement, avec moins d’idées et moins d’argent. Tout n’est pas à jeter, mais la sauce prend beaucoup moins, surtout que le métrage raconte exactement la même chose, mais en remplaçant la salle de cinéma par un immeuble tout gris.

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