Titre original : Quella Villa Accanto Al Cimitero
1981 – Italie
Genre : Horreur
Durée : 1h26
Réalisation : Lucio Fulci
Musique : Walter Rizzati
Scénario : Lucio Fulci, Elsa Briganti et Dardano Sacchetti
Avec Catriona MacColl, Paola Malco, Ania Pieroni, Giovanni Frezza, Silvia Collatina et Dagmar Lassander
Synopsis : De sanglants meurtres sont perpétrés dans une maison toute proche d’un cimetière. Plus tard, Bob, un jeune enfant, ainsi que ses parents s’apprêtent à emménager dans cette demeure. Bob est alors victime de visions mettant en scène une petite fille qui lui retrace la sanglante histoire de la villa et le met en garde contre certains dangers. Il semblerait qu’un mort-vivant vive dans la cave et y entreposerait des corps humains décomposés.
En 1981, la carrière de Fulci brille encore de milles feux depuis quelques années, avec des titres comme L’enfer des zombies, Frayeurs et pour beaucoup, son meilleur film avec L’au-delà. C’est alors que peu de temps avant la déchéance, qui viendra l’année suivante avec La malédiction du pharaon et qui continuera avec de nombreux métrages tels Murder rock, Conquest, Aenigma et tant d’autres, Fulci nous livre son avant dernier bon film, malgré déjà de nombreuses erreurs de réalisation, de scénario, et d’interprétation. Ce film, c’est La maison près du cimetière, autant adulé que les quelques films précédents de Fulci mettant en scène des morts vivants, un film qui avait le potentiel d’être une œuvre gore d’une rare intensité. Si ce n’est que de nombreux défauts viendront quelque peu abaisser le constat général de cette œuvre. Après l’ouverture fort réussie, où la musique de Walter Rizzati rivalise avec celle de Fabio Frizzi (compositeur des bandes sonores des trois précédents films de Fulci, et d’autres par le passé). Le ton est donné, le gore est encore et toujours là, l’ambiance soignée, tout comme le décor de la fameuse maison, fort réussi. Fulci, qui venait de faire deux films à l’ambiance gothique avec des zombies, change quelque peu de direction en s’attaquant au thème des maisons hantées, tout en gardant un univers gothique, et en guise de fantôme, une sorte de zombie en décomposition. Mais rapidement, le film montre clairement certains emprunts à d’autres métrages du genre, notamment le Shining de Stanley Kubrick.
Nous avons là en effet une famille identique sur beaucoup de points à celle du film de Kubrick adapté de Stephen King, à savoir un père de famille bosseur, une mère au foyer et un petit garçon. Pour que cet emprunt soit encore plus voyant, ajoutant à cela le fait que le petit garçon, Bob, verra une autre petite fille, Mae, qui l’avertira du danger que représente la maison. Car comme dans Shining, cette belle petite famille va déménager pendant une durée d’environ six mois dans une nouvelle maison, où le précédent locataire s’est donné la mort. Dans un premier temps, le scénario de La maison près du cimetière n’est donc qu’un patchwork de diverses influences (dont la plupart à Shining). Le film se démarquera plus des autres films du genre par sa mise en scène, mais encore une fois, quelques éléments viendront entraver la qualité générale de l’œuvre. Après leur arrivée dans la maison, la famille Boyle s’installe et une femme de ménage viendra pour les aider, et surtout, s’occuper de Bob. La mère, jouée par Catriona MacColl (encore une fois chez Fulci, après Frayeurs et L’au-delà), n’est pas très stable mentalement, tandis que la père, Norman, se plonge dans le travail et en oublie ses devoirs de père. Fulci prend le temps d’installer l’ambiance et ses personnages, même si les liens entre eux ne seront pas toujours très clairs. On pense par exemple à la femme de ménage, sous exploitée. En revanche, le personnage de Mae sera une bonne trouvaille. Malgré ses influences, tout aurait pu passer facilement sans deux éléments. Le premier étant le personnage, pourtant important et central, de Bob. Son personnage devient rapidement très énervant, d’autant plus que le jeune acteur est tête à claque au possible. Le second élément concernera la première séquence sanglante du métrage, sans compter son introduction. En inspectant la cave, Norman se fera attaquer par une chauve-souris, et autant dire que l’effet est plus que ridicule, la scène s’étire en longueur, Catriona MacColl passe son temps à crier en bougeant sa tête, pendant que son mari s’acharne avec un couteau sur une pauvre chauve-souris en plastique. Arrivé à ce point, on ne sait plus trop quoi penser de La maison près du cimetière, possédant une bonne ambiance et mise en scène, mais souffrant de gros défauts.
Il faudra attendre la dernière demi-heure du métrage pour que Fulci, en grande forme, ne se décide vraiment à accélérer le pas avec le plus grand sérieux. Finit les chauves-souris en plastique, le film passe à l’étape supérieure. Maintenant que la porte de la cave est ouverte, le monstre sa cachant à l’intérieur peut errer à sa guise dans la maison et semer sur son passage la mort. Le film va alors gagner en rythme, et encore plus en ambiance, puisque le métrage va devenir extrêmement gore, et par la même occasion, extrêmement glauque. Le ton du film va devenir plus sombre est inquiétant, et c’est avec délice que l’on se plonge totalement dans les scènes de suspense du métrage. C’est avec des scènes pareilles et dans un tel climat d’angoisse que l’on aurait souhaité que le film baigne en permanence. Mais Fulci est ce qu’il est, et à fait autant de bons que de mauvais métrages. La maison près du cimetière restera pourtant dans le haut du panier, aux côtés de Frayeurs et de quelques autres métrages, avant que Fulci ne se lance dans toute une série de mauvais films. La maison près du cimetière est certes, inégal sur plus d’un point, peu original dans ses grandes lignes, mais a ce qu’il faut pour plaire aux amateurs de genre, et marque les esprits grâce à son ambiance et son final véritablement étouffant.
Les plus
Une ambiance prenante
Un score musical parfait
Le final, glauque et violent
De très bonnes scènes
Les moins
Le gamin parfois énervant
Des emprunts à d’autres films de l’époque
La scène de la chauve souris, risible
En bref : Un Fulci inégal, mais dont le final et l’ambiance nous donne envie de fermer les yeux sur ses défauts, comme le personnage énervant du petit, certaines scènes ridicules et ses nombreuses inspirations. Dans son ensemble, le métrage est glauque et prenant.