Titre original : Mother’s Day
2010 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h52
Réalisation : Darren Lynn Bousman
Musique : Bobby Johnston
Scénario : Scott Milam d’après le film de Charles Kaufman
Avec Rebecca De Mornay, Shawn Ashmore, Lisa Marcos, Jaime King, Patrick Flueger et Deborah Ann Woll
Synopsis : Après un braquage qui tourne mal, trois frères, dont un gravement blessé, se rendent à la maison de leur mère. Mais ils découvrent avec surprise que la maison est à présent occupée par un couple. Débarquant lors d’une fête avec leurs amis, ils vont prendre tout le monde en otage et appeler leur mère, qui va les rejoindre avec leur sœur, Lydia.
Mother’s Day avait tout pour ne pas me plaire. Déjà, il s’agît d’un remake d’une petite production Troma du début des années 80, et les remakes sont très souvent moins bons, moins intéressants. Et puis, Troma reste un univers particulier à part dans le paysage du cinéma de genre. Ensuite, la réalisation est offerte à… Darren Lynn Bousman, qui est tout sauf un bon réalisateur (bon, j’apprécie son Saw 3), avec les suites de Saw, ou bien encore le mauvais 11/11/11 ou son épisode de la série Fear Itself, plus comique qu’autre chose. Ajoutez à cela Brett Ratner à la production, et je fuis en courant. Mais la curiosité a pourtant ses qualités, puisque Mother’s Day version 2010 est un excellent film, très différent de tout ce qu’on pouvait attendre venant d’un remake du film original, mais également venant de Bousman, qui porte bien son nom. Déjà l’histoire, finalement, est totalement différente de l’original. Ici, pas de campeurs perdus qui tombent sur une famille de dégénérés avec une mère folle. Non, c’est la famille elle même qui va se rendre dans la maison, croyant y retrouver leur mère chérie. Bousman plante le décor en quelques minutes seulement, avec des scènes courtes et rythmées, et un montage plutôt efficace. Mieux, sa mise en scène est calme, efficace, et évite les effets de style épileptiques et totalement gratuits qui caractérisent la saga Saw. Un grand pas en avant qui rend son film très appréciable au final. Donc, dans la forme comme dans le fond, Mother’s Day est un film classique, une prise d’otage en huit clos se déroulant sur une seule soirée, qui va aller crescendo. Mais on peut toujours faire du bon en partant d’un principe aussi classique, vu et revu.
C’est exactement le cas ici. Mother’s Day va prendre un principe vieux comme le monde et le dynamiter d’idées sadiques et bien vu, et de différentes thématiques intéressantes absentes du film original. En tant que remake, c’est bien là la force du métrage : s’éloigner le plus possible de l’original pour ne garder que son concept. Si bien que rapidement, Mother’s Day version 2010 n’a plus rien à voir avec l’original, pour le meilleur, et pour le pire. Les personnages sont simples, mais suffisamment développés pour maintenir l’attention du spectateur. Nous avons d’un côté un groupe d’amis dans lequel des tensions vont rapidement apparaître. Pris en otage, certains vont vouloir se rebeller, des secrets vont se dévoiler, certains vont vouloir se la jouer solo, d’autres vont avoir l’esprit d’équipe. Les personnages sont simples oui, mais les situations et réactions suffisamment réalistes pour tenir le spectateur en haleine sur toute la durée du métrage, qui frise tout de même les deux heures. Les acteurs font un boulot sérieux. Parmi ceux retenus en otage, on retrouvera Jaime King, aperçue dans Sin City du père Rodriguez, Briana Evigan dont la carrière ne brille pas (S. Darko mmm mmm), Lyriq Bent que Bousman avait déjà dirigé dans les Saw (2 3 et 4), Kandyse McClure, plus habituée aux films TV (Carrie, le remake de Children of the Corn) ou Shawn Ashmore, habitué aux petits budgets horrifiques (les géniaux Frozen et Les Ruines). Mais là où Mother’s Day captive vraiment le spectateur, c’est dans ses scènes de violence bien entendu, et dans la psychologie de la famille de braqueurs. Outre les trois frères, personnages assez simples et classiques qui ne vivent quasiment que pour la violence, ce sont les personnages féminins qui s’en sortent haut la main, avec la mère du titre, et la fille, Lydia. La mère donc, jouée par Rebecca De Mornay, revenant de loin (et prochainement à l’affiche du remake Américain et en 3D du film Japonais Apartment 1303), est un personnage intéressant, joué à la perfection. La maman a du répondant, et on en arrive à la détester autant qu’à l’adorer. Avec un simple regard ou une simple phrase, on peut la détester, la craindre, et la trouver fascinante en même temps. La relation qu’elle entretient avec ses fils et surtout sa fille, Lydia (jouée par Deborah Ann Woll, aperçue dans un bon paquet de séries, dont True Blood) est très intéressante. Une relation basée sur la peur et l’intimidation.
Une vraie tension va s’installer entre la mère, Lydia et George (Shawn Ashmore), qui est en quelque sorte bien vu par la famille, vu qu’il est docteur et s’occupe du frère blessé par balle. D’ailleurs, malgré quelques simplicités (ah, ce final prévisible que l’on voit venir 1h avant), la tension dans Mother’s Day est constante, avec ses échanges verbaux tendus qui mènent inéluctablement à une violence brute et réaliste. Effet renforcé par la réalisation calme et carrée de Bousman (ah, je n’aurais jamais cru écrire ça un jour), permettant « d’apprécier » la violence la plus crue et sournoise. Et le scénariste (dont c’est le tout premier scénario, chapeau) redouble d’inventivité pour nous offrir des scènes qui font mal, en évitant la redite et de plonger dans le torture porn classique comme beaucoup trop de films le font maintenant. Tête explosée, main éclatée avec une boule de billard, diverses tortures à base d’eau brulante ou autres, en passant par quelques rares sévices sexuels, tout est fait pour faire monter la tension progressivement au sein des deux groupes de personnages. Pour autant, certaines scènes, dans leurs idées rappelleront les Saw, de par le sadisme de certaines séquences basées sur le choix des personnages. Heureusement, l’univers, la finalité et le but sont totalement différents. Il est également dommage qu’entre temps, quelques scènes totalement inutiles (mais rapides) viennent se greffer à l’histoire, comme ces nombreux passages dans l’hôpital qui finalement n’amènent rien de plus, si ce n’est quelques minutes de plus au métrage. Néanmoins, Mother’s Day est rondement mené, et intéresse jusqu’à son final prévisible et un peu facile. Son ambiance en huit clos est froide, les scènes de violence sont sadiques et certaines scènes peuvent même choquer. Au final, la plus grande réussite du métrage est briser toutes les barrières que l’on s’attendait à trouver dans le métrage (c’est un remake, c’est un film de Bousman, les personnages n’ont rien de passionnants à première vue). Bousman signe sans conteste un bon film, et surtout son meilleur film.
Les plus
Une vraie tension
Des scènes de violence qui font mal
Quelques personnages intéressants
Une réalisation qui surprend venant de Bousman
Les moins
Quelques scènes faciles
Le final, prévisible
En bref : Bousman signe son meilleur film, et le pari était difficile. Mother’s Day s’éloigne totalement du film original, de son ambiance et de son histoire pour être un film froid et sérieux, à la violence inventive et prenante.