LE SYNDICAT DU CRIME (英雄本色) de John Woo (1986)

LE SYNDICAT DU CRIME

Titre original : A Better Tomorrow – Ying Hung boon Sik – 英雄本色
1986 – Hong Kong
Genre : Policier
Durée : 1h35
Réalisation : John Woo
Musique : Joseph Koo
Scénario : John Woo, Chan Hing-Ka et Leung Suk-Wah

Avec  Chow Yun-Fat, Ti Lung, Leslie Cheung, Emilie Chu, Kenneth Tsang et Waise Lee

Synopsis : Ho et Mak sont trafiquants de faux billets. Tout irait pour le mieux si le petit frère de Ho, Kit, n’était pas policier. Kit ignore tout de la situation, et lorsque son frère est arrêté et leur père assassiné, c’est un choc pour lui. Trois ans plus tard, Ho sort de prison, et retrouve Mark zonant dans un garage. Kit ne veut plus entendre parler de son frère. Mais un nouveau chef de triade, Shing, compte bien faire rechuter Ho dans le milieu.

En 1986, c’est la consécration, ou du moins, le début. John Woo, avec l’aide de Tsui Hark à la production (qui fera une apparition furtive dans le film), peut enfin quitter les comédies et les arts martiaux pour se lancer dans le polar. Résultat ? Un film culte qui va lancer une mode à Hong Kong, celle des polars violents et stylisés, et qui va lancer la carrière de John Woo avec les films cultes que l’on connaît par la suite (The Killer, Une Balle dans la Tête)… Le Syndicat du Crime se transformera même très rapidement en trilogie, contre la volonté de John Woo, qui signera contre son gré une première suite avant que Tsui Hark ne livre un troisième opus sous forme de préquelle. Et malgré quelques éclairs de génie ou quelques moments appréciés, on peut avouer que le Syndicat du Crime aurait très bien pu, et même aurait dû, en rester au premier opus, loin d’être parfait et posant les bases que John Woo s’amusera à améliorer de films en films, mais fonctionnant comme il se doit. On retrouve ainsi tous les thèmes que John Woo abordera dans la suite de sa carrière, comme l’amitié (ici entre Mark et Ho, donc Chow Yun-Fat et Ti Lung), la famille et la dualité familiale entre Ho et Kit (Ti Lung et le jeune Leslie Cheung, qui se fera remarquer avec ce rôle), le tout agrémenté de quelques trahisons, moments d’émotions et bien entendu, de fusillades. Pour autant, si Le Syndicat du Crime est considéré comme le premier film où Woo nous montre son style, le vrai, Le Syndicat du Crime se démarque des films suivants du réalisateur par un ton beaucoup plus posé, des scènes d’action plus rares, et une progression dramatique se faisant moins à l’aide des armes, forcément.

Ainsi, même s’il marque le début d’un style, Le Syndicat du Crime n’en reste pas moins un film policier bien plus classique, mais ayant marqué son temps à l’aide d’un bon nombre d’icones. Comment ne pas s’émerveiller face à l’ambiance du rêve (cauchemar) d’ouverture juste avant que le film ne débute vraiment en nous présentant les deux personnages principaux, Mark (Chow Yun-Fat) et Ho (Ti Lung), à l’aide d’images marquantes, comme celle de Chow Yun-Fat s’allumant une cigarette avec un billet de 100 enflammé. Le reste se fait certes bien plus classique, avec une progression lente et parfois prévisible, et bien que John Woo ne soit pas encore avec son monteur habituel, ni son chorégraphe habituel, le film ne nous réserve pas moins d’excellents moments de bravoures. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le plus grand moment du métrage ne sera pas son final (comparé à The Killer ou au Syndicat du Crime 2 d’ailleurs), mais une scène survenant assez tôt dans le métrage, dans laquelle Mark veut venger son ami Ho, arrêté, en tuant les traites. Une scène en apparence simple, mais où, en travaillant et mixant l’image et le son à la perfection, John Woo donne une impression de ballet à cette scène de violence courte mais intense. Scène fonctionnant dans le film et dans la progression des personnages, que John Woo lui-même aura parodié quelques années plus tard, en 1989, dans Just Heroes. Passé ce moment de bravoure, avant que l’histoire ne reprenne trois ans plus tard, l’intrigue va prendre son temps et les armes vont se taire, pour nous montrer l’évolution des personnages.

John Woo se permet moins de choses que dans ses films suivants, posant parfois simplement sa caméra pour filmer simplement une histoire, se permettant encore peu d’envolées dans l’action, et n’ayant pas encore recours aux moments véritablement dramatiques avant son final, contrairement à The Killer ou Une Balle dans la Tête, qui tentaient (et réussissaient) à marier en permanence ces deux éléments. John Woo cherche encore en quelque sorte ses marques, et il livre un produit encourageant, avec ses personnages charismatiques au possible, comme Chow Yun-Fat avançant en boitant, vêtu d’un long manteau, allumette en bouche et deux pistolets en mains. Et si l’action se fait rare, elle arrive par moment, comme dans la scène du parking ou forcément, le final, où John Woo tente déjà certaines choses, parfois en réussissant (le coup du chariot qui roule dans le parking), parfois avec un résultat plus mitigé (le final paraît parfois franchement brouillon). À défaut de livrer un film totalement abouti, il cherche ses marques donc, se trouve son style, nous lance déjà ses thématiques qui plaisent tant à certains et énervent tant d’autres (ah, l’amitié), et livre un polar intéressant et court, et surtout, qui se suffisait à lui-même.

Les plus

Le début d’un style

Le personnage de Mark

Intéressant et court

Les moins

Peu d’action

Le final un peu brouillon

 

En bref : Le meilleur de la trilogie, et le début du style Woo tel qu’on le connaît. Pas parfait, parfois encore un peu timide et brouillon, mais un très bon film tout de même.

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