Titre original : La Vampire Nue
1970 – France
Genre : Fantastique
Durée : 1h28
Réalisation : Jean Rollin
Musique : Yves Gerault
Scénario : Jean Rollin et S.H. Mosti
Avec Caroline Cartier, Olivier Rollin, Maurice Lemaître, Urule Pauly, Ly Lestrong, Bernard Musson, Catherine Castel et Marie-Pierre Castel
Synopsis : Pierre découvre que son père fait partie d’une secte qui pratique d’étranges expériences sur une jeune femme considérée comme vampire. Cette mystérieuse confrérie cherche en réalité à découvrir le secret d’immortalité. Amoureux, le jeune homme fera tout pour délivrer la jeune femme de ses tortionnaires.
Durant des années, malgré une grande curiosité de ma part, j’ai fais totalement l’impasse sur le cinéma de Jean Rollin. Il faut dire que mon seul contact avec son œuvre fut la terrible vision du Lac des Morts-Vivants, qui serait sans doute mieux passé avec quelques potes et pas mal de bières. Seul, la torture fut inévitable. Bref, j’ai donc voulu tenté les films aimés de sa longue filmographie, et quoi de mieux que de commencer par La Vampire Nue, son second film datant de 1970, deux ans après Le Viol du Vampire. Aucun doute, il doit aimer les vampires, et avec la promesse d’une vampire et d’un peu d’érotisme, le titre a de quoi intéresser. Malin ! Alors, allais-je faire parti des spectateurs Américains (ma vision fut effectuée sur le Blu-Ray Américain par ailleurs) considérant Rollin comme un artiste dont les films baignent dans une atmosphère poétique, ou des spectateurs (souvent Français) trouvant le cinéma de Rollin ennuyeux à en mourir ? Et bien pile entre les deux, car s’il est impossible de retirer au métrage des qualités certaines, elles sont bien trop souvent en opposition avec de bien gros défauts. Mais en général, la vision de La Vampire Nue ne fut pas la catastrophe annoncée.
Dès le plan d’ouverture, Rollin veut nous imprégner d’une ambiance étrange, poétique, pleine de mystère. Une fille nue est dans une pièce où des hommes portant des masques d’animaux lui prélèvent du sang. Aucun dialogue. S’ensuit le générique, puis nous retrouvons notre jeune femme (jouée par Caroline Cartier, possédant un charme certain dans son regard) fuyant les hommes aux masques d’animaux dans la rue, et tombant sur Pierre, qui va tenter de la sauver. La jeune femme se fait tirer dessus, et Pierre s’enfuit. Toujours aucun dialogue. Juste une musique étrange et de très beaux plans. Pierre va suivre les hommes et découvrir que la jeune femme n’est pas morte, et a été emmenée dans un hôtel géré par son père. S’ensuit une histoire pleine de bonnes intentions et souvent gâchée par une exécution loin d’être parfaite. Car déjà, pour ce qui est de son titre, oui de la nudité, il y en aura, Rollin aimant s’attarder sur les corps dénudés de ses actrices (mais en évitant une certaine vulgarité, donc ça passe, mais l’aspect vampirique sera plutôt absent. Si les personnages croient que la jeune femme est une vampire et la protègent donc du soleil et lui donnent du sang, elle n’a pas de dents longues, ne vide pas ses victimes de leur sang, ne se change pas en chauve-souris ou autre clichés du genre.
L’histoire se veut plus terre à terre, à base de secte et de scientifiques à la recherche du pouvoir de l’immortalité. Classique sur le papier, mais dans l’exécution, c’est une autre histoire. La mise en scène de Rollin semble alterner le bon et le moins bon. On passe en un éclair de plans travaillés en plongée ou contre plongée, de magnifiques plans gothiques avec des châteaux et des couleurs chaudes, à d’autres plans discutables voir ridicules. Son film adopte un rythme très lent, ce qui fait qu’effectivement, si l’on ne rentre pas dans l’ambiance particulière, on se fait chier royalement. Le rythme lent se retrouve à la fois dans le montage qui prend son temps, que dans le scénario avare en rebondissements (il faut attendre la fin quasi), que dans les dialogues, si rares. D’ailleurs, on y faisant plus attention, il faut bien dire que ce n’est pas une mauvaise chose en soit, puisqu’en rendant son film souvent silencieux, Jean Rollin en plus de poser une ambiance spéciale supprime un défaut de son film. Défaut qui débarque donc dés que les acteurs doivent parler : ça joue extrêmement mal ! Inégal, La Vampire Nue reste néanmoins une curiosité intéressante, à éviter un soir de grande fatigue.
Les plus
Une ambiance étrange
De très beaux plans
Caroline Cartier
Les moins
Que ça joue mal
Un rythme extrêmement lent
Des moments ratés
En bref : La Vampire Nue oscille constamment entre le ridicule, l’ennui, et la beauté formelle de son univers.