Titre original : The Protector – 威龍猛探
1985 – Hong Kong / Etats Unis
Genre : Policier
Réalisation : James Glickenhaus
Musique : Ken Thorne
Scénario : James Glickenhaus
Avec Jackie Chan, Danny Alello, Roy Chiao, Sally Yeh, Moon Lee, Bill Wallace et Peter Yang
Synopsis : Billy Wong est un flic de New York, d’origine Chinoise, qui est prêt à tout pour faire triompher la loi. Alors qu’il est avec son collègue dans un bar, un hold-up a lieu, et son partenaire perd la vie. Quelques temps après, il assiste avec son nouveau partenaire, Garoni, à l’enlèvement de la fille du riche Shapiro. Il comprend de suite que le kidnapping est l’œuvre de Ko, parrain de Hong Kong. Il est envoyé là-bas avec Garoni.
La première moitié des années 80 est extrêmement chargée pour Jackie Chan, et surtout très variée. En effet, dès 1980, la Golden Harvest l’envoi en Amérique pour tenter de les conquérir à la manière de Bruce Lee. En résulte un ratage quasi total ; Le Chinois (Battle Creek Brawl). La même année, Jackie signait également sa deuxième mise en scène avec The Young Master (La Danse du Lion). La suite sera encore bien plus importante pour Jackie Chan, puisque dès 1983, le bonhomme trouvera enfin son style en tant que réalisateur avec Project A (Le Marin des Mers de Chine), tournera beaucoup pour son grand frère Sammo Hung avec Winners and Sinners (Le Gagnant) en 1983, puis Wheels on Meals (Soif de Justice) et les deux premiers My Lucky Stars en 1985 (Le Flic de Hong Kong). Et justement, en 1985, il retente quelques produits Américains, avec Cannonball 2, et une coproduction entre HK et les Etats Unis : The Protector. Rebaptisé en France… Le Retour du Chinois. Titre incroyablement stupide, puisque le film n’a rien à voir avec Le Chinois, ou même Le Chinois se Déchaîne (Snake in the Eagle’s Shadow). M’enfin, vive le marketing des titres français. Et si dans ces autres productions ou co-productions Américaines, Jackie n’a jamais eu son mot à dire dans quoi que ce soit et que ces métrages ne tenaient jamais compte de ces capacités martiales, le parcours de The Protector fut bien différent. James Glickenhaus se charge du scénario et de la réalisation, pour livrer un polar sombre (et très orienté bis qui tâche avouons le hein) comme les Etats Unis en livraient plein à cette époque, un produit B sans vraiment d’imagination et opportuniste. Jackie Chan sera catastrophé du résultat (peu encourageant il est vrai) et retournera lui même des scènes pour le marché HK, notamment les combats, ajoutera des scènes et en supprimera, quitte à s’approprier le film, et donc le ratage du métrage.
The Protector donc, prend la forme d’une sorte d’Arme Fatale, une sorte de Buddy movie (bien avant les Rush Hour, et sans Chris Tucker), un film à l’ambiance un peu fourre tout très différente des autres métrages de Jackie Chan de la même époque, même si la même année, Jackie signa son film culte Police Story, avec lui aussi ses flics corrompus, ses combats et autres. Mais ne mélangeons pas tout, The Protector n’a aucun point aucun avec Police Story, et surtout pas une seule de ces qualités. Les vingt premières minutes du métrage prennent place à New York, et surprennent, autant pour un film de Jackie Chan que pour un polar se voulant sérieux. Lorsque tout commence, de nuit, dans les rues, on a limite l’impression de se retrouver dans New York 1997 de John « God » Carpenter. Les rues de New York sont dangereuses et sombres, la musique très synthé, les gangs règnent sur la ville, et au milieu de tout ça, on a Billy Wong (Jackie donc) et son coéquipier. La suite sera encore plus surprenante, notamment avec un holdup dans un bar où se trouvent les deux policiers. Une scène qui connote, autant à l’intérieur du bar que dans la poursuite qui suit dans les rues, puis en bateau, avec le ton des productions Jackie Chan. Jackie joue un flic violent, fonceur, qui flingue avec de parler, et qui n’en fait qu’à sa tête. Ainsi, on le menace avec une arme, il riposte, tuant froidement son ennemi avec giclée de sang XXL contre le mur. On tue son coéquipier, Jackie poursuivra son ennemi jusqu’à le faire exploser à coup de collision de bateaux. Stéréotypée au possible, surréaliste, nous montrant un Jackie Chan en mode L’inspecteur Harry, cette première partie, étant l’opposé du but recherché (le polar sombre et réaliste pour rappel) amuse et surprend. Une curiosité intéressante pour le fan. Mais passé son ouverture, l’histoire délocalise immédiatement pour Hong Kong, et c’est à partir de là que les deux montages diffèrent. James Glickenhaus fait avancer son intrigue comme il le peut, l’agrémentant de passages clichés, d’autres ratés, de combats mou du genoux, et comblant son intrigue avec des passages gratuits ne servant pas à grand chose mais amenant péniblement le métrage à la durée réglementaire des 90 minutes.
Son montage n’offrira que peu au spectateur, entre des scènes molles (des combats ne prenant pas franchement en compte les capacités de Chan), des scènes de nudités racolantes et longues ne servant à rien, des gros clichés dans l’évolution de l’enquête. Dans le montage HK, bien plus rythmé, mais toujours aussi foutraque, la nudité passe bien évidemment à la trappe, Jackie Chan ne se permet pas de nudité. Les combats sont retournés, et pas mal de nouvelles scènes d’action s’ajoutent au montage, dont quelques très bonnes cascades, qui surprennent forcément comparées au reste de l’intrigue, évoluant plus à coups de grosses fusillades violentes (avec toujours giclées de sang à l’appui), de bombes posées chez des témoins gênants, de corruptions à coup de grosse mallette remplie d’argent. Tous les clichés du genre sont là, et bien plus encore. Chan dans son montage, dynamise le tout de combats n’ayant pas toujours leur place dans un polar calibré US. D’une scène à l’autre, on passe de surprise en surprise, d’un ratage à un petit éclair de génie. Jackie Chan rajoutera un combat dans une salle de sport purement dans son style, utilisant les différents accessoires de la salle pour vaincre ses deux ennemis (ça reste light), retournera une scène dans le sauna (présageant le combat dans le sauna de Rush Hour 2), retournera le combat final pour lui donner plus de peps, de rapidité, et de coups dangereux avec une scie circulaire. The Protector, dans tous les cas, se montre comme étant un film peu inspiré, pillant un peu partout, avec des scènes déséquilibrées, mais n’ennuyant jamais, ce qui est déjà pas mal, vu l’incompétence du réalisateur, le remontage. Les ajouts de Chan ne se mêlent pas toujours bien au reste, mais ajoutent de nouveaux personnages, des parts de l’intrigue, et des combats plus nerveux assurément sympathiques. Distrayant, quand on sait à quoi s’attendre.
Les plus
Quelques combats sympathiques
Le début à New York, à l’opposé de ce que fait Jackie Chan
Plutôt rythmé
Les moins
Manque de cohérence
Un peu tout et n’importe quoi
Les ajouts de Chan se mariant mal au reste (même si ça reste meilleur)
En bref : Un film fourre tout plaisant si on n’attend pas grand chose. Chan retourne une partie du film pour le dynamiser, quitte à ne pas coller avec le reste, donnant ainsi un film hybride.