Titre original : LoveDeath – ラブデス
2006 – Japon
Genre : Policier barré
Durée : 2h38
Réalisation : Kitamura Ryuhei
Musique : Morino Nobuhiko et Yano Daisuke
Scénario : Kitamura Ryuhei et Kiriyama Isao
Avec Takeda Shinji, Satô Nori, Funakoshi Eiichirô, Ôtomo Kôhei, Terajima Susumu et Ikeuchi Hiroyuki
Synopsis : Un soir dans un bar, Sai, un apprenti yakuza, a le coup de foudre pour Sheila, la petite amie du chef du clan Kurogane. Mais la belle disparaît 3 jours après pour ne réapparaître que 342 jours plus tard, déclarant que leurs destins sont liés. Sous le charme, le jeune homme, décide de la suivre malgré les risques. Poursuivis par un clan Yakuza, mais également par des flics ripoux et des tueurs à gages, vont-il avoir droit à l’amour ?
Kitamura à ses fans, et ses détracteurs. Juste avant de partir en Amérique pour réaliser deux films bien sanglants comme il faut et surtout, expurgés du principal défaut de son auteur (les longueurs), Kitamura livrait en quelque sorte son chef d’œuvre, son film ultime. Un film qui allait donc diviser une fois de plus le public. Car Kitamura, c’est poseur, parfois vulgaire, stylisé, souvent fun, parfois longuet, et malheureusement parfois un peu bancal, ou vide, au choix. LoveDeath est donc tout ça à la fois, voir bien plus. Car oui, en partant d’une histoire classique et simple (comme toujours chez Kitamura), le bonhomme nous livre en apparence un film policier aux rebondissements prévisibles. Sauf que, dans le cas présent, c’est un peu comme si Kitamura avait mixé une histoire classique (un couple en fuite avec tout le monde à leur trousse) avec son côté poseur, violent et fun, le tout avec des personnages et des situations totalement barrées comme à la bonne époque où Miike nous livrait des films violents et débordants d’inventivité. LoveDeath, c’est tout ça, quasi non stop, et sur 2h30, rien que ça. Adapté d’un manga (par le même auteur que Alive et SkyHigh, deux autres métrages de Kitamura), LoveDeath décide de nous en mettre plein la gueule quasi non stop (quasi, car Kitamura et le rythme… enfin), le tout sans jamais se prendre au sérieux, et heureusement.
Sorte de road movie pseudo romantique blindé d’action, de situations comiques et de personnages frapadingues, LoveDeath se fait donc classique dans la forme. Une histoire pareille, on en a déjà vu des tas, peut-être même un peu trop. Mais c’est dans la manière donc de raconter son histoire et de peupler cet univers de personnages étranges que Kitamura, coscénariste également, fait mouche. Car finalement, à l’exception de notre personnage principal, Sai, qui se retrouve malgré lui avec tout le monde à ses trousses, tout le monde semble avoir un grain. Entre le Yakuza pervers avec son pistolet gode, mais également le Yakuza incapable mais doué au bowling, l’homme de main qui réalise ses tortures d’après les plus belles tortures du monde du cinéma, les tueurs à gages qui tuent tous les couples car ils recherchent un couple et j’en passe, personne ne semble avoir sa tête sur les épaules. Pour notre plus grand plaisir, car ça ne s’arrête quasi jamais, et c’est souvent bien drôle. Kitamura enchaîne les scènes à la fois drôles, provocantes et violentes tel un sale gosse qui est fier de nous livrer un film totalement immature et voulu ainsi, et s’applique pour livrer une de ses meilleures réalisations.
Plastiquement, LoveDeath est parfait, soigné à tous les niveaux. L’emballage tient la route, les acteurs sont magnifiquement filmés, les plans ont de la gueule, c’est poseur comme toujours (oui, il faut adhérer). Du beau boulot. La musique du duo Morino Nobuhiko et Yano Daisuke est sans doute leur meilleure partition, après leur excellent travail sur SkyHigh déjà. Les acteurs eux en font des tonnes à chaque instant, jouant leur personnage de taré avec un réel plaisir qui se voit à l’écran. On notera d’ailleurs la courte apparition d’un Takeuchi Riki en roue libre (qui a dit comme toujours ?). Mais bien entendu, aussi fun soit LoveDeath, on ne pourra pas fermer les yeux sur tous ces défauts. Car il ne faut pas oublier que ça dure 2h30, et tenir le rythme d’un film aussi fou sur une telle durée, ce n’est pas facile. On pourra donc noter quelques baisses de rythme, assez rares et heureusement vite oubliées par les scènes suivantes, mais également un final en deçà du reste malheureusement, sans pour autant être déshonorant. On pourra également parler de quelques rares effets numériques qui peuvent nous faire grincer des dents, mais là aussi ils sont rares, et finalement, si l’on adhère au délire du film, passent bien et s’inscrivent totalement dans cet univers fou typé manga. Oui, LoveDeath est un film imparfait, mais on sent un réel plaisir et une vraie envie derrière l’initiative de Kitamura, qui ne se retient pas et va à fond dans son sujet, sans craindre le ridicule. Bonne initiative, LoveDeath étant probablement son meilleur film (où si l’on adhère pas au style de Kitamura, son pire sans doute), où il délaisse enfin les combats au sabre pour s’aventurer dans le polar. Fou, mais polar.
Les plus
Violent, fun, immoral, fou
La galerie de personnages
Un film qui va au bout de son délire
Les moins
Comme toujours chez Kitamura : quelques longueurs
En bref : Un film autant aimé que détesté. C’est poseur, c’est violent, c’est immature, mais ça se veut fun, délirant, plutôt bien rythmé, et ça regorge de scènes cultes.