Titre original : Long2 Shao3 Ye – 龍少爺
1982 – Hong Kong
Genre : Kung Fu Comedy
Durée : 1h42
Réalisation : Jackie Chan
Musique : Frankie Chan
Scénario : Jackie Chan, Edward Tang et Barry Wong
Avec Jackie Chan, Mars, Michael Chan, Paul Chang, Suet Lee, Tien Feng, Wang In Sik et Tai Bo
Synopsis : Dragon et Cowboy sont meilleurs amis. Adolescents insouciants et turbulents, ils se battent pour pouvoir approcher une jeune femme, sans savoir que non loin de là, dans un monastère, des truands s’apprêtent à revendre des objets d’arts appartement à la Chine. En protégeant un homme, ils vont se retrouver directement mêlés et en danger…
Après des essais Américains avec des films très mineurs comme Le Chinois et L’équipée du Cannonball, Jackie Chan revient à Hong Kong pour réaliser son nouveau film. Nous sommes en 1982, et Jackie Chan retourne donc à ce qu’il faisait avant son excursion en Amérique : la Kung Fu Comedy, ce qui lui a valu des succès comme The Young Master (La Danse du Lion), La Hyène Intrépide, Snake in the Eagle’s Shadow (Le Chinois se Déchaîne) ou Drunken Master (Le Maître Chinois). Le genre tel qu’on le connaît est pourtant en train de subir des changements et n’intéresse plus vraiment le public, et avec Dragon Lord, Jackie Chan livre justement un produit quelque peu différent, qui laisse apercevoir le style qui sera le sien dans toutes ces réalisations suivantes : un mélange de comédie, de combats, mais également de cascades dangereuses. Ce qui donne un film donc quelque peu inhabituel, dans la forme. Pas dans le fond, puisque l’on y retrouve une histoire classique. Chan joue Dragon, son ami Mars joue Cowboy. Deux amis turbulents. Chan retrouve avec Dragon un rôle qu’il connaît bien, celui de l’élève pas très appliqué mais pourtant bourré de talents, qui essaye d’échapper par toutes les manières possibles et imaginables aux leçons de son père, que ce soit des leçons en arts martiaux, ou tout simplement dans l’apprentissage de poésies. Son père ne sera pas dupe longtemps, bien évidemment, tant les stratagèmes sont parfois abusés (voir la scène où Chan doit réciter des poésies). De l’autre côté, de méchants truands (forcément) qui revendent des objets d’arts (cette partie de l’intrigue sera d’ailleurs reprise pour l’énorme Drunken Master 2 en 1994). Une intrigue au départ totalement à part, mais qui va petit à petit s’introduire dans le quotidien de Dragon et Cowboy, totalement par accident.
Dans sa première partie, Dragon Lord se fait plutôt avare en combats. Jackie Chan place ses deux histoires principales avec beaucoup d’humour. Car si d’un côté nous avons bel et bien les truands avec le trafic d’objets d’arts, l’autre partie de l’intrigue, suivant Dragon et Cowboy, s’axe sur les stratagèmes qu’ils effectuent afin de séduire une fille. Oui, bien que le rôle ne soit pas vraiment développé, Dragon Lord pour une fois s’axe autour d’une femme, quête ultime pour Dragon et Cowboy, qui veulent tous les deux la même femme. Faux combats, disputes, bêtises et humour, voilà ce que réserve la première partie de Dragon Lord. Mais tout change avec l’arrivée d’une des meilleures scènes du métrage, une séquence de sport où deux équipes s’affrontent en devant marquer des buts, comme au football… mais avec un volant de Babington. Séquence originale faisant preuve d’une réelle maîtrise, autant dans les différents échanges que dans la façon de filmer ce sport hors du commun. Jackie Chan réussit une scène inoubliable, dont un des plans aurait été filmé une bonne centaine de fois. Passé cette scène, le rythme s’accélère, sans pour autant laisser la place aux arts martiaux. Car oui, bien qu’utilisant tous les codes de la Kung Fu Comedy, Chan livre bel et bien un film à part. Les arts martiaux purs et durs sont très en retrait, on ne notera à ce niveau que le combat final, les autres scènes d’actions mettant en avant la souplesse de l’acteur et les cascades folles qu’il veut faire et fera par la suite dans son œuvre.
La première raison de ce mix et de ce déséquilibre sera en premier lieu le scénario, qui, en alternant deux histoires différents (la « drague » de la jeune femme et le vol d’objets d’art) ne sait pas vraiment où aller. Si bien que parfois, une intrigue est laissée de côté pendant quelques temps et réapparait plus tard sans prévenir. Un déséquilibre constant donnant plus parfois l’impression d’assister à une succession de scènes, qui fort heureusement, s’avèrent fort impressionnantes. La partie de volants est en effet assurément le premier grand moment du film. Après cela, Jackie Chan place dans son œuvre quelques cascades, notamment sur le toit d’un bâtiment, ainsi qu’un rapide combat ou Jackie commence à trouver son style en utilisant les éléments du décors et en faisant preuve d’une souplesse incroyable. Il en sera de même pour le combat final, plutôt ambitieux et spectaculaire, avec des chutes incroyables de la part de Chan et de Mars, dans une grange. La scène est tout simplement monstrueuse et montre toutes les capacités de l’artiste. Dragon Lord sera un échec au box office, et Jackie Chan abandonnera alors pendant plus de 10 ans la Kung Fu Comedy pure pour trouver son style, qui arrivera dés l’année suivante avec le film gagnant : Project A (Le Marin des Mers de Chine). Dragon Lord, bien que très imparfait, est une œuvre importante dans sa carrière, un mix entre les films plus traditionnels et le style que Jackie Chan optera dés son film suivant. Un film qui pourra donc en décevoir plus d’un mais qui mérite assurément le coup d’œil.
Les plus
La longue partie de foot-bamington
Le final dans la grange
Un film très plaisant
Les moins
Mais un film déséquilibré
Deux intrigues qui ne se marient pas toujours bien
En bref : Dragon Lord annonce un tournant dans la carrière de Jackie Chan. En résulte un film mixant Kung Fu Comedy classique et cascades impressionnantes. Pas parfait, mais intéressant.