ARAGAMI (荒神) de Kitamura Ryuhei (2003)

ARAGAMI

Titre original : Aragami – 荒神
2003 – Japon
Genre : Action
Durée: 1h18
Réalisation : Kitamura Ryuhei
Musique : Morino Nobuhiko
Scénario : Kitamura Ryuhei

Avec Osawa Takao, Kato Masaya, Uotani Kanae, Sakaguchi Tak et Sakaki Hideo

Synopsis : Deux Samouraïs en perdition, blessés à mort, se réfugient dans un temple habité par un samouraï et sa servante. Les hôtes, d’abord accueillants, révèlent au fur et à mesure du récit leur vraie personnalité.

Kitamura avait créé la surprise en 2000 en lançant son Versus. Acclamé en festival, le métrage lui permit d’avoir accès très rapidement à des budgets plus confortables, lui permettant de mettre plus d’ampleur dans ses projets, comme dans Azumi, ou encore de livrer des grosses œuvres de commandes (Godzilla Final Wars). Malgré ses gros défauts évidents, dont certains poursuivront Kitamura durant toute sa carrière Japonaise, notamment une gestion du rythme souvent assez hasardeuse et un côté poseur très prononcé, Versus avait révélé un réalisateur, qui par la suite devint également producteur et scénariste pour ses amis (notamment Sakaguchi Tak avec son Samourai Zombie), avant de s’exiler aux Etats Unis en livrant Midnight Meat Train et No On Lives. Aragami lui, date de 2003, et est sans doute, de par ses « contraintes », le film de la carrière de Kitamura qui se rapproche le plus de Versus. À l’origine, Kitamura se lance un défi avec le réalisateur Tsutsumi Yukihiko. Chacun devra réaliser dans son coin un film, avec pour contraintes un seul lieu, une seule nuit, et seulement deux personnages, voir un troisième en retrait ayant plus un rôle de spectateur de l’histoire. Autre contrainte, le tournage ne devra durer qu’une semaine. Dans ces conditions folles, les deux artistes se sont mis au travail, livrant chacun son film. Tsutsumi livra l’intéressant et parfois bien bourrin 2LDK, duel entre deux actrices colocataires dans leur appartement, et Kitamura, lui, livra donc Aragami. Ne changeant rien à son style habituel, le bonhomme nous offre donc des personnages masculins qui prennent des poses, qui aiment bien parler, qui sont des samouraï et qui vont se battre au katana.

Dans le fond, rien de neuf. Dans la forme par contre, on sent que Kitamura a évolué depuis Versus, qui malgré son aspect fun (et ses longueurs, le métrage durait tout de même 2h), souffrait de son trop plein d’influences diverses (Romero, Carpenter, Sam Raimi, les films de sabres, les polars) et d’une mise en scène certes maîtrisée, mais limitée. Ici, Kitamura recadre donc son intrigue et ses personnages, par contraintes certes, dans un seul lieu, sur une seule nuit, et du coup, son métrage paraît plus étudié que Versus. Cela en fera-t-il un bon film plus maîtrisé ? Oui, et non. Kitamura restera toujours Kitamura, et dans Aragami, bien que cela semble différent, on retrouvera tous les défauts de Versus. L’univers de Aragami est simple, le film se déroule dans l’ancien temps, et comme il se déroule dans un lieu unique, ici un grand temple, Kitamura n’a qu’à soigner ses décors et costumes. L’illusion est parfaite, on y croit dès la scène d’ouverture, surtout que la musique fait bien monter la sauce. Kitamura reprend d’ailleurs l’un des compositeurs de Versus, Morino Nobuhiko, qui va œuvre sur la plupart de ses films par la suite, livrant ses meilleurs morceaux pour Sky High et Love Death. Et si contrairement à Versus, Kitamura n’a que deux personnages à développer, il va nous refaire le même coup ! C’est-à-dire nous abreuver d’un nombre incalculable de dialogues en tout genre.

Ainsi, malgré l’aspect de duel ultime du projet, Aragami est un film très bavard, entrecoupé de quelques combats. Sauf que l’effet donne une sensation opposée à celle de Versus, où les dialogues venaient couper les combats. Ici, c’est l’opposé, les combats viennent couper de longs dialogues. Même si le métrage ne dure que 1h10 (c’est court pour du Kitamura), il n’y aura donc que trois combats. Le reste ne sera que bavardages, pas inutiles la plupart du temps il est vrai, mais s’étendant parfois un peu trop pour passionner pleinement sur la durée. L’idée de base a beau être excellente et Kitamura gère sa mise en scène (rien à redire, c’est extrêmement bien filmé, il sait tenir une caméra), mais la sauce ne prend pas toujours et par moment, le temps paraît assez long. Dommage, car en retardant au maximum ces combats (alors qu’on les attend de pied ferme), Kitamura perd une partie de l’attention de son public. Les combats donc, au nombre de trois, sont plutôt courts, mais bien troussés. Le combat final notamment, très bien filmé, nous donnera quelques effets de styles bien trouvés qui nous donne enfin ce que l’on attendait depuis le début. Aragami, c’est ça. Beaucoup de bavardages, au service d’une technique très réussie, mais d’un film au rythme encore mal géré. Dommage, mais pas désagréable non plus.

Les plus

Bien filmé
Le combat final
Bonne idée de départ

Les moins

Par moment un peu long
Tout ça pour ça ?

En bref : Aragami déçoit. Il contient les défauts habituels du cinéma de Kitamura, à savoir un rythme mal géré, mais reste un moment agréable.

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