Titre original : Poltergeist
1982 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h54
Réalisation : Tobe Hooper
Musique : Jerry Goldsmith
Scénario : Steven Spielberg, Michael Grais et Mark Victor
Avec JoBeth Williams, Craig T. Nelson, Heather O’Rourke, Beatrice Straight, Dominique Dunne, Oliver Robins et Zelda Rubinstein
Synopsis : Steven et Diane Freeling vivent une vie tranquille dans un nouveau quartier de Californie appelé Cuesta Verde, où Steven est un brillant agent immobilier et Diane une femme au foyer qui prend soin de ses enfants, Dana, Robbie et Carol Anne. Carol Anne se réveille une nuit et converse avec le téléviseur de la famille, qui a commencé à transmettre des parasites électrostatiques une fois le programme diffusé terminé. La nuit suivante, alors que les Freeling dorment, Carol Anne se fixe devant le téléviseur qui transmet à nouveau quelques parasites. Soudain, une apparition se dégage de l’écran de télévision et disparaît dans le mur, créant un violent tremblement de terre au sein de la maison, avant que Carol Anne annonce : « Ils sont ici. »
Carol Anne ! Longtemps avant les suites, longtemps avant la série TV, encore plus longtemps avant le piteux remake inutile, Poltergeist était un des succès de l’année 1982 aux côtés de E.T. Justement, ces deux métrages ont beaucoup en commun. Leur créateur déjà, Steven Spielberg, producteur sur les deux, scénariste sur Poltergeist, réalisateur sur E.T. (et d’après les rumeurs sans doute vraies, réalisateur d’une partie de Poltergeist). On pourra également citer l’anecdote de Drew Barrymore, au départ venue auditionner pour Poltergeist, avant que Spielberg ne la prenne au final pour E.T., préférant la jeune Heather O’Rourke pour Poltergeist. Film fantastique plus ou moins familial (le film fut tout de même interdit aux moins de 16 ans à l’époque en France, contre un moins de 13 ans en Amérique) au budget de 11 millions quasi, Poltergeist respire la patte de Steven Spielberg dés les premiers instants. Jugez vous même : un quartier résidentiel tranquille, une petite musique douce, des enfants qui jouent dans la rue, deux voisins qui se disputent gentiment pour un problème de télévision. Oui, on se retrouve dans la petite banlieue Américaine parfaite comme Spielberg aime tant les mettre en scène. Et ça continue souvent comme ça, avec les liens forts de la famille, l’amour, les petits dialogues gentillets, ou bien encore les esprits qui se manifestent au départ de manière amusante.
On a par moment bien du mal à reconnaître dans ce produit « familial » la patte de son réalisateur, Tobe Hooper. On ne retrouve ni l’ambiance poisseuse de ces deux premiers métrages, Massacre à la Tronçonneuse et Le Crocodile de la Mort, ni le côté sérieux mais un peu longuet (voir chiant) de ces deux métrages précédents, Massacres dans le Train Fantôme et Les Vampires de Salem. Ici, c’est clean, c’est propre, c’est carré, c’est très… Spielberg. L’intrigue prend son temps, on nous décrit bien le rêve américain, mais l’ensemble passe relativement bien, et surtout, encaisse plutôt bien le poids des années (oui, le film a 33 ans cette année). Si quelques incrustations sont perfectibles, on saluera néanmoins la qualité des quelques effets faits sur le plateau, ainsi que d’autres incrustations qui passent encore très bien aujourd’hui. Surtout que Poltergeist essaye par moment d’impressionner, mais en ayant l’air de bien être conscient de ces limites. Ainsi, contrairement au récent remake, il ne tentera pas d’en faire trop. La première heure sera relativement calme, mettant tous les personnages en place, quelques éléments surnaturels rapides, puis en faisant disparaître Carol Anne pour permettre à l’histoire de vraiment prendre son envol.
À l’opposé du récent remake justement, sa dernière partie sera la plus réussie, puisqu’elle sera constamment entre cette volonté certaine de vouloir impressionner un minimum et de délivrer ce que les spectateurs veulent, tout en ayant conscience des limites techniques et du budget alloué. Ainsi, quelques effets de lumières bien sentis et quelques plans furtifs suffissent à faire monter la sauce et à persuader le spectateur de l’existence de l’autre monde, alors que le remake se sent obligé de nous y emmener à grands coups de CGI. C’est d’ailleurs ce final qui surprendra le plus, puisque les vingt dernières minutes ne nous laissent absolument pas le temps de souffler, encore une fois à l’inverse du remake, qui pour ne pas ennuyer les spectateurs plus jeunes, déplaça certains événements du final dans la première partie du récit… Mais mieux, c’est dans sa dernière heure que ce premier opus laisse apercevoir des scènes surprenantes dans un film jusque là calme. Comme si Tobe Hooper essayait de justifier la parenté de son film en essayant de placer discrètement des éléments tirés de son univers. Ainsi, la scène du miroir (bien qu’ayant pris lors de ses premiers instants un coup de vieux) et surtout la scène de la piscine seront des moments qui surprennent et donnent des petits frissons dans le dos, tant ils paraissent horrifiques dans un film calibré « familial ». Dommage que d’autres scènes fonctionnent moins bien à présent (le clown).
Les plus
Des scènes surprenantes
Un esprit Spielberg teinté d’un peu de Hooper
Le final fort réussi
Le film survit assez bien à l’épreuve du temps
Les moins
Quelques rares moments un peu vieillots
L’esprit familial parfois un peu trop présent
En bref : Entre film familial et authentique film de genre, Poltergeist reste toujours efficace aujourd’hui malgré quelques défauts que l’on pardonne suivant son taux de tolérance.