Titre original : Escape from L.A.
1996 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h41
Réalisation : John Carpenter
Musique : John Carpenter et Shirley Walker
Scénario : John Carpenter, Debra Hill et Kurt Russell
Avec Kurt Russell, Stacy Keach, Steve Buscemi, Peter Fonda, Georges Corraface, Cliff Robertson et Pam Grier
Synopsis : Après un tremblement de terre survenu en 2000, la ville de Los Angeles s’est détachée du continent américain. En 2013, elle est devenue une île où le gouvernement, très puritain, exile tous les bannis de la société. Snake Plissken y est envoyé afin de barrer la route au maître des lieux, le révolutionnaire Cuervo Jones – membre du Sentier lumineux – qui menace de neutraliser toutes les sources d’énergie de la planète en prenant le contrôle d’un réseau de satellites militaires émettant des impulsions électromagnétiques.
Dans les années 90, Carpenter n’a plus rien à prouver, même si pour les critiques et une partie du public Américain, ces œuvres ne sont pas si intéressantes que ça. Assaut, Halloween, Fog, New York 1997, The Thing, Jack Burton, Prince des Ténèbres, Invasion Los Angeles… quasi intégralement des films cultes (souvent devenues cultes après coup). Les années 90 pourtant ne sont pas franchement joyeuses pour Carpenter, commençant cette décennie avec Les Aventures d’un Homme Invisible en 1992, dont la seule qualité du film fut sa rencontre avec Sam Neill, et donc la mise en chantier en 1994 du chef d’œuvre L’Antre de la Folie. Puis vint un film mineur, le remake du film culte (adapté du roman tout aussi culte) Le Village des Damnés. Puis vint un projet qui fit trembler les fans, les excita au plus haut point. Los Angeles 2013, suite du culte New York 1997, mettant en scène Snake Plissken. Et pourtant, dés sa sortie et son flop au box office, et même encore aujourd’hui, Los Angeles 2013 est mal aimé de tous, parfois même traité de sombre navet. Pour ma part, j’ai toujours apprécié Los Angeles 2013, le prenant comme un film totalement osé, allant jusqu’au bout quoi qu’il arrive, et ce malgré l’époque où il a été fait (le début du numérique). Alors oui, soyons honnête, Los Angeles 2013 est souvent bancal, frôle un peu trop souvent avec le nanar (mais volontaire), souffre d’effets numériques absolument immondes déjà à l’époque, s’apparente parfois plus à un remake qu’à une vraie suite… Mais à côté de ça, Los Angeles 2013 ose tellement de choses, se permet une fin nihiliste totalement jouissive comme seul Carpenter sait les faire, se fait bad ass et nous permet de retrouver dans une ambiance plus western que jamais Snake Plissken.
Alors oui, le métrage, se déroulant 16 ans après New York 1997, n’est en fait qu’un remake déguisé. Snake Plissken arrive dans une prison, on lui confie une mission à accomplir où bien il mourra. Le président est encore impliqué, les méchants sont toujours très méchants, on retrouvera même une scène d’épreuve (après le catch, le basket) et une fuite finale. Et pourtant, Carpenter (et Debra Hill ainsi que Kurt Russell, puisque le scénario fut écrit à 3) s’en amuse totalement, et s’amuse même parfois à détourner certains éléments attendus. Mieux encore, il rend son personnage conscient de la répétitivité de ses actions par rapport au premier volet. « Plus les choses changent et plus elles restent les mêmes » dira-t-il même, avant de s’adresser quelques instants plus tard à la caméra, et donc aux spectateurs du film eux-mêmes. Oui, jusqu’au bout, le métrage ose tellement que j’ai bien envie de lui pardonner beaucoup de choses. Les moments ratés, il y en a pleins pourtant. Que ce soit cette attaque ridicule en delta plane lors de sa dernière partie, des combats à mains nus d’un autre âge, une poursuite abusive pendant du surf après s’être prit une balle dans la jambe, des inserts numériques mal finalisés, une Pam Grier qui semble avoir été doublée au montage, des morceaux musicaux parfois un poil trop agressifs, mais également des messages un peu trop appuyés pour faire comprendre le tout au public.
Mais pourtant, la sauce prend, Carpenter s’amuse, et veut nous amuser avec lui, et il y parvient sans cesse. Que ce soit par l’attitude toujours jouissive de Snake Plissken lui-même, ou par certains personnages barrés (Steve Buscemi, excellent, ou encore Bruce Campbell en chirurgien plastique lui-même refait), ou par ces situations improbables, on prend son pied à regarder Los Angeles 2013. Un plaisir coupable peut-être, mais plaisir tout de même. On en prend plein la gueule, on rigole devant des plans osés (le plan du requin devant les studios Universal par exemple) voir stupides (encore une fois, le surf). Et si l’équipe nous offre une bataille finale totalement ratée, manquant de dynamisme et de bons effets, à coups de delta plane et d’acteurs tirant souvent dans le vide, Carpenter sauve la mise lors de son grand final, moment jouissif, s’éloignant alors de New York 1997 de par sa noirceur tout en restant dans le même ordre d’idées. Un final qui va jusqu’au bout, comme si Carpenter faisait alors un gros doigt d’honneur à l’Amérique, au gouvernement, et qu’il ne souhaitait absolument pas s’en cacher. Oui, rien que pour son final, la vision de Los Angeles 2013 est totalement indispensable. Et pour ceux criant au navet interstellaire, je signalerais que quelques années plus tard, Carpenter signa le vrai film de trop, j’ai nommé Ghosts of Mars, film répétitif où il se rend tellement hommage que la pilule ne passe absolument pas.
Les plus
Jouissif
Parfois bien trouvé
Le final
C’est du Carpenter
Les moins
Le numérique
Parfois ridiculement assumé
Suite et remake, mais parfois plus remake
En bref : Los Angeles 2013 est parfois bancal, souvent ridicule, parfois bien raté, et pourtant, il est aussi tellement osé, parfois tellement jouissif, et son final est si nihiliste qu’il vaut indéniablement le coup d’œil.