Titre original : Gong Tau : An Oriental Black Magic – 降头
2007 – Hong Kong
Genre : Horreur
Durée : 1h37
Réalisation : Herman Yau
Musique : Mak Jan-Hung
Scénario : Herman Yau et Chun-Yue Lam
Avec Mark Cheng, Maggie Siu, Suet Lam, Tak-Bun Wong, Yu Gu et Shiu Hung Hui
Synopsis : Plusieurs policiers ont été la victime d’un même tueur, dans le même temps le bébé d’un détective de l’OCTB meurt dans d’étranges conditions. La police pense que ces évènements seraient tous dus à un même homme qui cherche à assouvir sa vengeance.
Gong Tau de Herman Yau, c’est un peu un retour aux sources pour ce réalisateur, qui débuta à la fin des années 80, et deviendra finalement un des réalisateurs clés de la CAT III dans les années 90 avec The Untold Story en 1993 puis Ebola Syndrome en 1996. Nous sommes à présent en 2007 lorsque Herman Yau décide de revenir à ce genre mêlant sans vergogne sexe et gore, la plupart du temps avec une dose de second degré, avant de repartir vers des métrages plus commerciaux (deux opus de IP Man en 2010 et 2013). Mais entre le début des années 90 et la fin des années 2000, beaucoup de choses ont changé dans l’industrie de Hong Kong. Le cinéma un peu foutraque a laissé sa place à un cinéma un peu plus aseptisé (à quelques exceptions bien entendu), et les métrages gores sont plus rares. Sur le papier, avec son mélange de meurtres brutaux, de sexe, de magie noire et une intrigue policière, Gong Tau attire et intrigue. De plus, devant la caméra de Herman Yau, on retrouve quelques têtes connues tels Mark Cheng (Forsaken Cop, Raped by an Angel), Maggie Siu (pas mal de Johnnie To comme The Longest Nite, PTU, Breaking News et Election) ou encore le très actif Lam Suet (qui débuta dans Vampire VS Vampire de Lam Ching Ying avant de jouer des rôles dans Story of Ricky et pas mal de Johnnie To également). Bref, que du bon.
Mais malheureusement, après un début en fanfare, à coups de magie noire, de nouveaux nés tués et filmés en gros plan, d’autopsie filmées avec une gratuité qui fait plaisir à voir, Gong Tau affiche son premier défaut. Nous sommes à la fin des années 2000, et autant les effets fait sur le plateau conservent et conserveront toujours leur charme, autant certains effets à présent laissent place à un numérique de qualité plus que discutable. Il ne faudra pas attendre très longtemps avant que n’arrive le second défaut du métrage en la personne de Maggie Siu, passant le plus clair de son temps à pleurer et à crier, qui devient insupportable après seulement dix petites minutes, et qu’il faudra pourtant se taper jusqu’à la fin du métrage. Mais à côté de ces deux points noirs, il est vrai plutôt gênant, Herman Yau soigne son film et nous invite dans une intrigue sentant pourtant bon les années 80 et 90. Toute la première partie va donc prendre la voie du polar à l’ancienne, avec recherche du tueur, enquête sur la malédiction, pistes et fausses pistes, interrogatoires de suspect se terminant parfois par des coups. Nous sommes en terrain connu et l’ensemble, s’il se veut sérieux la plupart du temps, intéresse tant il nous rappelle tout ce que l’on aimait dans ce cinéma. Les effets chocs tardent cependant à arriver passé l’introduction, et la magie reste parfois un peu en retrait (heureusement). Même l’érotisme sera finalement très peu présent, avec uniquement de furtifs plans de nudité intégrale.
Malgré tout, cette première partie, à l’exception des points noirs énumérés plus haut, fonctionne bien et se suit avec intérêt. Mais passé la moitié du métrage, la magie refait surface, et l’ensemble continue de vouloir garder son côté sérieux et passe donc totalement à côté de l’effet désiré, si bien que certaines scènes s’avèrent plutôt laborieuses et ratées. On aura même droit à une tête coupée volante (effet approximatif par ailleurs bien entendu) qui n’est pas sans rappeler la tête coupée volante de Zombie 3 de notre ami Bruno Mattei. Malgré ces écarts, il faut bien dire pourtant que le métrage donne tout ce qu’il a dans son final, sombre et violent comme il faut, qui fera plaisir à l’amateur, avec quelques effets bricolés réussis. Si seulement Maggie Siu n’était plus là pour crier à longueur de temps, on aurait presque pu dire que le film aurait mérité une vision juste pour son final. Malheureusement, ces défauts vont de Gong Tau une œuvre assez déséquilibrée, qui rappellera le bon vieux temps aux fans tout en les décevant un peu, et laissera les autres de côté.
Les plus
Des moments bien violents
Une partie policière assez prenante
Ça rappelle la bonne époque
Les moins
Une actrice énervante
Des effets numériques ratés
Pas toujours convaincant
En bref : Retour aux Cat III qui tâchent, Gong Tau est une semi réussite, un film sombre et violent gâché par quelques points noirs assez envahissants par moment.