Titre original : Videodrome
1983 – Canada
Genre : Fantastique
Durée : 1h29
Réalisation : David Cronenberg
Musique : Howard Shore
Scénario : David Cronenberg
Avec James Woods, Sonja Smits, Deborah Harry, Peter Dvorsky, Les Carlson, Jack Creley et Lynne Gorman
Synopsis : Max Renn dirige une chaine de télévision racoleuse. Il ne vit que pour ça, passe des heures à visionner de nouveaux programmes. Interviewé sur une autre chaine pour défendre sa vision et l’influence de la violence et de la pornographie à la télévision, il rencontre Nicki Brand, animatrice radio avec qui il commence une relation. Il tombe sur un programme clandestin appelé Videodrome, qui ne diffuse en continu que tortures, meurtres, viols… Videodrome s’avère beaucoup plus dangereux que prévu…
Ah Videodrome, que de souvenirs ! Découvert à l’époque du quartier interdit sur Canal + il y a donc au moins 20 ans, le film m’avait fait l’effet d’un choc, comme si je voyais un film au sujet encore plus actuel que lors de sa sortie en 1983, un film au propos intéressant tout en bénéficiant d’une liberté créatrice sans fin. Et aujourd’hui, 32 ans après sa sortie, Videodrome est encore plus d’actualité, comme si le métrage avait toujours été en avance sur son temps. Ce qui est paradoxal puisque bien entendu, Videodrome est un film fou, d’actualité certes, mais qui aurait aujourd’hui toutes les peines du monde à se faire à moins d’être réalisé pour une somme ridicule et donc un résultat beaucoup moins accrocheur et impressionnant. Vive les années 80, vive Cronenberg, longue vie à Videodrome. Pourtant, quand on se lance dans la vision du métrage, la première demi-heure paraît presque banale, bien que traitant de manière adulte d’un sujet sérieux. On suit Max Renn (James Woods, excellent comme toujours) dans son quotidien de gérant d’une chaine de télé marginale. Gestion de la programmation, recherche de nouveaux programmes toujours plus extrêmes, passage dans des talk show… Oui, sa vie n’est faite que de vidéo. Même son réveil matin par sa fidèle assistante n’est qu’un enregistrement VHS qui se lance automatiquement à la bonne heure.
Sa vie va quelque peu basculer lors de sa rencontre avec Nicki Brand (Deborah Harry, oui la chanteuse, que l’on reverra dans Darkside par exemple), une animatrice radio qui aime l’amour extrême. Et bien entendu, il y aura la découverte du programme Videodrome, ne présentant que tortures, meurtres, humiliations, le tout dans un décor unique (une pièce avec un mur d’argile électrifié en fond). Comme si le programme allait monter à la tête de ces quelques spectateurs (au final, juste deux), Cronenberg se lâche alors totalement en allant toujours plus loin dans le délire cohérent. Car Videodrome déclenche une série d’hallucinations chez Max Renn, et donc chez le spectateur qui va halluciner de scène en scène face au spectacle proposé. Si tout cela commence doucement, les hallucinations vont rapidement devenir incontrôlable, et le spectateur ne saura plus trop quoi penser, perdu entre réalisé, fiction, hallucination, ce que Max voit et ce que le réalisateur décide de nous montrer.
Videodrome prend des allures de grand huit qui ne s’arrête jamais, et qui nous fait douter en permanence. Quand commence l’hallucination ? Quand s’arrête-t-elle ? Si ce passage est une hallucination, qu’est devenu ce pistolet que Max vient de s’insérer dans le ventre ? S’il s’agît d’une hallucination, comment les autres personnages autour de Max réagissent et surtout interagissent dans ces moments là ? Videodrome permet alors de nombreux degrés de lecture, et le voyage proposé est assez vertigineux. Le mieux n’est-il pas de se laisser guider par les images créées par Cronenberg tout simplement ? Car il faut bien avouer, aucune fausse note n’est à déceler, l’emballage du film se fait sérieux et surtout original et stimulant. La mise en scène est simple et élégante, les effets spéciaux signés Rick Baker souvent impressionnant et innovant, et la musique d’Howard Shore pour sa troisième collaboration avec Cronenberg douce et hypnotisant, donnant une nouvelle force aux images qui nous arrivent en pleine face pendant un peu moins d’1h30. David Cronenberg nous livre ni plus ni moins que l’un de ses meilleurs films, juste avant qu’il ne tente une expérience un peu plus commerciale, en adaptant le roman Dead Zone de Stephen King, puis en signant le génial remake de La Mouche Noire avec La Mouche en 1986. Les années 80 étaient bien les années les plus stimulantes pour le réalisateur.
Les plus
Un film toujours d’actualité (voir encore plus)
Des images marquantes
Hypnotisant
Des effets spéciaux impressionnants
Les moins
Trop barré pour le spectateur lambda
En bref : Après Scanners, Cronenberg continue l’exploration de ces thèmes avec une liberté créatrice toujours plus grande. Un de ses meilleurs films.