Titre original : A Better Tomorrow 2 – Ying Hung boon Sik 2 – 英雄本色2
1987 – Hong Kong
Genre : Policier
Durée : 1h45
Réalisation : John Woo
Musique : Joseph Koo et Lowell Lo
Scénario : John Woo et Tsui Hark
Avec Chow Yun-Fat, Ti Lung, Leslie Cheung, Dean Shek, Emily Chu, Kwan San, Kenneth Tsang et Regina Kent
Synopsis : Ho, encore en prison, est plus ou moins obligé de s’infiltrer dans la mafia sous peine de voir compromise la carrière de son frère, Kit. Il découvre que Mark avait un frère jumeau, Ken, parti aux Etats Unis depuis, à New York…
ATTENTION, CETTE CHRONIQUE RÉVÈLE LA FIN DU PREMIER FILM!!! Une suite n’était pas utile, Mark était mort dans le premier opus, les frères s’étaient pardonnés, mais les lois du box office sont impénétrables, et Tsui Hark obligea en quelque sorte John Woo à livrer une suite au Syndicat du Crime, alors que celui-ci avait déjà en tête The Killer. Tsui Hark et John Woo pondent ensembles un scénario partant sur une base totalement invraisemblable, et c’est en Décembre 1987 que le film débarque au cinéma à Hong Kong. Verdict ? Comme on pouvait s’y attendre, Le Syndicat du Crime 2 est boiteux. Boiteux certes, parfois parsemé d’éclairs de génie, de moments d’une grande violence, de quelques moments dramatiques plus ou moins ratés, de longueurs, de bonnes idées gâchées, de personnages cools et d’idées totalement à côté de la plaque. Le personnage de Chow Yun-Fat, Mark, avait marqué les esprits. Pour le public, il était Le Syndicat du Crime, et une suite sans lui ne serait pas une suite. Tsui Hark producteur n’est pas bête et le savait. Et plutôt que d’utiliser l’artifice classique du « il n’était pas mort », usé jusque la moelle, les deux scénaristes lui inventent donc un… frère jumeau. John Woo avoue encore aujourd’hui que l’idée était stupide et ne l’emballait pas. Qu’il se rassure, cela se voit à l’écran, et l’idée n’étant pas amenée avec beaucoup de subtilités, elle dérange, pendant une bonne partie du métrage, dans mon cas en tout cas, et ce depuis la première vision. Pour autant, tout n’est pas à jeter dans Le Syndicat du Crime 2, loin de là. Reprenant là où le premier opus s’était arrêté, Ho est en prison, Kit est dans la police, sa femme attend un enfant, et il a pour mission de s’infiltrer dans la mafia. Mission difficile, faisant que Ho va devoir l’aider, et va s’infiltrer à son tour dans le milieu qu’il avait quitté.
Une base intéressante, si l’histoire en était restée là finalement. Nous suivons les personnages, l’ensemble passe plutôt bien, on nous présente les méchants, l’homme de main, une petite exécution, et là, C’EST LE DRAME ! L’histoire se coupe en deux. D’un côté, nous allons continuer de suivre Kit et Ho, avec quelques élans dramatiques de trop (la naissance de l’enfant de Kit, too much), et de l’autre, nous allons suivre un nouveau personnage se réfugiant à New York, et qui va finir à l’état de légume, que Ken, le frère jumeau (aie) de Mark va soigner, à sa façon. Si l’on retire de l’équation l’idée du jumeau (aie encore), ce scénario part avec de bonnes bases, et des idées pas forcément inintéressantes. Seulement deux gros points noirs vont se glisser dans le récit durant la première heure (encore une fois, trois points noirs si l’on compte l’idée du jumeau). En premier lieu, un certain ridicule, tellement appuyé qu’il semble volontaire, qui se dégagera de très nombreuses séquences, et en particulier, celles avec Chow Yun-Fat. Il cabotine, semble s’amuser, fait ses gros yeux, parle un anglais assez… difficile (merci les sous titres pour la compréhension), et se tape des scènes totalement out of the world, notamment la scène où il tente de faire manger son ami et jettera son dévolu sur… une orange, ou un morceau de viande congelé ! Oui, il faut le voir pour le croire ! Malheureusement, alors qu’il arrive pourtant que l’on rigole de ces quelques scènes, le grand défaut numéro 2 du métrage vient frapper, à savoir, le rythme. Car oui, Le Syndicat du Crime 2 n’est pas un film très rythmé dans sa première partie. Durant la première heure, nous passons maladroitement d’une scène à l’autre, on mange des oranges, on surjoue, on parle un peu anglais, et puis… et puis c’est tout. Oui, je suis peut-être méchant envers le message, mais c’est mon impression, après la vision du premier opus bien plus carré.
Heureusement, oh grand heureusement, et même si beaucoup de fans du film ne seront probablement pas d’accord avec tout ce que j’ai dis plus haut (pour cela qu’il ne s’agît que de mon avis, na!), il y a la dernière demi-heure, où John Woo commence à se dire qu’il faudrait peut-être mettre un peu d’action. Cela commence rapidement par une fusillade dans un hôtel où John Woo nous offre des ralentis, de la pose, des glissades et tout ce que l’on aime. Mais le point culminant du métrage, que quasiment tous les spectateurs connaissent déjà, c’est bien entendu son final, le seul VRAI moment de bravoure du métrage, celui qui nous fait dire que le film n’était pas si mauvais que ça. Car c’est simple, si John Woo sortait du premier Syndicat du Crime qui ne contenait pas tant d’action que ça, c’était The Killer et Just Heroes qui allaient arriver l’année suivante. Un autre niveau. Et le final du Syndicat du Crime 2 fait office d’introduction, où les ennemis sont beaucoup trop nombreux pour un lieu si petit, où les murs sont blancs, mais virent au rouge, où les armes ne se rechargent plus, où l’on peut survivre à 3 contre 100. Si le premier film restait réaliste sur toute la durée, cette suite, et notamment son final, part dans le surréalisme total, et donc, la surenchère par la même occasion. Des faux raccords ou des enchaînements de plans étranges, il y en a, John Woo doit en avoir lui-même conscience, mais dans un tel déferlement de violence, le spectateur lui s’en moque, trouvant là, pour l’époque, quelque chose de nouveau, un défouloir total qui ne semble jamais vouloir s’arrêter, et où il faut savoir tirer 10 coups sur un ennemi pour s’assurer qu’il est bien mort. C’est sur cette note que Le Syndicat du Crime 2 nous abandonne. Une note positive et jouissive, malgré un début plus que laborieux et des défauts à la pelle. Le fan de John Woo y trouvera son compte, le spectateur curieux sera en droit de trouver le temps parfois très long. Mitigé. De 1986 avec le premier opus à 1992 avec À Toute Épreuve, Le Syndicat du Crime 2 est le film de John Woo le plus faible, aux côtés des Associés, sans pour autant être désagréable.
Les plus
Retrouver les personnages
Le final jouissif
Les moins
Très lent à démarrer
Trop brouillon
De bonnes idées mais mal exploitées
L’idée du jumeau
En bref : Une suite peu utile, qui, si elle contient de bonnes idées et un grand final, peine à démarrer et à convaincre.