Titre original : Nymphomaniac Volume 2
2013 – Danemark / France / Allemagne
Genre : Drame
Durée : 2h04 (version cinéma), 3h (Director’s Cut)
Réalisation : Lars Von Trier
Musique : –
Scénario : Lars Von Trier
Avec Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgard, Stacy Martin, Shia LaBeouf, Jamie Bell et Willem Dafoe
Synopsis : Le parcours érotique d’une femme, raconté en huit chapitres successifs par le personnage principal, Joe, qui s’est auto-diagnostiquée comme étant une nymphomane.
Nymphomaniac volume 1 m’avait beaucoup plu. J’y retrouvais le Lars Von Trier que j’aime bien, avec ces moments durs, mais aussi son humour, son talent pour les trouvailles visuelles et j’en passe. Un excellent moment, mais tout de même extrêmement frustrant, avec cette fin arrivant d’un coup sans prévenir, à un moment qu’il ne fallait pas. Joe perdait toute sensibilité, elle ne ressentait plus rien pendant l’acte, plus d’orgasme, ce qui est assez gênant pour une nymphomane, il faut bien avouer. Comme le précédent opus, ce volume 2 est découpé en plusieurs chapitres, racontant divers moments de la vie de Joe, par elle-même, jouée par Charlotte Gainsbourg, à Seligman, joué par Stellan Skarsgard. Le métrage ne change pas d’un iota, se permettant toujours pas mal d’expérimentations visuelles, avec des anecdotes à chaque chapitre entre les différents éléments de la vie de Joe et les objets se trouvant dans la pièce de ce vieil homme. Pourtant, l’on s’en rend compte dés le début, ce second volume se fait beaucoup plus sombre, plus violent, mais également plus choquant. Les thèmes abordés changent radicalement, de nouveaux personnages font irruption dans le récit et dans la vie de Joe, et si ça fonctionne toujours, ça fonctionne malgré tout un poil moins bien.
S’attardant à présent sur une Joe plus âgée, et donc plus souvent jouée par Charlotte Gainsbourg que par Stacy Martin, le métrage surprend et nous montre ce vrai passage à l’âge adulte en se faisant plus dur et en espaçant beaucoup plus ses notes d’humour. Après la perte de la virginité, les parents, les nombreux coups d’un soir, on passe au niveau supérieur, avec les relations interraciales, les relations sadomasochistes, la pédophilie, et même l’enlèvement et le travail pour une compagnie de recouvrement d’argent pas toujours très légale. Lars Von Trier part à fond dans son sujet, sans nous ménager un seul instant, et nous montre la vie telle qu’elle est, sombre et sans scrupules. Changement radical mais justifié, malgré quelques moments bien épicés, Lars Von Trier va même se permettre de faire des liens avec ces œuvres précédentes (notamment avec Antichrist, lors d’une scène qu’il va s’amuser à détourner par rapport à nos attentes), et surtout se permettre de se moquer ouvertement de ses personnages pour mieux nous surprendre. Ainsi, alors que le vieux Seligman va encore et toujours nous sortir des anecdotes, formant ainsi une narration très prévisible, Joe va lui dire tout simplement que son anecdote est la plus décevante de la soirée et qu’il devrait trouver autre chose. Des moments amusants comme cela, le film en détient quelques uns, mais ce ne sont pas ces éléments que le spectateur retiendra.
Non, ce que le spectateur retiendra, ce sera la noirceur générale de ce second volume, venant briser tous nos acquis, tout ce que l’on pensait savoir de nos personnages. Joe nous apparaissait comme une nymphomane qui ne pouvait plus rien ressentir, donc elle va passer, avec l’aide de Jamie Bell, aux relations SM extrêmes. Von Trier étire ses scènes, un peu trop d’ailleurs pour le coup, se montrant beaucoup plus insistant. Puis lorsque l’on pensera que le réalisateur ne peut pas aller plus loin, il le fera en s’attaquant avec un regard étrange à la pédophilie, rendant le personnage de Joe bien plus complexe et ambigu qu’elle ne l’était, mais rendant aussi le message plus flou. Comme si cet élément était là juste pour choquer en fin de compte. Lors de la dernière partie de son métrage, la rencontre de Joe avec le personnage joué par Willem Dafoe va encore changer la donne et ajouter beaucoup d’éléments à l’intrigue, amener Joe dans la situation dans laquelle nous avons fait sa rencontre au début du volume 1, ensanglantée, au sol dans une ruelle enneigée.
Riche comme le précédent volet, le volume 2 aurait pu se terminer sur une note plus positive après deux heures passées dans un univers sombre et quasi sans espoirs, et pourtant, c’est mal connaître Lars Von Trier, qui se refuse ses éléments pour aller jusqu’au bout de son sujet, livrant un final laissant clairement sur le cul. Lars Von Trier livre donc bel et bien une grande fresque, malgré quelques égarements dans ce second volume, ou du moins certaines scènes fonctionnant moins bien, et s’étirant sans doute un peu trop. Néanmoins, pris dans son ensemble, on pourra dire que le métrage reste une chronique passionnante, parfois amusante, parfois bien sombre, parfois tellement logique et aussi tellement cruelle. Un bon moment de cinéma.
Les plus
Un ton beaucoup plus sombre
Des acteurs tous parfaits
Des choix par moment très osés<
Un final marquant
Les moins
Quelques moments un peu trop longs
Des moments qui paraissent un brin gratuits
En bref : Un second volume se focalisant plus sur une Joe adulte et mature, et donc un volume plus dur, sombre et violent. Tout n’est pas parfait cependant, mais ça reste un bon moment.