Titre original : Operazione Paura
1966 – Italie
Genre : Fantastique
Durée : 1h23
Réalisation : Mario Bava
Musique : Carlo Rustichelli
Scénario : Mario Bava, John Hart, Romano Migliorini et Roberto Natale
Avec Giacomo Rossi-Stuart, Erika Blanc, Fabiene Dali, Piero Lulli, Luciano Catenacci et Micaela Esdra
Synopsis : Quelle est la terrible malédiction qui pèse sur ce joli petit village ? C’est ce que doit découvrir le Dr. Eswai appelé à l’aide par l’inspecteur Kruger, impuissant devant une vague de mort frappant les villageois. Aidés par une sorcière, ils vont progressivement comprendre que ces morts atroces sont intimement liées au décès d’une jeune enfant. Entre manipulation et vengeance d’outre-tombe, l’horrible vérité va éclater au grand jour…
Opération Peur est un film plutôt discret dans la filmographie de Mario Bava, mais ayant toutefois bénéficié d’une sortie DVD en France grâce à feu Neo Publishing. Réalisé en 1966, entre La Planète des Vampires l’année précédente et L’espion qui venait du Surgelé la même année (film au registre très différent), Mario Bava continue ici d’affiner son art pour nous livrer une fresque baroque, gothique, parfaitement inscrite dans son époque, et dans son parcours de metteur en scène. Un peu à la manière bien des années plus tard de Sleepy Hollow de Tim Burton (à l’époque où sa carrière brillait encore), Opération Peur nous présente un village vivant quelque peu coupé du monde, avec ses croyances, ses peurs, ses personnages étranges. Dès la scène d’ouverture, magnifique, semblant tout droit sortie d’un film de la Hammer de la même époque, Mario Bava filme des événements étranges, dans une ambiance morbide. Le village semble vide, est plongé dans la brume, la mort rôde. Alors que l’on sent que le budget ne devait pas être grand, Bava se sert d’artifices simples pour camoufler son manque d’argent, et le pallier par une gestion efficace de l’ambiance et de son environnement. Le scénario se fait plutôt basique dans ses grandes lignes, mais l’intérêt du film est ailleurs.
Quand tout commence, après une mise en scène rapide des événements qui se déroulent dans le village, Bava nous présente son personnage principal, le docteur Paul Eswai (Giacomo Rossi-Stuart) qui arrive dans le village pour aider à résoudre une série de morts (meurtres ?). Malédiction, vengeance ? À lui de trouver si tous les événements sont liés, voir s’ils sont liés avec la mort d’une enfant peu de temps auparavant. Première constatation, le casting ne va pas être le point fort du métrage, car si autant certains acteurs et actrices s’en sortent bien, comme Erika Blanc (sublimée par la caméra de Bava), d’autres manquent clairement de présence et de naturel à l’écran, comme notre acteur principal justement. Bava a du le comprendre, soignant ainsi chaque aspect de sa mise en scène, de sa photographie, mais également de son montage, fournissant une œuvre riche qui en inspirera plus d’un par la suite (Argento par exemple). L’important dans Opération Peur, c’est l’ambiance qui se dégage du métrage, de ses décors, l’ambiance instaurée par ses mouvements de caméra ingénieux.
L’intrigue a beau être quelque peu prévisible, l’ensemble nous entraine rapidement dans un environnement étrange qui n’est pas sans rappeler des œuvres futures du cinéma italiens. Ce petit village perdu dans la brume avec ses travellings lents n’est pas sans rappeler le Frayeurs de Fulci, tout comme ses nombreux zooms, tandis que certains mouvements ingénieux rappellent comme dit plus haut le cinéma d’Argento, comme Ténèbres (son chef d’œuvre avec Suspiria), tout comme certains éclairages baroques lors de certains moments. Et qui dit petit village dit forcément que l’on n’échappera pas à certains décors classiques du cinéma gothique de l’époque : l’auberge peu fréquentée, le cimetière peu accueillant, les ruelles sombres et labyrinthiques. Si la fin se fait un peu décevante et rapidement expédiée, on préférera ne retenir que les différentes émotions que l’on pourra ressentir en évoluant aux côtés de ces personnages (certes classiques et pas toujours bien joués) dans ce fameux petit village maudit. Bava ne signe pas son meilleur film, mais fait preuve d’une technique irréprochable pour nous amener où il veut.
Les plus
Des décors sublimes
Des moments très prenants
Mise en scène très travaillée
Les moins
Un scénario manquant parfois de surprises
Des acteurs pas toujours convaincants
En bref : Pas le meilleur film de Mario Bava, mais un film avec une atmosphère prenante grâce à sa mise en scène et ses décors.