Titre original : 龍虎風雲
1987 – Hong Kong
Genre : Policier
Genre : 1h41
Réalisation : Ringo Lam
Musique : Teddy Robin
Scénario : Tommy Sham
Avec Chow Yun-Fat, Danny Lee, Suen Yuet, Roy Cheung, Lau Kong, Carrie Ng et Elvis Tsui
Synopsis : Le braquage d’une bijouterie tourne mal, laissant quelques victimes. L’inspecteur Lau charge alors un flic, Ko, de s’infiltrer dans le gang de braqueurs. Poursuivi par la police qui ignore sa vraie identité, Ko va peu à peu se lier d’amitié avec le chef de la bande, Lee Fu.
Après A Better Tomorrow (Le Syndicat du Crime) de John Woo en 1986, l’heure est au polar à Hong Kong. A cette époque, Ringo Lam n’est pas encore particulièrement connu. Derrière lui, quelques films de commande, notamment des comédies et des romances, et également des suites, avec Aces Go Places 4 et Happy Ghost 3 en 1986. 1987 sera en quelque sorte l’année de la découverte d’un artiste et l’année de la consécration, avec deux films à l’impact immédiat. Il y aura Prison on Fire, avec Chow Yun-Fat et Tony Leung Ka-Fai, qui lança la mode des films en prison, et ce City on Fire, où Ringo Lam retrouve Chow Yun-Fat au casting. Pour l’épauler, on trouve Danny Lee, que Yun-Fat retrouvera deux ans plus tard dans The Killer de John Woo. L’histoire ? Simple, efficace, et surtout très connue, puisque Tarantino lui même aura livré un remake de City on Fire en 1992 en signant son premier film : Reservoir Dogs. Chow Yun-Fat interprète un flic chargé d’infiltrer un gang de braqueurs, pour que la police puisse les arrêter en pleine action. L’ambiance est réaliste, froide, parfois violente comme il faut, et pourtant, Ringo Lam ne fait pas forcément les choses comme tout le monde. Alors que l’heure est aux polars qui stylisent leurs images et leur violence, lui fait l’opposé, préférant s’axer avant tout sur ces personnages, mettant en avant leur psychologie, les liens qui les unis, et mettant ainsi l’action très en arrière plan.
Passé le braquage d’introduction, on nous présente donc le personnage de Ko, joué par Chow Yun-Fat, un flic un peu paumé, infiltré, dont la vie sentimentale bat de l’aile. Les flics eux même ne savent plus qui il est, les malfrats ont des doutes sur lui, sa petite amie souffre des nombreuses absences du personnage. Oui, Ko ne sait plus où il en est, mais il continue sa route, obéissant aux ordres de son oncle, qui l’a infiltré, et qui a lui même du mal, au sein de la police, à se faire respecter ou à faire passer ses idées. La vision que Ringo Lam nous offre de la police est intéressante, entre ses personnages un peu prêts à tout pour avoir des renseignements, d’autres qui se font marcher sur les pieds, et au milieu, Ko, infiltré, qui ne sait plus du tout où il en est, allant jusqu’à s’attacher aux malfrats qu’il côtoie, et à cauchemarder sur la mort de ses anciens amis. City on Fire possède un fond extrêmement sombre et travaillé, et le scénario y est pour beaucoup, malgré des imperfections (le personnage féminin pas forcément assez attachant pour intéresser). Face à Ko, on trouve Lee Fu, joué donc par le grand Danny Lee, un malfrat au final pas si méchant que ça, qui ne sait pas lire, avouons même au détour d’une scène touchante avec Ko qu’il ne hait pas les flics finalement, mais qu’il s’est retrouvé dans le milieu et qu’il en accepte les règles du jeu : vivre ou mourir, tuer ou être tué.
La relation qui se bâtit petit à petit entre les deux personnages est indéniablement le gros point fort du métrage. Les personnages sont attachants, et on se plait à les voir évoluer, se connaître, s’ouvrir finalement. Ringo Lam met tout cela merveilleusement en place, pour ensuite nous livrer une dernière demi-heure qui bouge, avec plus d’action, et bien entendu, beaucoup de tension, tension possible grâce au développement des personnages qui précède. La violence et la tension explosent alors à l’écran sans nous donner un seul moment de répit, jusqu’au point culminant du métrage (qui sera donc, sans surprise, reprit dans Reservoir Dogs de Tarantino), où Ringo Lam en rajoute une couche en terme de noirceur dans un récit pas forcément joyeux dès le départ. City on Fire est une œuvre forte, et sans aucun doute une œuvre importante, autant pour le cinéma de Hong Kong à une époque où de nouveaux artistes s’exprimaient pleinement que pour le cinéma tout court. Un film poignant, parfois dur et violent, et peut être un des meilleurs métrages de Ringo Lam.
Les plus
Les acteurs
Une vraie tension
La relation entre les personnages
Sombre et prenant
Les moins
Le personnage féminin
En bref : City on Fire mérite sa réputation. Un excellent casting au service d’un scénario privilégiant les personnages à l’action. Une grande réussite pour Ringo Lam.