Titre original : Zhong an zu – 重案組
1993 – Hong Kong
Genre : Policier
Durée : 1h47
Réalisation : Kirk Wong
Musique : James Wong
Scénario : Teddy Chan et Cheung Chi-Sing
Avec Jackie Chan, Kent Cheng, Law Kar Ying, Au-Yeung, Christine Ng, William Tuan, Ken Ko, Wan Faat, Stephen Chan et Poon Ling Ling
Synopsis : Après une mortelle fusillade dans les rues de Hong Kong, l’inspecteur Chan est atteint psychologiquement, et suivi par la psychologue de la police. Un important homme d’affaire suspecte plusieurs hommes de vouloir le kidnapper, et l’inspecteur Chan est chargé de sa protection. Malheureusement, Chan ne peut pas empêcher l’enlèvement par un groupe de malfrats, dont un flic ripoux, causant la mort d’un policier et en blessant grièvement un autre.
Lors du tournage de Twin Dragons en 1992, Kirk Wong, qui fait une apparition dans le film, avait l’idée de faire Crime Story, et en parla à Jackie Chan, qui fut conquis par l’idée. Pourtant, au départ, ce fut Jet Li qui devait avoir le rôle principal du métrage, mais au final, un an plus tard, après divers soucis entre le réalisateur et l’acteur, Crime Story débarque, avec Jackie Chan. Un film différent dans la carrière de Jackie Chan, très différent. Premièrement, l’humour. C’est bien simple, il n’y a en a pas, pas une seule petite note d’humour tout le long du métrage. Dans un sens, Crime Story est d’ailleurs l’opposé de tout ce que Jackie Chan a toujours fait jusque là, et continuera de faire les années suivantes. L’humour est absent, l’action peu présente mais très violente quand elle débarque, et surtout très réaliste, le ton du métrage est très sombre, effet amplifié par la mise en scène de Kirk Wong, le magnifique score de James Wong et les différents personnages.
Crime Story donc, un film dont l’histoire, tirée d’une histoire vraie, nous raconte l’enlèvement d’un milliardaire par des malfrats, aidés par un policier corrompu. Une base réelle, dont de nombreux éléments avaient pu déjà être vus dans d’autres métrages estampillés Jackie Chan (la saga Police Story par exemple), sauf que là, Kirk Wong est à la mise en scène. Du moins, au début, puisqu’on le sait, il se fit virer de son propre film par Jackie Chan lui même, jugeant la direction prise par le réalisateur comme étant trop sombre. Jackie Chan reprit le film en main avec l’accord des producteurs. Ainsi, certaines scènes furent coupées ou écourtées, notamment une scène de sexe dans un ascenseur. Une scène qui en effet, prise dans la carrière générale de l’acteur, n’avait pas sa place, mais qui dans un film comme Crime Story, l’avait. Crime Story n’est en effet pas un film pour amuser le grand public comme souvent, mais bel et bien un polar sombre, un drame, avec des personnages souvent durs.
Passé cette petite parenthèse sur le film et la création de celui ci, que reste-t-il de Crime Story ? Un film intelligent, très froid et dur, et surtout incroyablement réussi et toujours très violent. La scène d’ouverture nous entraine directement dans un chaos urbain des plus réussi d’ailleurs, en nous présentant l’inspecteur Eddy Chan chez la psy. Ces passages calmes, misant sur les qualités d’acteur de Jackie Chan, sont entrecoupés par des images des événements qui l’ont amenés ici, à savoir une fusillade en pleine rue, traumatisante pour le personnage, bien qu’il ne voudra pas l’admettre. Pas de comédie comme dit plus haut, non. Un moment réaliste comme il se doit, et surtout très impressionnant, qui prend à la gorge et ne laisse pas le temps au spectateur de respirer, comme les autres scènes d’action du métrage. Crime Story va donc dans un premier lieu beaucoup miser sur son aspect dramatique, et surtout la tension psychologique entre les deux personnages principaux, à savoir l’inspecteur Chan, joué par un Jackie Chan surprenant, prouvant qu’il peut tout à fait jouer un rôle dramatique et dur, et le flic ripoux, joué par Kent Cheng.
Les deux acteurs sont parfois réellement impressionnants, notamment lors de leurs rares échanges et dans leurs nombreux échanges de regards, lourds de sens et de tensions. La tension dramatique du métrage est totalement réussie, et tiennent littéralement le spectateur en haleine, le tout appuyé par le score de James Wong, hypnotisant. En effet, les deux personnages que tout oppose vont devoir faire équipe pour retrouver le millionnaire disparu. Sauf que d’un côté, Jackie Chan fera tout pour la justice, quitte à mettre sa vie en danger, pour au final ne rien récolter du tout, alors que le personnage de Kent Cheng est responsable de l’enlèvement, et voit la rançon comme une porte de sortie, il en a justement marre de ce système et de bosser dans la police pour ne rien récoler. Deux personnages intéressants apportant une tension constante. Heureusement, face à cette tension, l’action n’est pas mise de côté.
Cependant plus rare que dans de nombreux autres films de Jackie Chan, et donc, plus rare que ce que l’on pouvait attendre, l’action est ici présente mais semble différente, bien plus nerveuse, plus violente, plus réaliste, et donc, bien entendu, bien plus courte. Pas de kung-fu comedy ou bien d’échanges de coups surréalistes, non, l’action est ici directe et fait mal. Certaines scènes pourront marquer les esprits d’ailleurs, notamment l’enlèvement du millionnaire, incroyablement violente et cruelle envers ses différents personnages. L’aspect spectaculaire est bel et bien présent, et les personnages souffrent, Jackie saignera même, ce qui est assez rare pour le souligner. Les combats à mains nues eux seront très peu présents, on n’en notera finalement qu’un seul véritablement, le reste de l’action se limitant à de très rapides échanges de coups ou tout simplement à des courses poursuites, à pieds ou en voitures, ou Jackie pourra prouver ses talents de cascadeurs une nouvelle fois. Le grand combat du film, lui, sera comme à son habitude dans le final, et ne décevra pas, malgré un petit plan raté me faisant rire à chaque fois (un petit souci entre la réaction d’un acteur et les impacts de balles). Kirk Wong et Jackie Chan nous offrent un final nerveux ne donnant que peu de répit aux personnages et aux spectateurs, nous offrant, outre un film surprenant dans la carrière de Chan, une scène encore plus surprenante. Car si Jackie Chan nous a bel et bien habitué à des films tout public, il n’a jamais, jusque là, tué un de ses ennemis. Achever, oui, tuer, jamais. Crime Story change également cela. Une grande réussite.
Les plus
Un rôle dramatique pour Jackie Chan
La maîtrise de Kirk Wong à la mise en scène
Des scènes impressionnantes
Dur et réaliste
Les moins
Un petit plan bien raté
En bref : Rythmé et incroyablement bien réalisé, avec quelques scènes d’action nerveuses et impressionnantes, dont une explosion totalement folle, Crime Story malgré des soucis de production, est un grand film encore une fois !