Titre original : 妖獸都市
1992 – Hong Kong
Genre : Fantastique
Durée : 1h36
Réalisation : Peter Mak
Musique : Richard Yuen et Chow Gam-Wing
Scénario : Tsui Hark et Roy Szeto
Avec Leon Lai, Jacky Cheung, Michelle Reis, Roy Cheung, Nakadai Tatsuya et Yuen Woo-Ping
Synopsis : Le monde des démons est en conflit avec le monde des humains. Taki est un inspecteur qui a pour but de tuer les démons, aidé par son coéquipier Ken, qui est mi-homme mi-démon. Après une mission à Tokyo, ils rentrent à Hong Kong, et Taki doit enquêter sur une drogue, « Happiness ». Son enquête va l’amener à retrouver une vieille connaissance, un démon dont il était jadis tombé amoureux, Gaye…
The Wicked City, en voilà une petite rareté. Produit et coécrit par Tsui Hark au début des années 90, il s’agît de l’adaptation d’un manga populaire du même nom. L’histoire est simple et correspond parfaitement au cinéma de Hong Kong de l’époque, et au cinéma de Tsui Hark en général, même s’il ne réalise pas le film (Peter Mak s’en charge, et ce sera justement son dernier film après une courte carrière). Car dans The Wicked City, on retrouve une romance impossible entre un homme et un démon, des effets spéciaux visuels très spéciaux, des moments kitchs, des moments totalement ridicules mais bien drôle, quelques scènes réussies, un bon casting qu’on aime voir à l’écran, le tout a un rythme franchement emballant qui ne faiblit rarement. Que demande le peuple ? Oui, un film de meilleure qualité et plus sobre peut-être… Car dès la scène d’ouverture, on sait à quoi s’en tenir. Éclairages parfois flashy, musique un peu dépassée, effets visuels franchement ratés ou mal incrustés. Oui, rien d’extraordinaire. On découvre l’inspecteur Taki, joué par Leon Lai (Les Anges Déchus de Wong Kar-Wai) qui traque un démon qui va vouloir le tuer. Effets kitchs, dialogues un brin vulgaires, pas de doute, un bon cru, et l’instant d’après arrive le second héros du film, Jacky Cheung (Une Balle dans la Tête, Tiger Cage), enfant issue de l’union entre un homme et un démon. On suit les personnages, on en découvre d’autres, et là on se rend compte qu’une demi-heure du film est déjà passé. Car malgré ses défauts et son statut volontaire de série B lorgnant parfois vers le Z en voulant coller à un aspect manga, The Wicked City est un film généreux, et pas trop mal fait dans son genre.
Le connaisseur rigolera quelques instants en voyant dans le rôle du chef de la police le réalisateur Yuen Woo-Ping, et l’instant suivant, on découvre les autres personnages, les méchants démons, et l’aspect féminin du film parfaitement mis en valeur, qu’elle soit habillée ou non : Michelle Reis (Histoires de Fantômes Chinois 2, City of Lost Souls). Pas de bol pour elle, elle retrouve Leon Lai et se retrouve une nouvelle fois à vivre une histoire d’amour impossible avec lui. Comme quoi, certains couples sont voués à l’échec de film en film. Et c’est à partir du moment où Michelle Reis entre dans le métrage que celui-ci s’emballe et semble ne plus vouloir s’arrêter pour nous fournir des scènes allant toujours un peu plus loin. En gros, on rencontrera, dans des qualités d’effets spéciaux variables, une femme borne d’arcade qui se fait violer, des démons liquides qui font penser au blob, des démons qui explosent, des horloges volantes qui attaquent des humains, des démons qui se régénèrent tout nus sur des câbles électriques, et j’en passe et des meilleures. La palme revenant probablement à la femme moto qui ne veut pas se laisser monter… Ça va souvent loin, sans être déplaisant, loin de là, et on retrouve par moment la patte Tsui Hark dans des délires de combats aériens en pleine courte poursuite en voiture, ou autres effets visuels un peu datés aujourd’hui (comme un combat sur le toit d’un avion).
Le film regorge d’idées folles de ce genre, et ne s’en cache pas, il s’en amuse même, dans le but de nous amuser également, et de coller à son aspect manga. En ce sens, c’est même plutôt réussi, et la photographie très flashy de Andrew Lau correspond même plutôt bien à l’âme du métrage. On pourra finalement retenir pas mal de bonnes choses du métrage, comme son trio d’acteurs principaux que l’on aime voir (Jacky Cheung ne surjoue pas trop en plus), ses scènes venues d’ailleurs qui font plaisir, son rythme soutenu, Michelle Reis magnifique (et souvent nue, mais on ne verra rien…) et ses scènes d’action folles où l’on reconnaît la marque de Tsui Hark. Malheureusement, on pourra également retenir par mal de mauvaises choses dans le fond, comme un scénario prétexte malgré quelques bonnes idées, des passages un peu trop mélodramatiques qui ne fonctionnent pas, ou encore des effets spéciaux digitaux pas franchement convaincants et une bande sonore par moment énervante. Dommage. The Wicked City reste une rareté intéressante et fun malgré tout. Un petit film attachant.
Les plus
Un aspect manga un peu fou
Leon Lai, Jacky Cheung et Michelle Reis
Un rythme soutenu
Les moins
Des effets spéciaux parfois très spéciaux
Un scénario maigre et des moments trop mélo
En bref : Un petit divertissement méconnu et sympathique, très fun mais bourré de défauts.