APRIL SNOW (외출) de Hur Jin-Ho (2005)

APRIL SNOW

Titre original : Oechul – 외출
2005 – Corée du Sud
Genre : Drame
Durée : 1h45
Réalisation : Hur Jin-Ho
Musique : Jo Sung-Woo
Scénario : Hur Jin-Ho, Lee Won-Sik, Seo You-Min et Shin Joon-Ho

Avec Bae Yong-Joon, Son Ye-Jin, Lim Sang-Hyo, Kim Kwang-il, Jeon Kuk-Hwan et Yoo Seung-Mok

Synopsis : Alors que leurs époux respectifs sont dans le coma après avoir provoqué un accident mortel, In-soo et Seo-young découvrent qu’ils entretenaient une liaison. C’est dans ces circonstances difficiles qu’ils vont se rencontrer, se découvrir puis s’aimer à leur tour dans la Corée contemporaine, entre tradition et modernité.

En lisant les grandes lignes de l’histoire, April Snow nous fait immanquablement penser à du Wong Kar-Wai, notamment à In The Mood for Love, mais avec un côté tragique en plus. Deux couples, deux amants, et les deux autres qui se rapprochent doucement l’un de l’autre. In-Soo et Seo-Young se rencontrent par hasard, alors qu’ils sont tous les deux appelés à l’hôpital après que leur conjoint aient étés victimes d’un accident de voiture les mettant dans le coma. En apprenant que les deux étaient dans la même voiture, les deux ne vont pas tarder à comprendre, mais vont vouloir fouiller, comprendre plus, être sûrs. La première partie, ressemblant beaucoup à du Wong Kar-Wai, va faire se croiser un nombre incalculable de fois les deux personnages, souffrant du même mal. Ils vont à l’hôpital, se recueillent sur le lit de leur conjoint, regardent les affaires laissées après l’accident, regardent l’épave. Ce qui les ronge va devenir une évidence avec la découverte des sms envoyés entre les deux blessés dans le coma. Entre colère et peine, ils vont se retrouver, jour après jour, éprouvants les mêmes sentiments, gênés par la situation et le regard de l’autre, avant doucement de se rapprocher, et peut-être même de s’aimer. Un postulat de base simple rappelant fortement le cinéaste de Hong Kong, avec tout ce que cela implique de pudeur, de doutes, de regrets et de lenteur, mais sans jamais néanmoins atteindre la même grâce, à aucun instant, malgré une maîtrise certaine.

La réalisation opte souvent pour des plans fixes, les silences sont très nombreux, les personnages doutant d’eux, après avoir eu la preuve de la tromperie de leur conjoint. Les non-dits sont nombreux, la distance au départ énorme entre ces deux personnages qui pourtant se ressemblent énormément et éprouvent les mêmes sentiments, mais il manque un petit quelque chose. Son Ye-Jin (vue récemment dans The Tower) est pourtant juste et émouvante, toujours dans le bon ton, tout comme Bae Young-Joon, la mise en scène colle au récit à chaque instant, se voulant parfois distante de ses personnages, du moins au début, et la musique est très discrète, comme pour coller également à l’ambiance du métrage et à ses nombreux non-dits. Puis rapidement, la romance débarque, inévitable entre les deux qui partagent tant de choses. Et rapidement, le ton du film se fait étonnement un peu plus stylisé, tout en gardant la pudeur de ses débuts. La musique apparaît alors plus souvent pour souligner l’aspect romantique, malheureusement parfois un peu trop fleur bleue, mais fonctionnant malgré tout. Le tout avec une certaine lenteur, certes hypnotique, mais qui semble parfois un poil trop forcée pour sembler être totalement honnête. Quand les deux personnages tombent finalement dans les bras l’un de l’autre, le réalisateur décide de garder cette distance.

Un peu comme s’ils se découvraient, et surtout, découvraient l’amour pour la première fois, ainsi que le corps de l’autre. L’instant est magnifique, la caméra se rapproche des personnages, les gestes sont lents, hésitants mais pleins de désirs, et la musique, douce, vient appuyer l’effet. Dommage que pour en arriver là, le scénario utilise parfois de grosses ficelles. Mais malgré ses facilités et quelques défauts, April Snow intéresse et passionne, si l’on se prend au jeu de cette aventure glaciale qui semblait courue d’avance. Semblait, car si une certaine partie du récit, notamment dans cette romance, est prévisible et cousue de fil blanc, il faut bien avouer que le réalisateur nous emmène doucement dans un final réussi où la magie du métrage opère totalement, concluant de bien belle manière cet amour impossible, qui n’était au départ pas destiné à naître, comme si la douleur les rapprochait. Bien écrit malgré quelques ficelles faciles, bien réalisé malgré quelques plans semblant trop calculés, superbement interprété, April Snow plaira aux fans de romances pudiques, de drames subtils, alors qu’il ennuiera une autre partie du public qui réclamerait plus de rythme. Imparfait, mais beau tout de même. Quelques moments simples restent en mémoire quelques temps.

Les plus

Deux bons acteurs

De beaux moments simples

Un final réussi

Les moins

Parfois facile

 

En bref : April Snow ressemble parfois au In The Mood for Love coréen, sans atteindre la même grâce. Parfois un peu facile dans sa narration, le film est porté par deux grands acteurs, et de beaux moments plaisent.

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