LES DÉMONIAQUES de Jean Rollin (1974)

LES DÉMONIAQUES

Titre original : Les Démoniaques – Les Diablesses – Deux Vierges pour Satan
1974 – France
Genre : Fantastique / Érotique
Durée : 1h35
Réalisation : Jean Rollin
Musique : Pierre Raph
Scénario : Jean Rollin et S.H. Mosti

Avec Jöelle Coeur, John Rico, Willy Braque, Paul Bisciglia, Lieva Lone et Patricia Hermenier

Synopsis : Un capitaine, sa maîtresse et deux de ses hommes trompent les bateaux à la nuit tombée avec des lanternes afin de les faire s’échouer sur les récifs. Un soir, alors sur le point de collecter leur butin, deux jeunes filles blondes surgissent de la place. Elles sont violées et laissées pour mortes. Elles vont se venger…

Alors que Jean Rollin signait en 1973 ce que beaucoup considèrent comme son meilleur film, La Rose de Fer, il signe en 1974 ce Les Démoniaques, également connu sous le nom de Les Diablesses, ou encore Deux Vierges pour Satan. Un film sans vampires, que l’on pourrait même croire assez éloigné de l’univers du cinéaste, car se faisant plus accessible par bien des aspects. Pourtant, Les Démoniaques possède indéniablement la patte de Jean Rollin, de ces défauts à ces qualités, avec un amour certain pour les corps dénudés (hein Jöelle Coeur), un rythme lent, des scènes bien ratées, des plans sublimes, et des décors que l’on connait bien puisque s’inscrivant dans la thématiques du réalisateur (plage vide, grands espaces un peu gothiques, ruines). Oui, du Rollin pur jus dans l’imagerie, un peu moins dans le texte, puisqu’à l’exception de quelques moments bien space (et finalement pas terribles ici), Les Démoniaques est un banal rape and Revenge, à la sauce Rollin. Bref, tout commence plutôt bien d’ailleurs, puisque comme à son habitude, les vingt premières minutes sont quasiment dénuées de dialogues, après un court instant où un narrateur nous présente la bande du capitaine. Quatre personnes hauts en couleur, avec le capitaine, sa maîtresse qui se déshabille pour un oui ET pour un non, et deux hommes de main.

Passé ça, pas de dialogues, les personnages pillent un bateau échoué, et rencontrent deux filles rescapées. Jeunes, blondes, en chemise de nuit. Quoi de mieux que de les… violer un petit coup pour la route, en les laissant pour mortes. Rollin ne perd pas de temps, et parfois à poser dés les instants suivants une ambiance étrange, le tout grâce à quelques plans réussis. Le capitaine se noit dans l’alcool dans un bar de la ville, et a des hallucinations sur les deux jeunes femmes. De très beaux plans assurément signés Rollin. Hallucinations ou bien apparitions fantomatiques ? Rollin ne va pas laisser planer le doute longtemps, et c’est à partir de là que le film va malheureusement alterner le bon et le moins bon. Comme souvent en fait non ? Passé ces sublimes scènes, Rollin va alterner les scènes où il va laisser le capitaine et sa bande s’exprimer. Ça va aller du sur jeu général des acteurs, à Jöelle Coeur qui se mettra souvent à poil, en passant par des dialogues déjà cultes (« Tu ne crois pas aux spectres toi ! Tu n’es qu’une chienne ! »). Néanmoins, bien que lent, le film possède plus de rythme que certains autres films de Rollin, faisant ainsi passer la pilule.

De l’autre côté, nous suivons les deux jeunes femmes violées (Lieva Lone et Patricia Hermenier), qui vont rencontrer un clown (ouais, ne cherchez pas à comprendre, c’est le gardien, là pour faire fuir les gens, car les clowns, ça faisait déjà peur en 1974), qui va les mener alors à un homme, qui a l’air de se faire un peu chier à force d’attendre enfermé. Il pourra aider les jeunes femmes à se venger. Oui, Les Démoniaques souffle vraiment le chaud et le froid, et ce sera la même chose pour son final, par moment bourré d’idées intéressantes, bourré également de magnifiques plans, notamment dans la toute fin, mais dont parfois l’interprétation des acteurs et le manque de budget viennent anéantir à néant (ou presque). Oui, quand les deux jeunes femmes se vengent et avancent, nue, en faisant tomber des statues de la vierge Marie sur un des personnages, le concept est intéressant, on pourrait détenir une scène forte, mais la finalité de la scène, par manque de budget, fera plus rire qu’autre chose. Les exemples ne manquent pas. Mais pourtant, de très beaux plans et de très bonnes idées parsèment le film, et malgré son rythme lent, on pourra s’intéresser un minimum au métrage pour en retenir les bons moments.

Les plus

Quelques sublimes plans
De très bonnes idées
Une certaine ambiance
Jöelle Coeur, pas vraiment pudique

Les moins

Comme tout le temps, ça joue mal
Des moments ridicules
Manque de rythme

En bref : Conservant la patte de Jean Rollin tout en étant un peu moins personnel, Les Démoniaques souffle le chaud et le froid, mais conserve ces beaux moments.

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