Titre original : Tromeo & Juliet
1996 – Etats Unis
Genre : Shakespeare made in Troma
Durée : 1h47
Réalisation : Lloyd Kaufman
Musique : Willy Wisely
Scénario : Lloyd Kaufman et James Gunn
Avec Jane Jensen, Will Keenan, Valentine Miele, William Beckwith, Steve Gibbons, Sean Gunn, Debbie Rochon et Lemmy
Synopsis : Manhattan, de nos jours. Les Que et les Capulet sont deux familles ennemies depuis des années. Lors d’une soirée costumée, Tromeo, le fils des Que, rencontre Juliet, avec qui il tombe amoureux. Malheureusement, leur amour est impossible, car Juliet n’est autre que la fille des Capulet.
Tromeo & Juliet est un film plus qu’intéressant, puisqu’il adapte (une nouvelle fois) Romeo & Juliet de William Shakespeare, mais qu’il est également une adaptation made in Troma. Ainsi, la firme de Lloyd Kaufman bénéficie d’une base solide et forcément très différente de leurs délires habituels (on est loin d’un Terror Firmer ou d’un Poultrygeist). De plus, le futur cinéaste James Gunn (Super, Les Gardiens de la Galaxie) y faisait ses premiers pas en tant que scénariste (et également d’autres postes, comme exécutif en charge de la production et réalisateur associé). Aucune surprise, c’est le président de Troma, Lloyd Kaufman, qui se colle à la mise en scène, après quelques années à produire uniquement (sa précédente réalisation était Sgt. Kabukiman NYPD en 1990), et qui nous laisse apercevoir la direction que sa société va prendre dans les années suivantes : du gore toujours plus trash. Romeo renommé Tromeo & Juliet est ainsi un pur produit Troma, dans la forme, le fond, le contenu. Le métrage garde la base de l’histoire, les personnages, et même certains dialogues, mais change radicalement l’univers dans lequel tout cela doit évoluer. Et en ajoutant bien entendu une petite dose de gore (limitée néanmoins comparée aux prochains métrages de la firme), de sexe et de politiquement incorrect. Et dieu que ça fait du bien au final !
Lloyd Kaufman et James Gunn aménagent l’écrit de Shakespeare pour en livrer une version contemporaine. Les Que sont une famille pauvre (donc forcément, le père est noir) vivant dans les bas fonds de New York, tandis que les Capulet sont des riches vivant dans un grand immeuble, et comme ils sont riches, ils sont manipulateurs, sans morale. Le père enferme sa fille nue la nuit, celle-ci n’hésite pas à se dénuder avec la cuisinière pour quelques scènes lesbiennes, elle rêve d’hommes musclés (mais avec un pénis vivant.. oui Troma quoi). Dans le même ordre d’idée, la personnage que Juliet doit épouser n’est plus le même, mais sera ici un boucher… pas de bol, Juliet est végétarienne d’ailleurs. Les scènes avec ce boucher sont d’ailleurs excellentes, tant l’acteur en rajoute des tonnes pour rendre son personnage totalement taré.. bien qu’au final, ici, tout le monde a un grain ! Lloyd Kaufman respecte donc clairement le matériau de base, si bien que pour les gros fans de la firme, le métrage pourra s’avérer au départ un peu lent. Oui, malgré l’aspect trash, Tromeo & Juliet prend clairement son temps, nous présente ses personnages, la guerre entre les deux familles. Le métrage Troma, insérant petit à petit son univers au sein de l’histoire, se fait donc plus développé qu’à l’accoutumé.
Prenant sans doute un peu trop de temps dans sa première partie, cela nous permet néanmoins de nous attacher un minimum aux personnages de Tromeo & Juliet, d’ailleurs plutôt convaincants et interprétés par Will Keenan (que l’on reverra dans Terror Firmer) et Jane Jensen (chanteuse également). Sans doute que la profondeur des personnages et de l’intrigue aident. Mais comme souvent chez Troma, quand ça démarre, ça démarre vraiment, et le réalisateur nous gratifie de quelques excellentes scènes, notamment comme dit plus haut avec le boucher, ou lorsqu’une baston de rue se transforme en arrachage de bras. Tout en conservant toute la structure du récit, le métrage se permet dans son final de nombreux débordements, comiques et gores, et se permet alors même de dévier de l’intrigue pour s’ancrer dans le ton Troma à 100%. Alors bien entendu, production Troma oblige, le budget se fait petit, la qualité d’image pas parfaite (mais ça en fait, c’est surtout l’édition dvd française catastrophique, si on la compare au récent Blu-Ray américain), la photographie fait souvent assez artificielle, mais ce n’est là qu’un petit défaut, défaut que les fans connaissent et passent outre.
Les plus
Shakespeare made in Troma
Des moments très drôles
Le final
Les débordements
Les moins
Un manque de budget parfois voyant
Une première partie peut-être trop calme
En bref : Sans être le plus fou de la firme, loin de là, Tromeo & Juliet divertit, fait rire, se montre respectueux de son histoire tout en modifiant certaines données, et s’en sort haut la main !