Titre original : Dying of the Light
2014 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h34
Réalisation : Paul Schrader
Musique : Frederik Wiedmann
Scénario : Paul Schrader
Avec Nicolas Cage, Anton Yelchin, Irène Jacob, Victor Webster et Alexander Karim
Synopsis : Evan Lake, un ancien agent de la CIA ayant été diagnostiqué comme étant atteint de démence, apprend que son ennemi de toujours a refait surface. Il devient ensuite tellement obsédé par son désir de vengeance avant de totalement perdre la tête.
Récemment sorti en France sous le titre débile de La Sentinelle, Dying of the Light est un projet qui remonte loin. Écrit par Paul Schrader, scénariste pour Scorsese sur les cultes Taxi Driver, Raging Bull ou encore À Tombeau Ouvert, le métrage devait être réalisé en 2010 par Nicolas Winding Refn avec en tête d’affiche Harrison Ford. Le réalisateur se sera finalement tourné vers Drive, qui aura eu le succès que l’on sait depuis. Paul Schrader passe alors également à la mise en scène, lui qui n’a jamais eu beaucoup de chance sur ce poste, entre échecs commerciaux et films qui lui échappent (la préquelle de L’Exorciste, retourné ensuite par Renny Harlin qui n’aura conservé qu’une demi-heure du métrage original de Schrader). Finalement, peu de temps avant la sortie du métrage aux Etats Unis, Schrader lui-même renie son film, demandant au public de boycotter le métrage. Il ne sera pas seul, puisque les deux acteurs principaux Nicolas Cage et Anton Yelchin ainsi que Nicolas Winding Refn resté producteur exécutif le rejoignent. La raison ? Lionsgate Film, la boite de prod derrière le métrage (et Saw aussi par la même occasion), aurait monté le film en écartant totalement le réalisateur, qui n’aura pas participé à la post production de son film. Ainsi, le montage en lui-même, l’étalonnage pour respecter la photographie du film, la musique, et même le mixage son, il n’aura eu aucun regard sur son bébé. Le film tel que disponible à présent partout sera ainsi achevé et par des producteurs, dont le boulot n’est clairement pas de s’assurer que le film soit cohérent, bien monté et j’en passe. Le passé nous l’aura déjà prouvé avec les dérapages de Dimension Films sur Hellraiser 4, Halloween 6, Cursed ou Dust Evil, ou encore le montage cinéma de Highlander 2. Se lancer dans Dying of the Light, c’est savoir dés le début que l’on aura dans le fond la vision d’un cinéaste (ce qu’est Schrader, que l’on aime ou pas), mais un emballage final forcément bancal et pas forcément désiré.
Aucune surprise donc, Dying of the Light est bancal. Pire, il se fait classique, parfois convenu, son scénario va vite tout en étant avant tout atmosphérique, et les scènes d’action manquent de punch clairement à cause de son montage. De là à savoir si une version supervisée totalement par Paul Schrader aurait fait mieux, on ne le saura peut-être jamais, et certains défauts sont là dés le départ, mais d’autres auraient pu assurément être corrigés malgré le minuscule budget alloué (5 millions). On nous invite donc à suivre un cinquantenaire, agent de bureau pour la CIA, joué par Nicolas Cage, acteur capable du meilleur comme du pire, mais pas feignant loin de là. Après avoir retrouvé la faveur du public suite à sa géniale prestation dans Joe, il sera vite reparti dans le DTV bas de gamme (Chaos, Tokarev). Ici, il livre une étonnement bonne prestation, puisque son personnage, atteint d’une maladie du cerveau, peut changer de comportement et d’humeur assez souvent. Un personnage convenant parfaitement à l’acteur. À ses côtés, le jeune Anton Yelchin (Burying the Ex, Odd Thomas, Fright Night), sobre et discret, faisant le boulot. L’histoire ? Evan Lake (Cage) retrouve la trace de son nemesis, un ancien Jihadiste qui l’avait torturé 22 ans plus tôt. La bonne idée du scénario ? Faire de ces deux personnages des personnages malades. Evan commence à perdre la boule, Bannir lui est immobile dans sa maison, hautement malade, vivant sans doute sa dernière année.
Cet aspect ajoute un intérêt certain à un scénario en soit classique. Notre agent va partir sur les traces de son ennemi pour l’éliminer et mettre fin à ce qui le tourmente depuis tant d’années. Adoptant un rythme lent, le film ne se fait pas ennuyeux pour autant, on prend même par moment du plaisir à suivre notre bon vieux Nicolas Cage. Là où le bat blesse, c’est dans un premier temps bel et bien le montage, ainsi qu’une photographie assez terne. Alors certes, une grande partie du métrage se déroule en Roumanie, il fait froid, il y a de la neige, mais en se baladant un peu sur internet, on remarquera que le directeur de la photo critique sans se retenir le travail de post production sur les couleurs du film. À l’écouter, Schrader voulait des couleurs chaudes, des noirs profonds, pour donner un aspect différent à son métrage… Tout ce que l’on ne retrouve en effet pas dans cette version du métrage. En ce qui concerne le montage, si l’ensemble se fait plutôt cohérent à quelques raccourcis près, on pourra pester contre le montage des scènes d’action. Est-ce que Paul Schrader aurait vu trop juste au niveau des plans, où est-ce que le montage manque clairement de dynamisme ? Peut-être un peu des deux, et cela rend le peu de scènes d’action peu passionnantes. Dommage puisque à certains instants, le film se montre très violent, mais cette violence ne prend pas. Grand film malade, Dying of the Light, à la manière de Dominion, mériterait de ressortir dans une version Director’s Cut pour juger vraiment l’œuvre.
Les plus
Nicolas Cage plutôt convaincant
De bonnes idées pour les personnages
Lent mais pas vraiment ennuyeux
Les moins
Les scènes d’action manque de peps
Une photographie terne
Le montage des producteurs
En bref : Un film hybride souffrant d’une gestation très difficile. Pas mauvais non plus, mais il aurait été plus intéressant de voir la vraie version du réalisateur.