Titre original : Excision
2012 – Etats Unis
Genre : Drame / Horreur
Durée : 1h21
Réalisation : Richard Bates Jr.
Musique : Steve Damstra II et Mads Heldtberg
Scénario : Richard Bates Jr.
Avec Annalynne McCord, Ariel Winter, Traci Lords, Roger Bart, Jeremy Sumpter, Malcolm McDowell, John Waters et Ray Wise
Synopsis : Pauline a 18 ans. Son physique acnéique, qu’elle ne cherche pas à arranger avec du maquillage au contraire de ses proches, et son comportement je-m’en-foutiste et solitaire en font une jeune fille marginale et asociale. Elle subit l’éducation stricte de sa mère, alors que son père reste passif. La petite sœur de Pauline, Grace, est elle une jeune fille modèle, mais qui souffre de mucoviscidose et dont l’état est préoccupant. Dans cet environnement qu’elle ne comprend pas et qui ne la comprend pas, Pauline ne pense qu’à deux choses : perdre sa virginité lorsqu’elle aura ses règles, et devenir chirurgienne.
Parler d’un film comme Excision n’est pas une chose aisée. Pourtant, le métrage, choc et dérageant, est une bouffée d’air frais dans le monde du cinéma de genre souvent banalisé et cliché au possible, même si le métrage tient autant du drame que de l’horreur. Richard Bates Jr. signe ici son premier long métrage, adaptant son propre court du même nom qu’il avait signé en 2008. Excision nous plonge dans le quotidien morbide de Pauline. Une adolescente banale aux premiers abords, à la façon de tous ces films typés Sundance qui sortent. Juno, Bliss, tout ça quoi ! Pauline est mal dans sa peau, associable, se pose des questions existentielles, s’interroge sur le sexe, à une famille un peu trop croyante à ses yeux, une mère castratrice et un père absent. Et le soir, elle rêve de la même chose que chaque étudiante : des corps nus, le sexe, l’orgasme… Oui mais non, puisque chez elle, la mort et le sexe vont souvent de pair dans ses rêves. Pauline prend du plaisir à rêver de tout ça. Le réalisateur nous dépeint vraiment un personnage à part, qui ne veut pas faire parti de ce monde et qui subit le choix des autres. On la force à aller à l’école, on la force à voir un prêtre comme psychologue car cela coûte moins cher d’un vrai psy. Et Pauline fait toujours tout son possible pour tout saboter. Ses répliques font d’ailleurs souvent mouche tant elle a l’air de se moquer ouvertement de tout.
Annalynne McCord livre une prestation énorme dans le rôle de Pauline, en la rendant parfois garce, mais parfois tellement réaliste et vrai dans ce qu’elle pense qu’elle en devient presque touchante, vu les personnages qui l’entourent. Le réalisateur a du d’ailleurs s’amuser, puisque l’on retrouve Roger Bart dans un rôle de père qui n’a aucune incidence sur sa famille (après des rôles comiques dans Harold et Kumar ou secondaires dans des films gore bis tels Hostel 2 ou Midnight Meat Train), Tracy Lords que l’on ne présente plus dans le rôle de la mère catholique ou encore John Waters que l’on ne présente plus non plus dans le rôle d’un… prêtre. Le réalisateur s’amuse avec l’image que l’on a de ses acteurs et surtout de leur personnalité. Il complète son casting avec Malcolm McDowell (Orange Mécanique, Halloween, Antiviral) en professeur et Ray Wise (Twin Peaks, Jeepers Creepers 2) en proviseur. Un sans faute. D’ailleurs, l’histoire dans ses grandes lignes et l’environnement familial autant qu’au lycée dans lequel évolue Pauline rapprochent le film d’un simple drame sur une adolescente perturbée qui se cherche. Un film pas toujours drôle certes, mais drame indépendant.
Sauf que là, le réalisateur dynamite son récit de quelques idées et images totalement surréalistes qui font passer le tout dans le film glauque, malsain, gore, le genre de films qu’on ne met pas entre toutes les mains, loin de là. Les visions qui hantent Pauline sont macabres, graphiques, voir choquantes, mais mise en scène de manière artistique et contemplative. Il ne sera pas rare que Pauline rêve de corps déchiquetés, décapités, nues, où le sexe et le gore font bon ménage. Ces images ne laissent pas indifférent, et lorsque le comportement de Pauline dans la vie réelle rattrape ses visions et fantasmes, le choc n’est que plus grand. Ce qui nous amène forcément vers un final dérangeant mettant sur le cul, bien que la progression jusqu’à ce final paraisse assez abrupt, comme si nous avions manqué quelques étapes dans le cheminement du personnage. Pas parfait, mais sérieux et plein de bonnes intentions pour nous livrer un produit différent et original.
Les plus
Joliment filmé
De très bons acteurs
Un film qui ne laisse pas indifférent
Les moins
Un film à ne pas mettre entre toutes les mains
Un final qui débarque sans prévenir
En bref : Excision n’est pas parfait, sa fin débarque sans prévenir, le rythme lent ne plaira pas à tous, mais il se fait surtout original, parfois prenant, trash, et très bien filmé.