HISTOIRES DE FANTÔMES CHINOIS 3
Titre original : Sinnui Yauman 3: do do do – 倩女幽魂III:道道道
1991 – Hong Kong
Genre : Fantastique
Durée : 1h44
Réalisation : Ching Siu Tung
Musique : Romeo Diaz et James Wong
Scénario : Szeto Roy et Tsui Hark
Avec Tony Leung Chiu-Wai, Jacky Cheung, Joey Wong, Nina Li Chi, Lau Siu-Ming, Lau Shun et Lau Yuk-Ting
Synopsis : Perdu au cœur de la Chine, le Temple de l’Orchidée est un lieu maudit. Les rares voyageurs qui y ont pénétré ne sont jamais revenus. Deux moines poursuivis par des brigands s’y réfugient. Ils tombent entre les griffes de Lotus et de Jade, deux splendides femmes fantômes. Elles sont malheureusement obligées de fournir au Démon des Arbres sa ration de chair humaine.
Déjà à l’époque, lors de la découverte du métrage lors des années 90, j’ai toujours eu du mal avec Histoires de Fantômes Chinois 3. Sorti un an après le second opus, il faut dire qu’au lieu de continuer l’aventure, de nous redonner Leslie Cheung et Joey Wong, l’intrigue préférer partir 100 ans plus tard, pour en faire une continuation du tout premier film, avec le retour de l’Arbre Démon joué par Lau Siu-Ming encore une fois, mais finalement, cette « continuité » n’est qu’un prétexte pour nous fournir, tout simplement, un remake du premier film. Le premier film, sans doute le premier film Asiatique vu dans ma vie après quelques Jackie Chan, est un bijou de poésie à mes yeux, sans doute inégalable, et vouloir nous raconter une nouvelle fois la même intrigue, ce n’était pas passé pour moi, le couple ici formé par Tony Leung Chiu-Wai et Joey Wong, qui revient également donc, ne fonctionnait pas. Si bien que malgré la présence dans ma collection d’un coffret trilogie, un très joli import zone 3 HK, je n’ai, avec les années, jamais revu ce troisième opus. Alors pourquoi lui redonner sa chance aujourd’hui ? Sans doute déjà car je n’ai pas revu le film depuis plus de 20 ans déjà. Sans doute car j’ai eu la chance d’avoir en ma possession un Blu-Ray promettant une magnifique copie restaurée 1080p faisant rougir de honte nos vieux DVD Français. Et puis, peu importe mon verdict final sur Histoires de Fantômes Chinois 3, peu importe qu’il ne soit qu’un remake déguisé du premier film, la trilogie représente assez bien la liberté de ton, de forme, la folie du cinéma de Hong Kong de la fin des années 80 et début des années 90. Du coup forcément, à l’annonce « officielle » de la mort du cinéma de Hong Kong en ce vendredi 11 Juin 2021 avec de « sublimes » directives gouvernementales visant à censurer voir interdire les films, avec comme excuse la « préservation de la sécurité nationale », et bien, ça m’a donné envie de redonner une chance à ce film. Car oui, si on peut dire clairement que le cinéma HK a eu une grosse baisse de régime et de qualité passé la rétrocession à la Chine en 1997, quelques irréductibles s’en sortaient, parvenant tant bien que mal à faire survivre l’industrie de l’ex colonie Anglaise, comme Herman Yau. Mais là, c’est officiel, la Chine a la main mise intégrale sur Hong Kong, et pire, sur sa culture et sa production cinématographique. Un événement grave et sans précédent tant on sait que la Chine censure tout, à tout va, et qu’il faut aller dans son sens. L’avenir nous le dira si les réalisateurs s’en sortent en produisant des métrages pour l’exportation, l’international donc, ou s’ils vont tout simplement aller émigrer et travailler ailleurs en délaissant Hong Kong, ou si le cinéma made in Hong Kong ne devient plus qu’un cinéma Chinois, sans réelle liberté d’expression.
Et donc, ce Histoires de Fantômes Chinois 3, revu avec du recul, une pointe de nostalgie et une pointe d’appréhension ? Et bien, c’est compliqué. Car en soit, ce n’est pas un mauvais film. Comment pouvait-il être mauvais tant on retrouve derrière la caméra la fine équipe des deux premiers films. Ching Siu-Tung réalise toujours, Tsui Hark est toujours à la production (ou ailleurs), la musique toujours composée par James Wong et Romeo Diaz reprend pas mal de thèmes iconiques des deux précédents également, la folie visuelle est toujours présente. Et puis, comment bouder la présence de la sublime Joey Wong qui reprend son rôle devant la caméra, ou du retour de Jacky Cheung pour un nouveau rôle, ici un sabreur vendant ses services, ou de la présence d’un comme souvent très bon Tony Leung Chiu-Wai dans le rôle principal, celui d’un moine qui va être séduit par notre fantôme. D’ailleurs, et c’est là la bonne idée du scénario, changer le personnage principal, qui était un homme ordinaire, collecteur d’impôts dans le premier, et devient donc un moine, ayant donc fait vœu de chasteté, et étant donc, de base, enclin à résister aux avances de notre fort séduisante fantôme. Et pourtant, au delà de ça, et du fait qu’il soit avec son maître sachant lutter contre les esprits, au lieu de faire route seul, Histoires de Fantômes Chinois 3 n’est qu’un remake. Et cela se voit dés le générique d’ouverture, copiant simplement celui du premier film, avec petite chanson, route de nos héros, arrêt pour s’abriter de la pluie, irruption d’un personnage qui vient décapiter et démembrer quelques adversaires devant eux. Par contre, on remarque immédiatement que le film met en avant l’humour. L’humour de situation, avec notre héros qui ne pense qu’à manger, mais aussi un humour parfois plus sombre, comme lorsqu’il doit reconstituer des corps démembrés afin de les enterrer proprement. Du coup, c’est l’humour et la folie visuelle qui domine l’œuvre, puisque la romance est finalement au second plan, sans pour autant venir bousculer la formule, voir la narration du film, qui reprend tout ce qui était déjà présent dans les deux premiers.
Et ce jusqu’à certains défauts, comme ces avalanches d’effets visuels pas toujours glorieux lors du final, avec des épées volantes, des personnages qui partent dans tous les sens, des monstres géants à l’aspect kitch et j’en passe. Et c’est dommage, clairement. Ce que propose le métrage, on l’a déjà vu, souvent en mieux, même s’il faut le reconnaître, le film est beau visuellement, les décors et costumes sont très soignés, les acteurs sont pour la plupart bons, Joey Wong est juste sublime comme toujours, les scènes d’action sont souvent très dynamiques, et je dois l’avouer, certaines notes d’humour fonctionnent. D’autres moins, mais bon. La romance est en arrière plan, notre personnage principal étant forcément un moine, mais néanmoins présente, mais au lieu de miser sur le côté dramatique de cette romance, c’est souvent donc l’humour qui est en avant. Mais voilà, encore une fois, ce qui me pose souci, c’est qu’il s’agît tout simplement d’un remake déguisé en suite. On y retrouve tous les grands éléments, jusqu’à des détails anodins, comme lorsque Joey Wong embrasse notre héros en prétextant qu’il est empoisonné, la scène où elle doit cacher le héros à ses sœurs, et ce jusqu’au mariage forcé avec le démon de la Montagne Noire pour amener un final aux proportions plus larges. L’ensemble se regarde évidemment, le film est représentatif du cinéma made in HK de ces années là, il n’y a pas de grosses fausses notes dans le métrage, mais voilà, dans le fond, pourquoi regarder ce troisième opus lorsque l’on peut revoir le premier, nous racontant la même chose, en mieux ?
Les plus
Techniquement abouti
Plaisant, rythmé
Joey Wong, sublime
Retrouver l’univers de la saga
Les moins
Juste un remake du premier film
La romance fonctionne moins
Par moment, ça veut en faire trop, sans être réussi
En bref : Troisième opus de la fameuse saga, le film n’est en réalité qu’un remake déguisé du premier film, reprenant sa structure, ses scènes clés, et en changeant peu de détails. Ça reste évidemment sympathique, bien emballé, mais c’est clairement un gros cran en dessous du film original.