ANGEL DUST (エンジェル・ダスト) de Ishii Sogo (1994)

ANGEL DUST

Titre original : Enjeru Dasuto – エンジェル・ダスト
1994 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h56
Réalisation : Ishii Sôgo
Musique : –
Scénario : Ishii Sogo et Ikuta Yorozu

Avec Minami Kaho, Wakamatsu Takeshi, Toyokawa Etsushi, Takizawa Ryoko, Shionoya Masayuki, Kondo Toshinori et Akiyama Jin

Synopsis : Une série de meurtres étranges a lieu dans le métro de Tokyo. Une jeune détective se joint à l’enquête pour apporter son talent en tentant de se mettre à la place du meurtrier pour comprendre ses motivations. Elle retrouvera son ancien amant, un psychiatre, suspecté de meurtres…

Ishii Sogo aura finalement peu tourné, mais beaucoup de ses films auront marqués le cinéma Japonais par leur radicalité. Livrant quelques œuvres folles au début des années 80, il se sera finalement tourné vers le court métrage ou les clips, avant de revenir avec un film faussement plus classique, ce Angel Dust donc. En jetant un œil à son histoire, rien de bien surprenant. Un tueur en série, une détective essayant de se mettre à la place du tueur, une perte des repères. On pourra même dire qu’il y a un peu du Silences des Agneaux dans ce métrage, avec cette analyse des pensées d’un tueur en série se servant tout simplement d’une drogue pour tuer ses victimes d’un unique coup de seringue.  Plus que le Silence des Agneaux, c’est plutôt vers le Manhunter de Michael Mann que l’intrigue de base se situe. Dans ces grandes lignes, l’intrigue est simple, comprend peu de personnages, le rythme se fait même plutôt lent et certains moments contemplatifs. Pourtant, avant même que le film commence son virage à 180 degrés, on remarque qu’il baigne dans une atmosphère étrange et parfaitement maîtrisée, et ce dés la scène d’ouverture. Cadrages serrés, gros travail sur la bande sonore, que ce soit la musique assez agressive ou les bruitages, par moment accentués au possible et prenant le pas sur le reste, Angel Dust interpelle en nous plongeant dans une ambiance hypnotique, parfois stressante, et assez hors du commun. Ishii Sogo maîtrise sa caméra, et si le début paraît simple et prévisible, le réalisateur va faire basculer doucement son œuvre vers un côté plus expérimental et sensoriel, laissant alors son intrigue quelque peu de côté et donnant à Angel Dust un aspect hallucinatoire.

Passé une bonne vingtaine de minutes, Angel Dust nous propose de suivre en quelque sorte le cauchemar hallucinatoire que va vivre notre détective profiler, jouée par Minami Kaho. Le film se fait plus sensoriel, voir totalement sensoriel, et la bande son va souligner chaque aspect, n’hésitant pas à apparaître aussi brutalement qu’elle pourra disparaître par la même occasion. Le montage du métrage est un tour de maître, d’autant plus que visuellement, le film baigne dans des éclairages colorés (le vert notamment) donnant un côté encore plus hallucinatoire au métrage. Bien entendu, le spectateur peu habitué à ce genre d’expériences ou ne sachant absolument pas à quoi s’attendre ne tiendra pas bien longtemps, trouvant le métrage étrange et son rythme bien trop lent. Car ici tout est affaire de sensations. En ce sens, Angel Dust n’est pas si différent des autres métrages du réalisateur, il est juste enveloppé d’une base plus classique, et donc un peu trompeuse. Par moment, on pourra d’ailleurs rapprocher le métrage de certains films de Kurosawa ou de Sono Sion (réalisés pourtant ensuite) dans l’aspect très froid que Ishii Sogo utilise pour filmer la société Japonaise, même si l’aspect sonore très brutal et métallique le rapprocherait plus d’une certaine vague cyber punk.

Malheureusement, dans cet enchaînement de scènes sensorielles réussies et prenantes, Ishii Sogo va par moment lui-même se perdre dans son récit, ce qui infligera quelques petites baisses de rythme mi-parcours, assez dommage vu la durée du métrage (2h quasi). Il sera ainsi facile de perdre le fil pendant quelques minutes un peu plus classiques dans l’enquête, et donc moins prenantes, avant que le film ne redémarre franchement de bien belle manière. Le fait que l’ensemble du métrage soit froid, personnes y compris, n’aidera certainement pas. Ce déséquilibre, le métrage le retrouvera lors de son final plus classique également, et donc plus terre à terre et légèrement décevant, malgré sa maîtrise technique. En réalité, la vraie déception proviendrait plus de son passage parfois maladroit entre des moments se rapprochant bien plus du thriller à la David Lynch avec d’autres moments classiques et prévisibles, déséquilibrant le film dans son ensemble, mais continuant de nous prouver le talent de son auteur, et nous laissant sur une impression finale positive, celle d’avoir vu un film différent qui ose pas mal de choses, quitte parfois à se planter.

Les plus

Une expérience sensorielle

Un gros travail sur le son et l’image

Des scènes bien prenantes au montage original

Les moins

Des moments plus classiques

Un ton froid qui entrainera des baisses de régimes

 

En bref : Un film faussement classique, froid et un brin déséquilibré, mais bourré de bonnes choses et très sensoriel.

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